Comme de nombreux Français cette année, l'influenceuse marseillaise Zoé la modeuze a attrapé la coqueluche et a vécu une vraie galère. Cette maladie respiratoire qui peut être grave chez les petits et très éprouvante chez les plus grands a été comme oubliée. De la difficulté à se faire diagnostiquer aux quintes de toux interminables, elle raconte.
On l'appelle la "toux des 100 jours". Et pour Marion Piscione, "Ce n'est pas une légende". L'influenceuse marseillaise connue sur les réseaux sociaux sous le nom de "Zoé la modeuze", est atteinte de la coqueluche. Une maladie dont les cas explosent en Europe, tout comme en France depuis le début de l'année. Selon les données de Santé publique France, au premier trimestre 2024, une quinzaine de clusters ont été signalés. Interrogé par franceinfo, le responsable du Centre national de référence de la coqueluche à l'Institut Pasteur, Sylvain Brisse, évoque près de "6 000 cas positifs". Soit des cas "onze fois plus importants entre janvier et mai 2024 que sur toute l'année 2023". Du jamais vu depuis 40 ans.
#Coqueluche
— SantépubliqueFrance (@SantePubliqueFr) April 19, 2024
Publication des données de surveillance du réseau RENACOQ
➡ Une recrudescence des cas signalés avec une circulation importante au premier trimestre 2024
➡La #vaccination protège des formes sévères de la maladie ⤵https://t.co/z226BkX4XG pic.twitter.com/4IGtxKg6OH
Quinze jours d'errance médicale
Marion Piscione est tombée malade mi-avril, sans savoir qu'il s'agissait de la coqueluche. "J'ai vécu 15 jours de grosse galère. Mes quintes de toux étaient tellement violentes que je n'en dormais pas la nuit. Je suis allée voir quatre médecins différents. Personne ne me posait de diagnostic", raconte-t-elle. L'un des généralistes finit par l'envoyer sur les roses. "Moi, la petite blonde qui se plaignait de trop tousser alors qu'il y a "franchement plus grave dans la vie Madame. Vous voulez que je vous prescrive du miel à Carrefour ?". En clair, il me disait que c'était rien, une petite toux."
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Sirops, antihistaminiques, rien n'y fait. La "petite toux" ne s'arrête pas. "Je sentais que ce n'était pas une toux allergique. J'ai fini par m'énerver, à demander une radio, à demander des tests, j'ai supplié qu'on me mette sous antibiotiques". Bien que dubitative, l'entrepreneuse finit par se faire prescrire un test PCR. Un test permettant de détecter la bactérie responsable de la coqueluche au joli nom de "bordetella pertussis". "Je ne pensais pas que c'était possible, explique-t-elle. J'ai déjà attrapé la coqueluche il y a dix ans, je pensais être immunisée". Le résultat est pourtant positif, le diagnostic est posé.
Le vaccin, seul moyen de protection contre la coqueluche
"Au total, c'est quinze jours d'errance médicale, pendant laquelle j'étais contagieuse", regrette-t-elle, et notamment pour ses propres enfants : sa fille de onze ans et son beau-fils de 9 ans. "Ils sont tous les deux vaccinés. Mais depuis un mois, ils ont une petite toux qui traîne. Ils sont peut-être porteurs, et peuvent contaminer d'autres enfants". On estime qu'une personne malade peut contaminer en moyenne 15 à 17 personnes, peut-on lire sur le site de l'Assurance maladie.
J'étais à 10 000 lieux de penser que je n'étais pas à jour
Marion Piscone, "Zoé la modeuze"à France 3 Provence-Alpes
La coqueluche est particulièrement dangereuse chez les plus petits et les personnes à risque. En avril dernier, un nourrisson de trois semaines est mort à Nice des suites d'une coqueluche. Pour réduire ces cas graves, une stratégie de vaccination a été mise en place, avec un premier vaccin obligatoire à l'âge de deux, quatre et onze mois. Puis deux rappels à 6 ans, et entre 11 et 13 ans. Sans oublier, à l'âge adulte, un rappel à 25 ans. Une dernière injection omise par l'influenceuse phocéenne.
Douleurs intercostales, saignements, baisse de moral
Malgré les antibiotiques, les symptômes ne faiblissent pas. "Toute la sphère ORL est touchée, à force de tousser H-24, j'ai de très fortes douleurs au niveau des muscles intercostaux, des saignements du nez… J'ai mal partout, deux hernies abdominales sont sorties, j'ai aussi des soucis pour contrôler mon périnée. C'est affreux."
Marion évoque une crise particulièrement éprouvante : "C'était il y a une semaine, j'étais par terre, je bavais, les yeux qui pleuraient, je n'arrivais pas à détendre ma gorge pour reprendre ma respiration, ma fille et mon aide-ménagère étaient à deux doigts d'appeler les pompiers". Pour cette mère de 40 ans et des poussières, la coqueluche n'est pas particulièrement handicapante comme peut l'être une grippe, "Je ne suis pas clouée au lit, je peux faire du sport, travailler", la durée des symptômes est particulièrement éprouvante. "Le mental en prend un coup. C'est interminable, très fatigant".
Guérir grâce à l'altitude
Il y a dix ans, Marion Piscione a mis trois mois à se débarrasser de la coqueluche. Les fameux 100 jours. Ce ne sont pas les antibiotiques, mais l'altitude qui agit pour cette Marseillaise comme remède miracle. "Je suis partie une semaine à la montagne, j'étais guérie". Si cette solution n'est pas officiellement listée par Santé publique France, certains aérodromes proposent même des "vols coqueluche". 40 minutes en avion à 3 500 mètres pour faire disparaître la satanée toux.
Cette année, la professeure de yoga n'a pas eu le temps de partir en montagne, ni tenté le remède Top Gun. "Le hammam ou plus généralement la vapeur d'eau me soulage. Mon aide-ménagère m'a également conseillé une potion magique qui fait beaucoup de bien à base d'eau, de riz, de citron, de gingembre et de clou de girofle".
"Une maladie à laquelle on ne pense pas"
Depuis que Marion Piscione a parlé de la coqueluche à ses 240 000 "followers", elle reçoit "énormément" de messages à ce sujet. "On me demande tous les jours la recette de ma potion magique!"
"J'ai vraiment à cœur d'en parler pour que ça vienne un peu plus rapidement dans l'esprit des gens. Qu'on ne passe pas à côté de cas. C'est une maladie à laquelle on ne pense pas, déclare-t-elle. Plus tôt on prend le traitement, plus on peut essayer d'amoindrir les symptômes, et moins on risque de contaminer d'autres personnes. Il faut en parler".
Marion Piscione de conclure : "Je partage cette mésaventure publiquement pour que chacun puisse faire le point : où j'en suis de mes vaccinations ? Je trouve qu'on ne parle pas assez des rappels des vaccins à l'âge adulte."