Des détenus des Baumettes ont partagé sur Facebook des photos prises à l'intérieur de l'établissement. La direction de la prison s'est exprimée par téléphone sur cette l'affaire révélée par le quotidien La Provence. Les syndicats de surveillants dénoncent eux le manque d'effectifs et de moyens.
La page "MDR o baumettes" aura eu le temps de récolter les "like" de 4800 internautes selon La Provence qui révèle l'affaire, avant d'être fermé par la direction de la prison après quelques semaines d'existence le 31 décembre.
120 photos 4 vidéo
La mode des selfies a pénétré dans les cellules et l'on voit notamment sur les clichés postés, des détenus prenant la pose bon enfant dans les coursives avec leur téléphone portable. Plus dérangeantes encore pour l'administration sont ces photos où un prisonnier à visage découvert exhibe fièrement une liasse de billets de 50 euros (interdits en détention), sur une autre, c'est un jeune homme fume la chicha, et puis il y a aussi ces photos de barrettes de shit posées sur une table. Au total 120 photos et 4 vidéos ont été postés sur cette page selon la comptabilité des gardiens qui ne sont pas surpris de cette découverte, dénonçant depuis des mois les difficultés à effectuer correctement leurs missions par manque de moyens.Ce que confirme, le représentant de la CGT, David Cucchietti :
Un centre de vacances
Dans son article, le quotidien cite la réaction outrée de Catherine Forzi du syndicat FO :Ce n'est plus une prison, c'est un centre de vacances".
Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été immédiates. Sur son compte Twitter, le député Eric Ciotti (@Eciotti), président du Conseil général des Alpes-Maritimes et secrétaire général adjoint de l'UMP interpelle la Garde des Sceaux :
La prison des #Baumettes devenue "un centre de vacances". @ChTaubira allez-vous enfin donner des moyens à la justice? pic.twitter.com/j92IdNvsGZ
— Eric Ciotti ن (@ECiotti) 5 Janvier 2015
Le député maire de Nice Christian Estrosi (@cestrrosi) rejoint quant à lui les revendications des syndicats de la prison:
Liasse de billets, téléphones, #baumettes centre vacances? Cela est honteux besoin de moyens dans politique carcérale http://t.co/8jBJk0DkdP
— Christian Estrosi (@cestrosi) 5 Janvier 2015
Deux enquêtes en cours
Poussée à réagir par la publicité autour cette affaire, la direction interrégionale de l'Administration pénitentiaire indique que six détenus ont été identifiés et que cinq cellules ont été fouillées dans lesquelles ont été retrouvés trois téléphones portables, une lime à bois et une clé USB. Elle précise aussi qu'une enquête administrative et une enquête judiciaire sont en cours.On a tout de suite pris des dispositions après la découverte de cette page Facebook en ouvrant une enquête administrative et en saisissant le procureur de Marseille",
a indiqué Philippe Perron, le directeur interrégional de l'Administration pénitentiaire (AP) de Marseille, qui précise que cette page avait été depuis fermée par son auteur. Selon M. Perron, elle a été publiée depuis "l'extérieur" de la prison, avec des
clichés "remontés de l'établissement", mais l'auteur n'a pas encore "été identifié" et il a retiré la page dès que "ça a commencé à se savoir".
Face aux syndicats qui réclament plus de le directeur répond encore que "700 à 800 téléphones portables ont été saisis l'an passé", preuve selon lui à la fois de "l'efficacité des fouilles" et du niveau d'activité des trafics.
ll existe aujourd'hui des téléphones en matière indétectable par les portiques de sécurité" et "le brouillage des communications" se heurte à l'évolution des technologies comme "le passage à la 4G",
remarque encore le directeur interrégional.
Au cours de l'été dernier, les syndicats avaient attiré l'attention de la direction sur les problèmes de sécurité liés au chantier "Baumettes 2" d'agrandissement du centre pénitentiaire, alors que des "colis" étaient envoyés depuis l'extérieur dans la
cour de promenade.
Le 30 octobre dernier, les surveillants des Baumettes avaient encore protesté devant l'entrée du centre de détention estimant qu'il manque actuellement 50 gardiens à Marseille pour remplir correctement leurs missions.