"Une accumulation inquiétante d'ordures dans les rues", alerte d'un syndicat sur la réorganisation du ramassage des poubelles

À Marseille et dans la région, la nouvelle réorganisation de la collecte des déchets par la métropole pose questions. Les tournées ont été réduites et les poubelles s'accumulent dans les quartiers où cette mesure est mise en place. Le syndicat Sud Santé alerte le préfet de région sur "la situation sanitaire dégradée" selon lui.

Ce dimanche 7 avril, le syndicat Sud Santé a fait parvenir au préfet des Bouches-du-Rhône et Paca, Christophe Mirmand, un courrier dans lequel, il alerte sur les conséquences de la réorganisation de la collecte des déchets par la Métropole et notamment dans certains quartiers à Marseille "compromettant ainsi la santé publique et la salubrité de notre ville".

De multiples alertes et aucune réponse

Dans un courrier datant de début janvier à la présidente de la Métropole, le syndicat Sud santé réclamait le déploiement d'une "zone d’hygiène prioritaire" autour des hôpitaux, dans les quartiers nord de Marseille.  À l'époque, le syndicat constatait : un secteur "délaissé par les pouvoirs publics, où les ordures ménagères ne sont plus ramassées depuis des semaines".

À cela s'est ajoutée, depuis le 11 mars, une réorganisation de la collecte des déchets. Les jours de collecte ont changé pour les habitations du 9ᵉ, 10ᵉ, 11ᵉ et 12ᵉ arrondissements, avec une réduction des tournées. Et depuis le 1e avril, les 14, 15 et 16 arrondissements sont concernés. Mais l'information ne semble pas avoir (encore) fait le tour de la cité phocéenne. 

Cette réorganisation était qualifiée de "désorganisation", par Yannick Ohanessian, adjoint au maire de Marseille en charge de la sécurité et de la salubrité. "La Métropole, la présidente de la Métropole, le maire de secteur ont décidé de désorganiser le ramassage des ordures ménagères, déclarait-il au micro de France 3 Provence-Alpes le 21 mars dernier. Par conséquent, là où on était à six jours de ramassage, désormais, on est à deux jours. Les poubelles débordent de partout, c'est juste inacceptable."

Même constat pour le syndicat Sud Santé.

"Mon impression est que la métropole, comme ils sont en gué-guerre avec la mairie de Marseille, c'est on laisse pourrir la ville", indique Kader Benayed secrétaire générale Sud santé à l'hôpital Edouard Toulouse dans le 15e à Marseille. "Je voyage beaucoup dans le département, et Marseille, c'est la seule ville où il y a cette négligence institutionnelle. Le ramassage est quasiment inexistant. Il est négligé par la métropole, c'est-à-dire qu'on peut faire toutes les réclamations qu’on veut, il n'y a pas de réponse, c'est du mépris".

"Une question de salubrité publique"

"Malgré l'obligation de fournir un service public de qualité, la métropole n'a pas rempli de manière satisfaisante sa mission, compromettant ainsi la santé publique et la salubrité de notre ville", indique le syndicat dans son courrier au préfet de région.

"Ils ont mis la charrue avant les bœufs", indique Kader Benayed. Le syndicaliste regrette "le manque d'information auprès des citoyens". 

La métropole est en train de déployer des bacs de compost aux côtés des bacs de tri sélectifs. Seulement, les habitants ne sont pas tous équipés des seaux pour le compost ( la demande est supérieure à la disponibilité) et encore moins de ces fameux bacs à compost dans les rues. Avec la réduction des tournées, les poubelles s'entassent.

"La récente réorganisation de la collecte des déchets, mise en place sans préparation adéquate ni mesures d'accompagnement, a conduit à une accumulation inquiétante d'ordures dans les rues, indique le communiqué du syndicat.

Avant d'ajouter :"Cette situation présente un risque sérieux pour la santé et la sécurité des citoyens, favorisant la prolifération de nuisibles et de bactéries, raison pour laquelle, nous vous demandons respectueusement d'intervenir".

"Il y a une recrudescence des punaises de lit, de rats et de blattes. Des épidémiologistes nous ont alertés sur les risques épidémiologiques. Je ne suis pas médecin, mais c'est inquiétant", insiste le syndicaliste

"Cela devient criminel de laisser une ville comme ça "

"Nous sollicitons votre réquisition de la compétence de nettoyage à la métropole, afin d'assurer la continuité du service public et de garantir la santé et le bien-être des habitants de Marseille", demande le syndicat au préfet.

De source syndicale à la métropole, la réduction des tournées serait une façon "de contourner un grand nombre d'arrêts maladie". Un constat que Kader Benyed, ne veut pas entendre, pour lui, "ce n'est pas le sujet, les Marseillais payent une taxe d'enlèvement des ordures qui est la plus chère de France, et le service n'est pas à la hauteur".

Avec ce courrier au préfet, le syndicat réclame "une égalité de traitement, c'est-à-dire qu'à Marseille, les poubelles soient ramassées comme à Carry-le-Rouet, La Ciotat, Martigues et Aix-en-Provence".

Pour Kader Benayed, le timing en plus est très mal choisi : "dans quelques semaines, on va avoir les JO, c'est ça l'image qu'on veut donner de notre ville au monde entier ? La métropole, à mon sens, ne donne pas assez d'attention à Marseille parce qu'on ne peut pas laisser une ville comme ça, ce n'est pas possible, c'est criminel".

Le syndicat attend la réponse du préfet, et sans réponse satisfaisante, n'exclut pas de faire appel au procureur de la République, en invoquant l'article 40 (dénonciation de crime ou de délit) "Je ne suis pas un politique, mais en tout cas, je sais qu'il y a des répercussions sur la santé de nos concitoyens et aussi sur la planète", indique Kader Benayed.

"On parle d'écologie, mais ce qui n'est pas ramassé va à la mer avec le vent, ça part dans l'eau et ça fait des dégâts" regrette le syndicaliste.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité