En juin dernier, une voyageuse retrouve l'oiseau blessé dans la gare de Marseille. Incapable de voler. Après avoir été soigné par la LPO Paca, le rapace a fini par retrouver son milieu naturel, au sein du parc national des Calanques.
C'est une histoire qui redonne un peu d'espoir. Un aigle de Bonelli, retrouvé blessé à la gare de Marseille (Bouches-du-Rhône), en juin, vient de s'envoler. Il a retrouvé son milieu naturel, le parc national des Calanques.
Le 19 juin dernier, une voyageuse retrouve ce rapace à la gare Saint-Charles. "Il se trouve dans un état critique. Il a des traces de choc au niveau de la tête et du bassin", explique à France 3 Provence-Alpes Zacharie Bruyas, chargé de la communication au parc national des Calanques.
Rapidement, les marins-pompiers de Marseille arrivent à la rescousse. L'aigle de Bonelli, de son nom scientifique l'aquila fasciata, est transféré au Centre régional de sauvegarde de la faune sauvage géré par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) PACA.
Coincé sur un train
L'oiseau, qui est une espèce protégée, est équipé d'une bague avec une balise GPS. Les soigneurs arrivent à retracer son parcours. "Depuis Cassis, on voit que l'aigle finit sur un train. La balise suit le tracé jusqu'à la gare Saint-Charles", poursuit Zacharie Bruyas.
L'équipe de sauveteurs tente de comprendre le parcours du rapace. Deux hypothèses s'offrent à eux. Soit "l'aigle a percuté la ligne ferroviaire et s'est retrouvé sur un train", soit "il a volé à proximité d'un train qui l'a aspiré par sa force dans son vol".
D'après le parc national des Calanques, "les principales menaces pour la survie de l'espèce sont les lignes électriques".
Le rapace soigné dans un centre
Le Bonelli, un mâle né en 2010, est d'abord pris en charge en salle de soins, puis en volière de réhabilitation. "Au début, l'oiseau n'arrive pas à se tenir debout, il est alimenté", précise le communicant des Calanques.
Peu à peu, l'animal récupère des forces. "Les soigneurs de la LPO savent quand l'aigle est prêt à y aller. Il ne faut pas qu'il reste trop longtemps dans la grande volière. Ça reste un espace restreint, donc il peut se blesser."
C'est en plein cœur du Parc national des Calanques que le prince des garrigues, autre nom donné à cette espèce, est relâché le 8 août dernier.
C'était un moment privilégié quand on l'a vu s'envoler à nouveau.
Zacharie Bruyas, responsable communication au parc national des Calanquesà France 3 Provence-Alpes
De nombreux soigneurs et associations, tels que l'Office national des forêts et la DREAL Paca (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), ont assisté à l'envol.
"C'était une émotion partagée. On le voit de près. On sait d'où il revient", nous confie Zacharie Bruyas, plein de souvenirs encore en tête.
L'oiseau continue d'être surveillé grâce à sa balise. "Les premières données reçues sont plutôt bonnes, il fréquente à nouveau l'endroit où il avait l'habitude d'être, vers la Sainte-Beaume", poursuit-il.
Sensibilisation dans les parcs
L'aigle de Bonelli est une espèce protégée. La population nicheuse est estimée à 80 couples en 1960. Ils sont 26 couples cette année, c'est quasiment trois fois moins.
Alors, l'enjeu pour les Calanques est de préserver le rapace. "On essaye de voir dans les prochaines années comment réduire ce type d'accidents", explique Zacharie Bruyas.
Il souhaite maintenir les milieux qui sont favorables à l'animal, soit les milieux ouverts, comme les prairies. "Là où il n'y a pas de grands arbres pour qu'ils puissent chasser les rongeurs."
Ces rapaces étant sensibles au dérangement, le parc tente par tous les moyens de sensibiliser les visiteurs qui viennent sur les sentiers où sont installés ces oiseaux. Il y a par exemple des sentiers qui ne sont pas accessibles aux grimpeurs. Les touristes sont aussi appelés à ne pas crier fort ou à ne pas écouter de la musique avec une enceinte connectée.
Il travaille aussi avec les grimpeurs. "On ferme certains sites quand il y a reproduction pour ne pas déranger l'aigle de Bonelli". Et la communication passe plutôt bien, puisque ce sont parfois les grimpeurs qui préviennent les organismes lorsqu'ils voient une nidification.