Boues rouges: plusieurs recours en justice contre la dérogation accordée à Alteo

Plusieurs associations écologistes ont saisi le tribunal administratif de Marseille pour contester le délai de dérogation de six ans, accordé par l'Etat à l'usine Alteo de Gardanne pour mettre ses rejets liquides aux normes. 

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En 2015, une dérogation de l'Etat a permis à l'usine Altéo, de repousser de six ans le délai pour mettre ses rejets liquides aux normes. La nouvelle avait suscité l'émoi parmi les associations de défense de l'environnement. 
Plusieurs d'entre elles viennent de saisir le tribunal administratif de Marseille pour contester ce délai de dérogation.
Sea Sheperd, Surfrider et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) demandent l'annulation "pure et simple" de l'arrêté préfectoral du 28 décembre 2015, explique Surfrider dans un communiqué, "afin que les rejets cessent et que la Convention de Barcelone qui vise à protéger la Méditerranée soit respectée".

20 millions de tonnes de boues rouges depuis 50 ans


L'association France Environnement (FNE) demande quant à elle une réduction du délai de dérogation de six ans accordé par l'Etat à l'usine Alteo pour mettre ses rejets aux normes, écrit-elle dans un communiqué.
"L'industriel et ses prédécesseurs ont rejeté depuis 1967 pas moins de 20 millions de tonnes de boues toxiques dites boues rouges", dans les calanques entre Marseille et Cassis, poursuit FNE.
Alteo, après 50 ans de rejets de "boues rouges" polluantes en Méditerranée, a obtenu fin décembre une nouvelle autorisation préfectorale et un délai de six ans pour mettre ses rejets liquides aux normes. L'usine a modifié ses procédés
et ne rejette plus qu'un liquide filtré, qui a abouti, selon Alteo, à une réduction du flux de métaux rejeté de plus de 99%. Mais les opposants continuent de les considérer comme polluant.
"La pollution continue, le préfet ayant accordé pour 6 ans une dérogation aux valeurs limites de rejets", estime FNE, fustigeant des "dépassements autorisés atteignant parfois de valeurs 1.000 fois supérieures aux seuils imposés par la
loi".


Un "état d'urgence" peu caractérisé


En février 2016, le tribunal administratif a rejeté un référé déposé par ces associations, qui demandaient la suspension de l'arrêté préfectoral autorisant durant six ans les rejets en mer de l'usine d'alumine Alteo de Gardanne (Bouches-du-Rhône).
Le tribunal avait estimé que "la situation d'urgence alléguée par les associations requérantes n'était pas suffisamment caractérisée".
Le juge a considéré que "les études et mesures complémentaires menées en 2015 sur le milieu marin" n'avaient "pas mis en évidence" de danger "sous l'empire de l'ancien procédé industriel, pourtant beaucoup plus polluant".
La question des boues rouges avait créé une polémique entre le Premier ministre de l'époque Manuel Valls et la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal. Cette dernière avait désapprouvé la décision d'autoriser de nouveau le rejet d'effluents, qui
a, selon elle, été prise par le préfet sur "ordre" direct de Manuel Valls.
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