Les douanes de Marseille ont opéré d'importantes saisies de drogue de synthèse, notamment de Prégaline de contrebande. En trois ans, elles ont été multiplié par quatre.
La prégabaline est prescrite pour traiter l'épilepsie. Détournée de son utilisation, elle est devenue l'une de ces "drogues du pauvre", comme la Kétamine, la 3-MMC ou encore la 3-MEC, en cause dans l'accident du comédien Pierre Palmade. Ces drogues de synthèse en pleine expansion ont ringardisé les stupéfiants classiques comme l’ecstasy. Elles sont dans le viseur des douaniers. En visite à l'Hôtel des douanes de Marseille avec la secrétaire d'Etat à la Ville Sabrina Agresti-Roubache, vendredi 17 mai, Thomas Cazenave, le ministre délégué chargé des comptes publics, est venu présenter les nouvelles mesures en vigueur pour lutter contre ce trafic en forte hausse. Les saisies se sont multipliées ces derniers mois.
Les pouvoirs des douaniers étendus
Le service d’enquête judiciaire de Marseille a saisi 309 442 comprimés de Prégabaline importés illégalement, a rappelé le ministre, dans le cadre du démantèlement d'un trafic international, avec la Grèce, qui a conduit à l'interpellation de trois Marseillais, âgés de 28 à 31 ans, ont été interpellés.
"On sait que se développe ce trafic partout dans le monde, et nous devons être à la hauteur de la situation", a souligné Thomas Cazenave, détaillant la première des nouvelles mesures entrées en vigueur mercredi.
"Nous avons étendu les pouvoirs des douaniers pour saisir, contrôler, utiliser tous les instruments qui sont à leur main, en termes de visites domiciliaires, de livraisons surveillées sur l'ensemble des 'précurseurs', ces produits légaux qui permettent de créer ces drogues de synthèse".
Cette mesure s'inscrit dans la panoplie du dispositif européen "catch all" ("attrape tout") sur le contrôle des produits importés. "On va être les premiers en Europe à l'utiliser et à doter nos douaniers de cette réponse forte", a affirmé le ministre. Ils pourront notamment saisir un produit légal au moindre doute.
La traque sur le dark net
Le deuxième axe de lutte contre ces nouvelles drogues, c'est la montée en puissance des cyber-douanes, "des équipes spécialisées sur internet et le dark net, parce que la distribution de ces drogues de synthèse se fait sur ces plateformes".
Une plateforme francophone du dark net, baptisée "Cosa Nostra" comme la mafia italienne, vient d'être démantelée, a indiqué le ministre. Le ministre a annoncé que 70 cyber-douaniers vont traquer les trafiquants sur la toile.
Le troisième axe d'actions concerne le contrôle renforcé du frêt express postal, par lequel "une immense majorité de la drogue de synthèse" circule, selon le ministre. "On a commencé à expérimenter dans les grands centres de frêt, des scanners intelligents, qui permettent de pré-identifier le risque de présence de stupéfiants, cocaïne et cannabis, a détaillé Thomas Cazenave.
Aujourd'hui, on développe un nouvel algorythme avec de l'Intelligence Artificielle pour aller pré-identifier s'il y a des drogues de synthèse dans les colis.
Thomas Cazenave, ministre des comptes publicsFrance 3 Provence-Alpes
Le ministre se fixe comme objectif de contrôler 100% des colis à terme. "C'est un enjeu sanitaire, c'est un enjeu de sécurité, parce que ça alimente les mêmes réseaux de criminalité organisée, et c'est un enjeu économique".
En trois ans, les saisies de drogue de synthèse ont été multipliées par quatre. Des chiffres qui montrent la croissance exponentielle de ce trafic.
Une drogue à deux euros
Pour les douaniers, c'est une course contre-la-montre quotidienne face à des trafiquants qui montrent leur constante capacité d'adaptation pour faire prospérer leur business.
La prégabaline est la drogue de synthèse la plus vendue par les trafiquants. Sous le manteau, les gélules s'échangent contre deux à trois euros l'unité. Une drogue accessible qui attire de plus en plus de jeunes consommateurs. La molécule, disponible en pharmacie uniquement sur ordonnance, est vendue illégalement "dans près de la moitié des cas", selon l’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) qui dénonce un usage détourné à visée de “défonce/euphorie (...) mais aussi hypnotique". Avec des risques importants. A très forte dose, ce médicament peut être mortel.