Certaines de ses partitions n'avaient plus été jouées depuis les années 30 et leur enregistrement pour les films de Pagnol. Un travail exceptionnel de reconstruction a été réalisé pour ce concert symphonique de l'Orchestre National de Cannes.
Enregistrée en 1932 pour les besoins du film, la musique de "Fanny", signée Vincent Scotto, n'avait plus été rejouée depuis. Même chose pour la B.O de César ou d'Angèle et bien d'autres encore. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ces partitions avaient disparu. Dans le cadre des 50 ans de la commémoration de la mort de Marcel Pagnol, l'orchestre national de Cannes a interprété ces joyaux du patrimoine cinématographie lors d'un concert exceptionnel vendredi 2 août à Aubagne, ville natale de l'auteur de Regain. Un concert rendu possible par "le travail d'archéologue du sonore" comme le résume Julien Ferrando, musicologue, maître de conférence à Aix-Marseille Université, à l'initiative de cette résurrection.
Des partitions récupérées à l'oreille
A l'époque, "la seule existence d'une musique de film, c'était l'enregistrement", explique le chercheur. Les partitions n'étant destinées à être réinterprétée, elles n'étaient pas conservées. Pour les retrouver, "le travail a été fait d'oreille". C'est le talent du compositeur orchestrateur Cyril Lehn, du conservatoire supérieur de Paris qui a permis de récupérer ces partitions à l'oreille.
"C'est quelque chose d'incroyable, rares sont les musiciens qui ont sa capacité, et à partir de là, il a pu reconstruire ces partitions une par une, avec une rapidité assez incroyable", s'émerveille Julien Ferrando.
La musique, actrice de Pagnol
Chez Pagnol, à ses débuts, la musique était "fonctionnelle", détaille le chercheur. Elle servait au générique, mais très vite, avec Vincent Scotto, elle a pris une place centrale dans le discours de la narration. "Ces musiques vont apporter de multiples choses, ça va être un prolongement de la parole, quand la parole est limitée, la musique qui va prendre le dessus."
La musique devient ainsi totalement complémentaire à la bande sonore, à la narration, à la voix, à l'ambiance sonore et bien sûr aux personnages. Marcel Pagnol s'est entouré de compositeurs renommés, Vincent Scotto, mais aussi Arthur Honegger, Raymond Legrand (le père de Michel), Paul Misraki ou encore Henri Tomasi et Vladimir Cosma.
Julien Ferrando, passionné par Pagnol depuis son enfance, a porté ce projet perdant plus d'un an, avec Nicolas Pagnol et la ville d'Aubagne. C'est pour lui "un grand moment d'émotion d'entendre des sons" ressuscités des années 30.