Témoignages. "Je préfère partir faire ce qui me plaît" : des internes poussés vers l'étranger dénoncent la réforme des études de santé

Publié le Mis à jour le Écrit par Bussy Eloïse

Alors qu'ils doivent commencer leur internat, les étudiants de sixième année de médecine se retrouvent face à un mur après la suppression de plus de 1500 postes d'internes et une réforme en cours. Certains étudiants disent réfléchir à poursuivre leur parcours à l'étranger, notamment en Belgique.

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"Cela fait un mois que je suis hyper stressée, même plus stressée que pour la première année de médecine", décrit Victoire, qui vient de terminer sa sixième année de médecine à l'université d'Aix-Marseille. Arrivée 3400ᵉ au niveau national pour accéder à l'internat, elle aurait d'abord souhaité choisir l'anesthésie comme spécialité. "Je suis déjà sûre de ne pas avoir mon premier choix, explique-t-elle. Je n'aurais pas non plus la gastro-entérologie, et je ne suis pas certaine d'avoir la gynécologie".

Une réforme des études de santé pour la sixième année

En cause, une réforme des études de santé de 2021, qui concerne pour la première fois les étudiants de sixième année. Au lieu d'examens théoriques réalisés en fin de parcours, les ECN (Épreuves classantes nationales), le classement se fait désormais en deux temps : des examens écrits en début d'année universitaire, qui comptent pour 60 % de classement, puis des oraux en fin d'année, qui comptent pour 30 % du concours. Les 10 % sont destinés à évaluer le parcours des étudiants "en parallèle de leur formation purement médicale"

1 000 étudiants n'ont pas passé le concours

De nouvelles conditions qui ont conduit environ 1000 étudiants à ne pas passer les épreuves, préférant le redoublement. Environ 400 autres n'ont pas validé les épreuves écrites, pour lesquelles une note d'au moins 14/20 est nécessaire. Au sein de l'université d'Aix-Marseille, "environ 25 % des étudiants n'ont pas passé les épreuves écrites", estime Victoire. 

Le 7 juillet dernier, un arrêté a défini le nombre d'étudiants admis en troisième à 7 974, contre 9484 en 2023, soit un peu plus de 1500 postes en moins accessibles aux étudiants. Une pétition a été mise en place au niveau national par l'une des internes concernées pour demander la réouverture de ces postes dès cette année. Plus de 55 000 signatures sont déjà recueillies. 

"Les postes proposés pour l’internat ont été diminués en conséquence, sans toutefois prendre en compte la force des demandes pour certaines spécialités.

Hélène Herubel, à l'origine de la pétition change.org

Ne pas pouvoir choisir sa voie

"Je suis classé 3800. Je souhaitais me spécialiser en gynécologie. L'an dernier, cela était envisageable jusqu'à environ 4900. Mais cette année, je suis sûr de ne pas l'avoir. Je souhaiterais sinon avoir la chirurgie, mais je ne suis pas sûr non plus, décrit quant à lui Jules Cipriani, étudiant également en sixième année. 

De quoi inciter certains étudiants à se tourner vers l'étranger. "On est en train de faire partir les médecins. Nombreux sont les étudiants à réfléchir à partir à l'étranger, en Belgique par exemple. Il est là-bas plus facile de candidater aux spécialités qui nous intéressent, décrit Victoire. C'est une piste que j'envisage éventuellement pour l'an prochain". 

"Si j’ai un poste de chirurgie, pourquoi pas rester en France. Mais si ce n'est pas le cas, je vais faire des dossiers pour partir à l’étranger. Je préfère payer les choses et faire ce qui me plaît", estime quant à lui Jules Cipriani.  

"Les postes les plus demandés ont été réduits parce que la promotion est moins nombreuse ", a indiqué le ministère de la Santé au Figaro. "Si nous ouvrons 1500 postes de plus, nous créerons un déséquilibre catastrophique dans les spécialités les moins attractives qui risquent de n'avoir aucun interne", a également répondu Matignon

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