Intelligence artificielle : une académie du métavers s’installe au cloître de Marseille

Une formation pionnière en la matière, qui devrait se déployer dans d’autres métropoles françaises. Un enjeu stratégique pour Meta, co-financeur. La firme essuie de nombreuses critiques sur ce monde parallèle, encore à l’ébauche.

Des petites mains qui conceptualisent les univers parallèles qui vaudront chers demain. Ils ont entre 19 ans et 54 ans et viennent de rejoindre les rangs de la toute première formation au métavers, à Marseille. L’académie du métavers s’installera aussi à Paris, Lyon, et Nice, des métropoles où les métiers du numérique sont en expansion.

La cité phocéenne est un territoire d’innovation et il y a un réel besoin, avec 6 000 emplois non pourvus.

Capucine Tuffier, responsable des affaires publiques à Meta France

Une pénurie de talents induite par une offre de formations très limitée, dans le domaine des technologies immersives. Cent profils à la formation ont concouru, seize apprenants ont été choisis. La structure de formation Simplon.co a misé sur des profils en reconversion ou au chômage.

Éloignés du marché du travail, le langage de la programmation et le codage ne leur est pas étranger. Un atout de poids durant les phases de sélection. L’exercice du jour consiste à superposer des éléments synthétiques dans un monde virtuel, des tanks qui se meuvent dans un décor de châteaux et de tours. « Certains peaufinent les décors avec un rendu très imagé », s’enthousiasme Emmanuel Rasquero, responsable des différents formateurs.

Une formation dont les premiers mois se dérouleront en présentiel. Les quinze mois suivants seront effectués en alternance au sein d’entreprises partenaires, qui recrutent à tour de bras. « Le métavers, c’est une filière d’avenir. Les entreprises embauchent avant même d’avoir rencontré nos élèves », souligne Alexandre Chervet, directeur de Simplon.co sud-est. La région PACA a alloué une enveloppe de 350 000 € pour cette formation, l’entreprise Meta co-finance, le montant demeurera confidentiel.

Un Horizon ombragé

Un pari sur l’avenir dans des cieux incertains. La révolution du « Web3 » tablait sur 500 000 utilisateurs pour la plateforme Horizon, lancée en grande pompe par Meta. Pour l’instant 200 000 s’y sont connectés et reviennent en dilettante. Dernier flop en date, l’Union Européenne lançait sa plateforme sur le métavers, pour sensibiliser aux enjeux climatiques. La soirée de gala n’a réuni qu’une dizaine d’utilisateurs. Pourtant, les jeux-vidéos dans le métavers ne connaissent pas la crise, et pourraient tirer leur épingle du jeu. Fortnite a drainé 250 millions de joueurs sur le métavers, la plateforme de jeu Roblox 200 millions et le célèbre jeu Minecraft, 170 millions.

Des chiffres vertigineux que le marketing digital tente de rallier. «Ceux qui participent au métavers sont des développeurs du gaming ou le monde du cinéma, mais c’est une niche. Il faut que cela devienne grand public », déclare Nathalie Badreau, consultante en stratégie digitale, et co-fondatrice du laboratoire de recherche sur les enjeux du métavers à l’ISCOM. Certaines marques, dont Hermès ou Burberry, commercialisent déjà des vêtements et accessoires, l’objectif étant d’attirer dans le monde bien réel des futurs clients.

Métavers implanté, univers décuplé

Un business existant, dans un champ de possibilités infinies. Si le métavers parvient à s’imposer, il pourrait révolutionner le monde professionnel. «On pourra être en contact permanent, sans contrainte spatio-temporelle. Il sera possible de toucher tous les clients du monde, sans prendre l’avion, quelque soit l’heure », précise Nathalie Badreau.

Un univers qui pourrait être utile à tous, de la médecine en simulant une opération, au patrimoine, en visitant Notre-Dame, au sevrage d’addictions par la première réunion dans le métavers de narcotiques anonymes. Comme toute technologie, le métavers séduit aussi tout type d’utilisateurs. Les insultes ou agressions y existent déjà. Les nombreux écueils qu’ont essuyé les différents réseaux sociaux, du recueil de données massifs au harcèlement en ligne, menacent directement le Web3, en prenant exemple sur le Web2 (cad les réseaux sociaux).

Horizons, la plateforme de Meta, a anticipé plusieurs paramètres de signalement d’un avatar au comportement abusif. « On va rendre d’ici quelques mois un rapport sur la sécurité numérique, avec des experts français. Cet enjeu est crucial », abonde Capucine Tuffier. Le nombre de plateformes existantes, et celles à venir se démultiplieront au fil des années, de façon indépendante face aux géants de la tech. La France et l’Europe, partenaires stratégiques du métavers, pourraient infléchir ces risques. Des réglementations en écho avec le RGPD qui seront difficiles à suivre face à la constellation d’univers proposés. Mark Zuckerberg, projette un métavers qui prendra racine «d’ici cinq à dix ans». 

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