Sensation de liberté, défi contre la nature, découverte du paysage sous-marin... A l'occasion du défi Monte-Cristo qui fête ses 25 ans cette année à Marseille, plongée dans les sensations ressenties par les nageurs.
Ils bravent le courant en toute liberté. Si plusieurs courses du défi Monte-Cristo à Marseille ont été annulées ce vendredi 31 mai à cause du vent, les participants espèrent tout de même pouvoir goûter au plaisir de s'aventurer dans la Méditerannée. L'événement, plus grand rassemblement de nage en eau libre d'Europe, dure jusqu'au dimanche 2 juin. L'occasion de ressentir des sensations uniques à ce sport.
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Profiter du moment présent
Car contrairement à la piscine, ici pas de limites. "Quand on en a assez de nager dans un 'aquarium', ça relance l'intérêt", explique Anne Batteau, la doyenne du défi Monte Cristo. À 76 ans, elle a découvert la nage en eau libre après plusieurs décennies de natation en compétition, et nage entre 20 et 25 minutes par sessions.
On génère de l'endorphine en eau libre, ça rend joyeux.
Anne Batteau, la doyenne du défi Monte Cristoà France 3 Provence-Alpes
"C'est comme ça que j'ai été piqué, en voyant des gens être heureux et rigoler, même en ayant passé peu de temps dans l'eau."
Et cette immersion en pleine nature est aussi l'occasion de s'aérer l'esprit, explique Jacques Tuset, un habitué de la discipline depuis 40 ans. "Quand je nage je suis dans mon petit monde à moi, ça me permet de m'échapper. Je pense à la course bien sûr, mais aussi à ce que je ferai en sortant de l'eau. Et ça me permet aussi de voir les poissons, les paysages sous-marins, je profite vraiment du moment présent."
Un défi qui se renouvelle chaque jour
Pas de chauffage artificiel ou de protection contre les éléments, c'est la nature qui impose ses conditions."Quand il pleut et que l'eau est à 11°C, c'est difficile. Ça fait mal, ça pique, ça coupe le souffle, énumère Anne Batteau. Mais ce que vous cherchez, c'est le plaisir qui vient après." Les nageurs font corps avec l'eau, et leur cerveau tourne à plein régime pour s'adapter à leur environnement. "On devient un ordinateur de bord, on prend en compte les vagues, le courant, la température de l'eau, rajoute la doyenne. Il y a plein d'éléments à gérer, et ils changent à chaque fois qu'on rentre dans l'eau, c'est aussi ce qui est intéressant."
Et dans le cas des épreuves sur des longues distances, les nageurs doivent aussi mener une lutte mentale, alors que certains marathons durent plus de 10 heures. "D'abord, je suis euphorique dans les premières heures, détaille Jacques Tuset. J'ai envie d'aller vite, de finir le plus tôt possible."
Ensuite le corps fatigue, le cerveau doute, je me demande ce que je fais là, j'ai mal au ventre, je veux abandonner et ne plus jamais refaire de compétition.
Jacques Tuset, nageur en eau libreà France 3 Provence-Alpes
"À ce moment, j'arrête de penser, tant que les épaules bougent je continue à avancer. Puis j'aperçois l'arrivée, et là je reprends un coup d'euphorie."
Mais de nouvelles épreuves se posent pour les amateurs de nages en eau libre. "À chaque sortie, je vois de plus en plus de méduses et de pollutions, et de moins en moins de poissons, s'inquiète Jacques Tuset. Pour lutter contre la saleté, parfois je prends un petit sachet avec moi et je ramasse des ordures pendant mon parcours." Une goutte d'eau, alors que chaque année 600.000 tonnes de déchets plastiques sont rejetées dans la Méditerannée selon l'association écologiste WWF.