"Un homme entièrement dévoué à la boxe" : mort de l'entraîneur Jean Molina, son club marseillais en émoi

L'entraîneur de boxe marseillais Jean Molina est mort ce lundi 5 décembre à l'âge de 90 ans. Il a notamment accompagné Richard Caramanolis, Julien Lorcy ou encore Karine Rinaldo dans leur ascension.

C'était l'entraîneur de boxe le plus titré de France. Richard Caramanolis, Thierry Jacon, Kimbo, Fabrice Bénichou ou encore Julien Lorcy... Ils sont nombreux à avoir combattu sous ses conseils. En tout, Jean Molina a entraîné cinq champions du monde, dont Karine Rinaldo, championne du monde de boxe anglaise en 2015, à l'âge de 26 ans. 

Le "sorcier du ring", est mort dans la nuit de dimanche à lundi 5 décembre à l'âge de 90 ans de suites d'un œdème aigu du poumon, nous confirme Karine Rinaldo. C'est elle qui l'a accompagné à l'hôpital, c'est elle qui, aux côtés de sa fille, était là pour son dernier souffle. 

"Il m’a accompagnée la moitié de ma vie", raconte-t-elle. "J'ai commencé la boxe à 16 ans. Il a toujours été là. En-dehors de la boxe, dans la boxe, à tous les moments importants de ma vie".

Pour Karine Rinaldo, Jean Molina était un père. "On était tous comme un membre de sa famille." Karine évoque avec émotion son franc-parler, une "carapace" cachant quelqu'un de "très très sensible". "Quand il aimait, il donnait tout". 

Il a fait du bien à beaucoup de personnes. C'était un homme entièrement dévoué à la boxe et aux boxeurs.

Karine Rinaldo, championne du monde de boxe anglaise

Jean Molina a entraîné jusqu'au bout. Il était encore en train d'enseigner auprès des jeunes, vendredi 2 décembre. Le 22 octobre dernier, Il était dans le coin du ring avec le boxeur Mathis Lourenco, au championnat de France des Pennes-Mirabeau. 

"Je n'ai jamais connu une personne comme cela", témoigne le champion de 28 ans, coaché pendant 10 ans par la légende. "Molina, ce n'est pas forcément des mots. C'est une attitude. Il ne mentait pas. Il disait la vérité, parfois dure". 

Ci-dessous : Jean Molina, Mathis Lourenco et Karine Rinaldo.

Mathis Lourenco a du mal à résumer ce que Jean Molina représentait pour lui. "Il faut écrire un livre !". 

"Il a beaucoup de cœur, il a aidé des gens, on ne vous aide pas dans la vie comme ça… C'était quelqu'un d'unique, quelqu'un de très fort.

Vendredi, Mathis a raccompagné Jean Molina chez lui, après son dernier entraînement. "Je savais qu'il fallait profiter de tous les moments". 

"Il voulait les champions des quartiers"

C'est ce qu'a fait Jules Bellaïche, pendant 60 ans. Le boxeur marseillais a fait la rencontre de "Jeannot" lorsqu'il avait 13 ans. "J'étais un petit voyou dans la rue, il m'a mis dans la salle", confie Jules Bellaïche. 

"On a voyagé partout, on a tout fait. C'est un membre de ma famille". Pour lui aussi, il faudrait "au moins un livre" pour raconter toutes les aventures qu'ils ont vécues.

"Avec d'autres, on était ses préférés. Il ne vous lâchait pas." Jules Bellaïche se souvient d'un jour, la veille de son premier grand combat au palais des sports de Paris. "J'avais 40 de fièvre, il est venu me chercher, et on est monté à Paris en 2 Chevaux".

Une autre fois, c'était un voyage à Berlin Est à 7 boxeurs dans une 404 break pour rencontrer le champion du monde en titre. "On a eu une vie magnifique. Une vie spéciale. Si je racontais tout on ne me croirait pas". 

Jean Molina et Marcel Cerdan

Jean Molina est né à Sidi Bel Abbes en Algérie, là où est né le grand Marcel Cerdan, qu'il avait rencontré. "Quand il est mort en 1949, j'avais 17 ans, témoignait-il dans une interview pour le comité départemental sportif de la Somme. Je vous assure que sa mort en Algérie a été ressentie comme une vraie catastrophe. Toute la vie s'était arrêtée."

C'est à la mort de Marcel Cerdan que Jean Molina décide de partir de France. Jean Molina se lance dans une carrière amateure en boxe qui le mène jusqu'aux championnats de France. Lorsqu'il veut passer professionnel, la Fédération française lui interdit la licence, à cause d'un décollement de la rétine. 

En 1960, il fonde alors le Boxing Club de Saint-Marcel à Marseille. Club qui deviendra ensuite le Ring Olympique Marseillais et débute sa carrière d'entraîneur. Il y enseignait depuis 60 ans.