Les restrictions de circulation doivent être allégées dans les agglomérations où les seuils de pollution ne sont pas dépassés. A Marseille ce n'est pas à l'ordre du jour.
Annonce faite par Christophe Béchu, le ministre de la transition écologique, ce mardi 11 juillet à l’issue d’un comité ministériel consacré aux zones à faibles émissions (ZFE) : seule une poignée de villes va devoir continuer à durcir les interdictions. Parmi elles, Marseille où dès 2024, les véhicules de Crit'air 4 et plus seront interdits à la circulation dans la ZFE, et les Crit'air 3 à partir de 2025.
Contrairement à Nice ou le dispositif est assoupli, mais comme Paris, Lyon, Rouen et Strasourg, la cité phocéenneconcerve les mêmes restrictions dans la zone à faible émission, en place depuis septembre 2022. France 3 Provence-Alpes vous explqieu pourquoi.
Parce que le taux de pollution est trop élevé
C'est la principale raison du maintien du dispositif dans la cité phocéenne. L'air est toujours trop pollué. Le seuil annuel moyen en dioxyde d'azote (NO²) fixé à 40 mg/m3 a été dépassé sur 3 des 5 dernières années.
La pollution à particules fines provoque chaque année la mort de 40.000 personnes sur le territoire français, selon des données de Santé Publique France. Rien qu'à Marseille, selon Air Paca, la pollution de l'air serait responsable de 2.500 décès prématurés par an.
Face à ce constat, les zones à faibles émissions apparaissent comme une solution pour garantir la qualité de l'air dans les centres-villes.
Pour Damien Piga, directeur de l'innovation chez AtmoSud, l'observatoire de la qualité de l'air en région PACA, ce seuil est encore "trop haut". "A Marseille, on dépasse de justesse, mais c'est une directive qui date d'il y a plus de 15 ans. L'OMS préconise de ne pas dépasser de 10 mg/m3, soit 4 fois moins."
Parce que l'application de la ZFE est difficile
Pour l'heure, seules les voitures classées Crit'air 5 ou plus n'ont pas le droit de circuler à l'interieur de la ZFE marseillaise de 20km². En cas de non-respect, l'amende s'élève de 68 à 135 euros.
Pourtant, seulement près de 140 automobilistes et conducteurs de deux-roues auraient été verbalisés depuis le début de l'année.
"Ce n'est pas une priorité", a déclaré Audrey Gatian, adjointe au maire chargée des mobilités à nos confrères des Echos. Et pour cause, l'application de cette mesure est ralentie par des opposants qui jugent ce dispositif injuste.
"La ZFE ce n'est pas la solution miracle", assure Damien Piga. "Réduire les émissions doit passer par une multiplication des leviers d'actions."
"Il faudrait améliorer l'offre, c'est la deuxième ville de France en superficie. Et quand on voit qu'il n'y a que deux lignes de métro, il y a clairement quelque chose à faire de ce côté-là."
Pour lui, il est crucial de "dynamiser le secteur du déplacement en vélo en développant le nombre de pistes cyclables par exemple".
Parce que Marseille est asphyxiée par les bouchons
En 2022, selon le GPS Tomtom, un habitant de la ville de Marseille passe en moyenne pas moins de 7 jours par an dans les bouchons, soit pas moins de 168 heures (un chiffre qui ne semble pas vraiment s'améliorer par rapport aux années précédentes).
Pour autant, le but poursuivi par ces zones ZFE est avant tout un renouvellement du parc automobile. L'objectif "n'est pas de limiter le volume de trafic, mais de chercher à ce que le trafic émette moins. Il faut travailler à l'amélioration de la qualité de l'air", assure Damien Piga.
Il concède que la réduction du parc automobile aura un effet bénéfique."Fluidifier le trafic va permettre de réduire les émissions notamment dans les ralentissements quand les moteurs sont à froid".
D'autant qu'à Marseille, le trafic routier est responsable d'un tiers des émissions de gaz polluants. S'y ajoute en tête, le trafic maritime. Pourtant, ce dernier n'est pas concerné par des restrictions, et ne fait pas partie de la ZFE.
À ce jour en France, onze métropoles ont mis en place une zone ZFE, dont les premières ont été Lyon, Grenoble et Paris. Une généralisation de ces zones est prévue par la loi d'ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants.