Un étudiant au tribunal pour avoir mâché à mort une souris : quand les soirées d'intégration dérapent

À la rentrée 2023, une vidéo montrant un étudiant en train de mâcher une souris à l’occasion d'une soirée intégration était rendue publique par la Fondation 30 Millions d’Amis. Une plainte avait été déposée. L’auteur présumé des faits comparait le 13 mars 2024 devant le tribunal judiciaire de Marseille.

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La Fondation 30 Millions d’Amis avait rendu publique en septembre 2023 une vidéo de 28 secondes montrant un jeune homme mâchant une souris lors d’une soirée lycéenne d’intégration à Marseille. La Fondation avait alors déposé plainte pour acte de cruauté ayant entraîné la mort de l’animal. Le procès de l’auteur présumé des faits s'ouvre mercredi 13 mars 2024 au tribunal judiciaire de Marseille, autour d'un dérapage qui n'est pas le premier. Les soirées et week-ends d'intégration continuent de faire l'objet de débordements en marge du cadre légal sur le bizutage.

"Manger une souris, c'est une première"

Le 8 septembre 2023, une soirée "arrosée" est organisé par des étudiants de prépa au lycée Thiers à Marseille, pour effectuer des présentations avec les nouveaux intégrés. Une jeune fille se rend sur la plage où avait lieu la fête, avec sa souris domestique. L'animal fera plus tard l'objet d’un défi, l'un des camarades présents se faisant filmer en train de la mettre dans sa bouche et de la mâcher. 

"Manger une souris est une première", selon l'avocat de la Fondation 30 millions d'amis. Xavier Bacquet réfute se trouver face à  "une simple stupidité cruelle dans une soirée arrosée" et dénonce "un acte de cruauté" délibéré passible de cinq ans de prison. 

En 2016, à la fac de médecine de Créteil, des étudiants avaient fait usage de sang animal et de carcasses, poussant l'Éducation nationale à ouvrir une enquête, mais peu de faits révélés font état de l'utilisation d'animaux dans des soirées d'intégration.

Quelques précédents dramatiques

Fêtes mouvementées, sexe, beuveries et drogues, les grandes écoles ont longtemps été pointées du doigt pour l'organisation d'événements festifs faisant le lit de nombreuses dérives. Et la liste continue de s'allonger.

En 2010, HEC Paris est contrainte de suspendre ses soirées, après une série de beuveries qui avaient mal tourné. Un étudiant avait notamment failli s'étouffer dans son vomi et un autre, par ailleurs petit-fils d'Edouard Balladur, avait été sévèrement blessé à la tête, avait rapporté à l'époque Le Parisien. La même année, le viol présumé de deux étudiantes en écoles de commerce fait frémir le Ministère de l'ensignement supérieur. 

En octobre 2017, un scandale éclate à Caen autour d'humiliations à caractère sexuel. Puis à Rennes, où un étudiant en chirurgie dentaire trouve la mort lors d'un week-end organisé par son université. Après deux soirées alcoolisées, il est retrouvé inanimé un matin sous une tente.

Dans cette même université deux ans plus tard, suite à un week-end d'intégration, des images jugées dégradantes d'étudiants avaient été diffusées sur les réseaux sociaux. Tandis que des étudiants en médecine étaient blessés au visage lors d'une autre fête "d'inté".

Deux élèves d'une école d'ingénieurs et de médecine à Lille en 2020, décèdent à leur tour dans le cadre d'un "week-end de cohésion". 

Bizutage interdit, mais soirées d'intégration autorisées

Initié en 1997, le Comité national contre le bizutage (CNCB) a participé à l’élaboration de la loi de juin 1998 modifiée en janvier 2017 condamnant certaines pratiques et leurs dérives.

En vertu du code pénal, un bizutage consiste à " amener autrui contre son gré ou non à commettre des actes humiliants ou dégradants ou à consommer de l’alcool de manière excessive lors de manifestations liées au milieu scolaire, sportif et socio-éducatif," telles que les soirées étudiantes ou des week-ends dits "d'intégration". Un délit passible de six mois de prison et 7 500 euros d’amende.

Malgré ce cadre légal, le CNCB et des organisations étudiantes dénoncent la persistance de débordements condamnables. "On a une banalisation des bizutages et des violences sexuelles dans l'enseignement supérieur" expliquait mardi 1ᵉʳ octobre sur franceinfo Mélanie Luce, la présidente du syndicat étudiant UNEF.

Car si le bizutage à proprement parler est interdit, les soirées d'intégration demeurent autorisées et les deux notions parfois se superposent.

Une charte des événements festifs

Depuis 2018, une charte a été mise en place par le gouvernement pour prévenir les risques de dérapage dans les soirées étudiantes. Cette charte des événements festifs visant au respect des lois en matière de commercialisation d’alcool, de circulation de produits stupéfiants, de lutte contre les discriminations et les violences, peut être signée dans chaque établissement par l'administration et les organisations étudiantes. 

Mais rien ne semble encadrer précisément les soirées "sauvages", où des cérémonies d'intégration, à base de jeux et d'alcool, font parler d'elles. 

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