Le groupe de raga provençal Massilia Sound System fête ses quarante ans et sort un album anniversaire. Gari Grèu, l'un des chanteurs du groupe revient avec nous dans le quartier de Marseille où tout a commencé, en 1984.
Une bande de jeunes musiciens baignés de culture reggae installe un sound system dans un quartier du centre-ville de Marseille. Ce premier "Oaï" de Massilia Sound System, le dimanche 20 mai 1984, n'a pas duré 20 minutes. La police, appelée par des voisins, met fin à la première apparition publique du groupe.
Quarante ans et dix-sept albums plus tard, nous retrouvons Gari Grèu, l'un des chanteurs du groupe à l'endroit même où tout a commencé : le cours Julien "le quartier de la musique et de la liberté". En pleine promotion de l'album "Anniversari", reprise de morceaux emblématiques du groupe, il nous emmène faire un tour du quartier.
On est au cours Julien, dans un endroit un peu historique. C'est là où Massilia sound system a fait son premier set en extérieur.
Gari Grèu, chanteur de MSSFrance 3 Provence-Alpes
>>> Ecoutez la vidéo de l'interview en intégral ci-dessous.
On a fêté les 30 ans en 2014 ici, les flics ne sont pas venus. Ils sont restés à distance et ils dansaient.
Gari Grèu, chanteur MSSFrance 3 Provence-Alpes
L'album "Anniversari" est né d'une proposition de Manivette record, le label Ciotaden fondé par Emmanuelle Tirmarche. "C'est un album pour les gens qui aiment beaucoup Massilia. C'est un Best-of de vieille chansons, remises au goût du jour par DJ Kayalik."
Les titres ont été sélectionnés par les deux piliers du groupe, Moussu T et Papet J. Les fans de la première heure retrouveront l'hyme à la Méditerranée populaire "Qu'elle est bleue", un de leurs "tubes" des années 1990. Ou encore "A cavalot", issu de leur dernier album, "Sale caractère" sorti en 2021.
"Canon es canon", chantée intégralement en provençal rappelle le rôle déterminant qu'a eu le groupe pour la promotion du renouveau de la culture occitane dans les années 1980 et 1990.
"On écoutait Bob Marley, raconte Gari Grèu. Lui ne chantait pas en anglais, mais en patois jamaïcain. Et nous on s'est dit on va faire pareil. On s'est emparé du provençal et on a fait du reggae avec. Dans un deuxième temps, on a découvert les auteurs, la littérature provençale qui ont étayé notre art. C'est comme ça qu'on est devenu singulier."
40 ans d'engagement contre le racisme et les injustices
Un groupe qui n'hésite pas à dénoncer la montée du Front national avec "ma ville est malade", sorti en juin 1997. Le parti d'extrême droite, alors dirigé par Jean-Marie Le Pen se qualifie cette année là au second tour des législatives dans la quasi-totalité du département des Bouches-du-Rhône.
Aujourd'hui, le groupe est toujours engagé pour valoriser une "culture marseillaise, une diversité héritée des nombreux migrants qui ont contribué à forger notre identité." Et à dénoncer les injustices quand il le faut.
Notre balade avec Gari Gréu nous conduit dans le quartier populaire de Noailles, touché par l'effondrement de deux immeubles le 5 novembre 2018. Et devenu depuis l'épicentre de la lutte contre l'habitat indigne.
Chaque fois que je passe dans la rue d'Aubagne, je pense à Fausto. Je pense aux autres personnes qui sont parties avec lui.
Gari Grèu, MSSFrance 3 Provence-Alpes
>>> Écoutez la vidéo de l'interview ci-dessous
"Engatsés sur le micro, en guerre contre les fachos", chante Massilia dans "Trois MCs sur la version", reprise de l'album Massilia sorti en 2014. Un combat plus que jamais d'actualité.