C'est une première dans le monde sportif, la Coupe du Monde de Rugby 2023 ambitionne de valoriser le terroir local pour alimenter les supporters. À Marseille, le "consommer local" est préparation vers le stade Orange Vélodrome.
Quatre mois avant que le sifflet ne résonne dans l’Orange Vélodrome. Six matches de la Coupe du Monde de Rugby se dérouleront dans le stade marseillais, du 9 septembre au 15 octobre 2023. Un rassemblement sportif d’ampleur, qui affiche l'ambition nationale de 50% d’alimentation durable, pour nourrir les spectateurs et les touristes dans toute la ville.
«C’est la première fois qu’un événement sportif affiche cette volonté», indique Charlotte de Lattres, responsable communication du groupe Invivo, l’un des prestataires. «On va beaucoup plus loin qu’en 2007 au sein des événements sportifs», renchérit Caroline Califano, directrice du site de Marseille de la CMR.
Les retombées économiques s’échelonnent à 180 millions d’euros pour la cité phocéenne. Mais la durabilité pourra-t-elle aller jusqu’au bout ? «On essaye de se donner les moyens pour que ça marche», répond Aïcha Sif, adjointe à l’alimentation durable à la mairie de Marseille. En interne, l’instance d’organisation de la coupe du monde égrène les mesures, au compte-goutte.
Des chefs étoilés aux commandes
Une ambassadrice n°1 mondiale de rugby et agricultrice a été désignée pour le volet alimentation durable, Jessy Trémoulière. La championne mondiale issue de la région Auvergne-Rhône-Alpes «est une porte-parole engagée des agriculteurs ».
«Le but de la CMR, c’est de sensibiliser les consommateurs vis-à-vis des grandes surfaces et d’engager une réflexion, des terres agricoles jusqu’à l’assiette», déclare la joueuse, entre deux matches du XV de France. Un marché va étendre son savoir-faire local en plein coeur de Marseille, une surface de 180 m2, avec des produits issus d’un rayon compris entre 50 km à 60 km.
Un « XV de la gastronomie » et vingt-trois chefs étoilés, chapeautés par Yves Camdeborde revisiteront les sandwiches et hamburgers sous la houlette des chefs Michel Sarran, Guy Savoy ou Guillaume Gomez. «Dans la ville de Marseille, la foccacia sera mise à l’honneur», indique Caroline Califano, directrice des sites de Marseille.
Un impact carbone réduit
Le projet d’alimentation durable se décline en trois axes : la production, la distribution et l’anti-gaspillage. Le fromage et la charcuterie, au même titre que les fruits et légumes seront piochés dans les productions locales.
«Le Marché des Arnavaux, le plus grand pôle alimentaire de la région sera un réservoir d'alimentation de proximité», indique Aïcha Sif.
Un engagement qui passe par une importation limitée au maximum, à échelle nationale pour certains aliments spécifiques. Une enveloppe de 200.000 € du Ministère de l’Agriculture est allouée à la ville de Marseille, pour déployer sa feuille de route. L’anti-gaspillage sera l’étape ultime. Plusieurs acteurs associatifs sont partie prenante du projet, dont la Banque Alimentaire et l’association l’Alchimiste, pour la partie compost.
«Il faut être cohérent pour que les déchets reviennent à la terre, afin de nourrir une production», insiste Aïcha Sif. Un parcours signalétique pour trier les déchets alimentaires et emballages consommés est en cours d'élaboration. Quid des commerçants et restaurateurs alentours ? Des «kits de visiblité» seront proposés aux commerçants, «pour que tout le monde en profite», précise Caroline Califano.
L’événement rassemblera 62.000 supporters à l’Orange Vélodrome, mais plusieurs milliers de téléspectateurs sont attendus dans la cité phocéenne. Un enjeu de taille, pour la métropole et sa gastronomie méditerrannénne.