Une tortue caouanne blessée retrouvée sur la plage de Sainte-Croix près de Martigues

L'animal portait des traces de blessures. La tortue pourrait avoir été blessée par l'hélice d'un moteur. Dans ces cas-là, le réseau tortues marines de Méditerranée française est appelé pour venir récupérer les animaux et les envoyer vers des centres de sauvegarde dédiés.

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C’est un attroupement au bord de l’eau qui a alerté le gardien de la plage.
Il est presque 18h jeudi lorsqu’une tortue s’échoue sur le sable de la belle plage de Sainte-Croix sur la commune de Martigues.


"Elle est magnifique, c’est impressionnant !" s’exclament les enfants amassés autour d’elle. L’animal bouge un peu mais ses yeux semblent tachés de blanc. Son cou porte aussi la trace d’une blessure.

Le groupe qui s’est formé autour d’elle s’interroge. "Faut-il la relâcher ou l’amener quelque part ?"

On la mitraille de photos. Puis le public se rend compte que les distances de sécurité ne sont pas respectées et s’éloigne d’un mètre.

La tortue relève la tête péniblement. Ses nageoires bougent tout doucement.

Au bout d’une dizaine de minutes, le responsable de la plage, qui était au téléphone, décide de la faire transporter au centre de secours situé juste au dessus de l’étendue de sable.

Il ne faut pas les toucher

Il nous indique qu’il a contacté le conservatoire du littoral qui va venir la récupérer. De notre côté nous quittons la plage, un peu inquiets pour elle.

"Quand on retrouve une tortue échouée, il est important de ne pas la toucher", indique Jacques Sacchi, coordinateur du réseau tortues marines de Méditerranée française (RTMMF).

"Elles peuvent être porteuses de germes et elle a un bec très coupant". Il faut en effet une autorisation spéciale pour intervenir auprès des espèces protégées.
 


Le réseau RTMMF coordonne 150 observateurs sur les côtes continentales françaises et en Corse. Ses observateurs sont formés pour manipuler les animaux et les mettre en sécurité.

Elles sont ensuite envoyées dans un des trois centres de soin associés au réseau : le centre de sauvegarde d’Antibes géré par l’association Marineland, le CestMed, le centre d’études et de sauvegarde des tortues marines de Méditerranée situé au Grau du Roi, et celui de CARI en Corse. Ces organismes sont chargés de recueillir les tortues vivantes nécessitant des soins avant de les relâcher en mer lorsque leur état ne présente plus de risque pour leur survie.
 

Elles peuvent venir de Méditerranée Orientale, comme du Cap Vert ou même de Floride


Celle retrouvée sur la plage de Martigues appartient à l’espèce caouanne. Une tortue de mer que l’on retrouve dans les océans du monde entier. Elle mesure environ 90 cm.

"C’est l’espèce la plus fréquente que nous retrouvons dans nos eaux", indique Jacques Sacchi. "Il y a aussi la tortue Luth sans écaille et très rarement la tortue verte".

Leur population reste très difficile à estimer. "Elles peuvent venir de Méditerranée Orientale, comme du Cap Vert ou même de Floride", précise le spécialiste. Celle-ci pourrait avoir été blessée par l'hélice d'un moteur vu les traces qu'elle porte sur le coup et les yeux.

Elles viennent ici pour pondre ou se reposer


Depuis une dizaine d’années, le réseau en observe entre 100 et 300 en méditerranée par an, "autour de nos côtes accessibles à la vue et à la plaisance" ajoute-t-il.

Elles viennent ici pour pondre ou pour se reposer dans des eaux plus chaudes.
 


"Avec le confinement, de nombreux cétacés se sont rapprochés de nos côtes… Elle a peut-être fait comme eux", s’interroge Raphaël Grisel, directeur du Gipreb, le syndicat mixte qui veille sur la santé de l'étang de Berre.

Autour de l’étang de Berre, il est alerté régulièrement par la présence de tortues. Tout récemment des plaisanciers en avaient aperçu une dans le chenal. C’est beaucoup plus rare sur les plages. "Les pêcheurs en retrouvent parfois dans leurs filets et les relâchent directement".

Quand elles sont identifiées ou récupérées, ces tortues sont inscrites dans un programme pour la surveillance du milieu marin, placé sous la responsabilité du Muséum national d’histoire naturelle.

"Ce sont d'excellents indicateurs de la santé du milieu marin" conclue Jacques Sacchi qui invite tout observateur de tortue à se rendre sur le site de la RTMMF pour détailler ses observations.

La tortue de la plage de Sainte-Croix n'aura finalement pas survécu à ses blessures. Elle a été récupérée par le service biodiversité et espace naturel de la ville. Elle sera conservée et transmise au réseau RTMMF pour qu'il effectue des analyses et détermine les conditions de sa mort.
 
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