Le tribunal correctionnel de Marseille l'a reconnu coupable d'exercice illégal de la profession d'agent sportif à l'occasion notamment des transferts de Karim Ziani et de Souleymane Diawara ainsi que de la prolongation de contrat de Mamadou Niang.
Karim Aklil, ex-agent de joueurs ayant négocié avec l'Olympique de Marseille, a été condamné mercredi 10 mai à six mois de prison avec sursis pour avoir signé quatre contrats alors qu'il ne disposait pas de la carte professionnelle délivrée par la Fédération française de football (FFF). Le tribunal correctionnel de Marseille l'a reconnu coupable d'exercice illégal de la profession d'agent sportif à l'occasion des transferts de Karim Ziani de l'OM à Wolfsburg (Allemagne) et de Souleymane Diawara des Girondins de Bordeaux au club marseillais, ainsi que des prolongations de contrat de Mamadou Niang à l'OM et de Kamel Chafni à l'AJ Auxerre, des opérations réalisées à l'été 2009.
Karim Aklil avait obtenu sa licence d'agent de joueurs le 22 octobre 2009, c'est à dire après ces quatre contrats signés pour un total de commissions supérieur à 2,8 millions d'euros.
Pour cela, il a également été condamné à une amende de 15 000 euros et à verser un euro symbolique à la Fédération et à la Ligue (LFP), qui s'étaient constituées partie civile.
Sur certaines transactions, M. Aklil était associé à Jean-Luc Barresi, un autre agent de joueurs "se trouvant à la croisée de plusieurs sphères criminelles", selon les juges d'instruction qui ont bouclé cette enquête.
Pour solliciter sa relaxe lors des débats, le 8 mars, Karim Aklil avait fait valoir que ces transactions avaient été réalisées par sa société, dans laquelle un actionnaire minoritaire détenait sa licence d'agent.
Mais le tribunal a relevé dans son jugement que M. Aklil "n'a pas agi sous le contrôle, et donc la responsabilité de celui-ci, qui n'apparaissait finalement que pour mettre son nom sur les contrats."
Plusieurs dirigeants de l'OM ont attesté que l'ensemble des négociations étaient conduites par Karim Aklil.
Dans les motivations de leur jugement, consultées par l'AFP, les juges ont également écarté "l'erreur de droit" invoquée par le prévenu, assurant que "M. Aklil était particulièrement avisé du monopole des agents sportifs."
"Condamnation forte"
L'Olympique de Marseille réclamait de son côté le remboursement des commissions réglées alors qu'il n'avait pas encore le statut d'agent. Le montant de ces dommages et intérêts sera arrêté lors d'une audience fixée le 10 novembre. Mais le tribunal a d'ores et déjà relevé "la négligence fautive" du club, estimant que ses dirigeants "auraient eu les moyens de vérifier la qualité" d'agent de M. Aklil. Cette négligence doit, selon le tribunal, entraîner un partage de responsabilité à 50-50.
Le prévenu devra aussi verser au club 5 000 euros pour préjudice d'image, les juges relevant que ce préjudice tient également pour les "autres composantes du dossier."
Les poursuites contre M. Aklil sont en effet la conséquence d'un vaste dossier ouvert en 2011 sur des soupçons de détournements et de liens supposés entre le club marseillais et le milieu corso-marseillais. Plusieurs dirigeants du club avaient alors été mis en cause avant que toutes les mises en examen soient annulées, faute d'éléments probants. Une ordonnance de non-lieu sur ces faits avait été signée le 5 mai 2022.
"Cette condamnation forte illustre la volonté de l'Olympique de Marseille de poursuivre tous les comportements illicites ou anormaux perpétrés contre le club", a déclaré à l'AFP Me Olivier Baratelli, avocat de l'OM.
(avec AFP)