L'Assemblée nationale débat ce vendredi d'un projet de loi pour faciliter la mise en place de RER dans les 10 plus grandes villes de France. On vous dit tout ce qu'il faut savoir sur ce projet dans notre région.
Le projet de création de dix "services express régionaux métropolitains" (SERM) s'invite à l'Assemblée nationale ce vendredi 16 mai. Le député renaissance des Bouches-du-Rhône, Jean-Marc Zulezi, présente un projet de loi qui doit permettre leur réalisation. France 3 Provence-Alpes fait le point sur les projets de ces RER métropolitains dans notre région.
Les SERM à l'étude à Marseille et Nice
"C'est lorsque nos concitoyens pourront trouver un transport en commun régulier, facilement accessible et fiable, qu'ils pourront réduire leur usage de la voiture". Avec ces mots prononcés en février dernier, la Première ministre Elisabeth Borne comptait montrer la détermination du gouvernement à agir pour la transition écologique des moyens de transports.
Pourtant le dossier avance à pas de loup. La liste définitive des métropoles concernées par ces services express régionnaux métropolitains (SERM) n'est pas encore connue. Dans notre région, deux villes pourraient voir un jour un RER : Marseille et Nice.
Le président de la République, Emmanuel Macron, a posé les principes de base du projet en novembre 2022: des trains régionaux cadencés toutes les demi-heures, voire tous les quarts d'heure aux heures de pointe, pour irriguer les alentours des grandes métropoles.
On est loin du niveau de service proposé par les RER de région parisienne avec parfois des trains toutes les trois minutes. Mais c'est une petite révolution pour les TER de notre région, qui souffrent d'une mauvaise image à cause de retards et trains annulés.
Du côté de Marseille, les services de la métropole ont déjà commandé des études pour préfiguer ce que pourrait être ce réseau du futur.
Un tel projet suscite beaucoup d'attente. A Venelle, près d'Aix-en-Provence le maire de la ville a prévu d'inaugurer sa "gare fantôme". Plus aucun train ne s'y arrête depuis plus de 60 ans. Le projet de RER métropolitain fait renaître l'espoir pour les habitants de pouvoir rallier en train le centre ville d'Aix-en-Provence en quelques minutes.... en évitant les incontournables bouchons en heure de pointe.
D'autres régions ont pris de l'avance. A Strasbourg, le projet de RER est sur les rails depuis décembre dernier, avec la promesse de 800 trains quotidiens supplémentaires.
Des financements encore flous
Au niveau national, Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF a annoncé un plan à 100 milliards d'euros pour le ferroviaire en février dernier. Et l'Etat annonçait le 6 juin dernier, plus de 8 milliards d'euros pour aider les régions à financer leurs infrastructures. Mais seulement 800 millions sont fléchés pour le développement des premiers SERM.
Une somme insuffisante selon certains députés, alors que le seul projet strasbourgois est estimé à 700 millions d'euros.
C'est ce qui a poussé le député Jean-Marc Zulezi à présenter son projet de loi, en élargissant les prérogatives de la Société du Grand Paris, rebaptisée Société des Grands Projets, à tout le territoire. "L'idée c'est de s'appuyer sur l'expérience du Grand Paris Express et de venir apporter son expertise sur notre territoire", explique l'élu des Bouches-du-Rhône.
Mais aussi de permettre des subventions supplémentaires, à travers des taxes que la société pourra lever dans les régions.
Dans l'opposition, les députés sont critiques. C'est un "nécessaire pas en avant", mais la "coquille reste encore bien vide" en termes de financements, a renchéri l'écologiste Sébastien Peytavie, appelant à "une loi de programmation des infrastructures".
Un manque d'infrastructures
Un RER dans notre région, ce n'est pas pour tout de suite. En Provence-Alpes-Côte-d'Azur, il ne pourra pas voir le jour avant la réalisation d'importants travaux sur la structure ferroviaire. Le réseau est actuellement saturé et la gare Saint-Charles à Marseille, située en cul de sac, est proche du maximum de sa capacité.
Un projet de "ligne nouvelle" doit être réalisé. Il comprend notamment la création d'une gare souterraine traversante à Marseille et la renovation de plusieurs lignes dans les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes. Une étape indispensable avant de pouvoir augmenter la cadence des trains.
Les collectivités locales et l'Etat assurent le financement à 80% de ce projet à 15 milliards d'euros. Le reste est collecté via les impôts. Une nouvelle taxe sur les bureaux et locaux professionels est également en vigueur depuis le 1er janvier. Elle s'ajoute à une augmentation de plus de 30% de la taxe de séjour.
La ligne nouvelle vient tout juste d'entrer dans sa première phase. Elle devait permettre de réduire les temps de trajet entre Marseille et Nice d'ici 2035.
Elle sera aussi la base des futurs RER, qui devront s'appuyer sur les infrastuctures existantes.