Course-poursuite, coups de feu tirés sur des joueurs de l'OM à leur sortie de l'entraînement : la piste du car-jacking abandonnée. "Il s'agit d’un quiproquo complet", selon le procureur de la République, après les aveux de trois hommes mis en examen.
Tout laissait à penser qu'il s'agissait d'une tentative de car-jacking. Mais l'enquête semble révéler une tout autre version, beaucoup plus rocambolesque.
Dans la nuit du 19 au 20 mai 2024, les voitures de trois joueurs de l’OM essuyaient des tirs d'armes à feu en sortant du centre d’entraînement du club à Marseille. Plus de peur que de mal finalement, mais deux des trois footballeurs, choqués par cette agression et dont les véhicules étaient endommagés, avaient déposé plainte.
Une affaire prise très au sérieux par le parquet de Marseille, qui a procédé le 29 juillet à l'arrestation de trois personnes, placées en détention provisoire, poursuivies pour tentative d'assassinat en bande organisée, après avoir reconnu les faits.
Une erreur de GPS
Selon les informations fournies par le parquet, la BRB (Brigade de répression du banditisme) a interpellé, lundi 29 juillet, trois auteurs de la course-poursuite et des coups de feu. Deux jeunes hommes de 22 ans et un autre âgé de 18 ans, qui se trouvaient cette nuit-là dans l'impasse où les footballeurs se sont fait attaquer, vers trois heures du matin, à proximité du centre d'entraînement Robert-Louis Dreyfus, dans l'est de Marseille.
De retour d’un déplacement au Havre, les olympiens s'étaient égarés en regagnant leur domicile, pour se retrouver, bien malgré eux, nez à nez avec des dealers, manifestement sur les dents. Les joueurs "ont été conduits là par erreur et puisqu'ils avaient rentré leurs adresses sur GPS et qu'il y a des travaux dans le quartier," explique le procureur, Nicolas Bessone.
Les conducteurs ne sont pas visés parce qu'ils sont joueurs de l'OM, ni parce qu'ils ont été repérés pour du car-jacking. Les suspects reconnaissent avoir pris peur en voyant arriver leurs puissantes voitures.
Nicolas Bessone, Procureur de la République de MarseilleFrance 3 Provence-Alpes
"Ces trois jeunes, qui font partie du narco banditisme marseillais, voyant arriver ces véhicules puissants dans l'impasse" - et imaginant l'assaut d'une bande rivale - “ont dû se dire que la meilleure défense, c'est l'attaque et ont poursuivi nos footballeurs en leur tirant dessus", précise le procureur, qui affirme que les assaillants ignoraient qu'il s'agissait de joueurs de l'OM.
Les trois coups de feu tirés atteignent les portières avant et arrière gauches de Faris Mounbagna et le coffre de Jean Onana, les deux internationaux camerounais du club, épargnant le véhicule du défenseur franco-ivoirien, Bamo Meïté.
L'ADN dans des restes de repas
Démarre alors une enquête minutieuse sur les lieux, sur la base de relevés d'empreintes, de téléphonie, et de témoignages. Mais ce qui va confondre les trois suspects, est l'ADN relevé dans les restes d’un repas qu'ils avaient partagé dans l'impasse "quelques minutes avant les faits "et abandonné dans leur fuite. Fichés au narco banditisme, les trois hommes ont été rapidement identifiés puis localisés. Dans leurs logements respectifs, les policiers ont retrouvé des armes à feu, un gilet pare-balles, un drone et une balise.
"Dans le contexte, le plus difficile aura été de les localiser," explique Philippe Frizon, chef de SIJP 13, "ces individus craignent pour leur vie, ils bougent beaucoup, ne vivent pas toujours au même endroit".
De source policière, le plus jeune d'entre eux avait fait l’objet d'une tentative d'assassinat en 2019, à l'âge de 17 ans, dans le cadre de la guerre que se livrent les narcotrafiquants à Marseille.