Elle avait été condamnée à trois ans de prison dont deux avec sursis pour détournement de fonds. La députée marseillaise Sylvie Andrieux, exclue du PS, avait fait appel de cette décision. Un procès qui s'est tenu en juin. La cour d'Appel d'Aix doit rendre son jugement ce mardi.
La députée marseillaise Sylvie Andrieux, exclue du PS après une condamnation dont elle avait fait appel dans un dossier de détournement de fonds publics, connaîtra mardi la décision définitive des magistrats de la cour d'appel d'Aix-en-Provence. En mai 2013, cette figure du PS des Bouches-du-Rhône, fille d'un baron du defferrisme, elle-même députée depuis 1997, avait été condamnée en première instance par le tribunal correctionnel de Marseille à trois ans de prison dont deux avec sursis.
700 000 euros de subventions auraient été détournés
Début juin, une condamnation identique a été requise par l'avocat général de la cour d'appel d'Aix, Jules Pinelli, estimant que "la culpabilité de Mme Andrieux (était) parfaitement établie". Le représentant du ministère public a également réclamé que la peine soit assortie de cinq ans d'inéligibilité et 100.000euros d'amende. La justice lui reproche d'avoir, entre 2005 et 2008, distribué à des fins électoralistes des subventions régionales à des associations fictives pour un montant total de 700.000 euros.
Un système clientèliste
Durant une semaine les magistrats de la cour d'appel ont entendu les témoignages des sept protagonistes de ce dossier qui comparaissaient autour de la députée, décrivant tour à tour les arcanes d'un supposé système clientéliste. Un responsable associatif, Abderrezak Zeroual, qui avait fortement mis en cause lors de l'enquête Mme Andrieux, avant de se rétracter en première instance, l'a de nouveau impliquée. Devant les enquêteurs, M. Zeroual avait clairement lié la réélection de Sylvie Andrieux aux subventions versées à des associations fictives, indiquant quedans les quartiers, il se dit, si tu veux t'enrichir, tu n'as qu'à monter une association"
qualifiant même Mme Andrieux de "parrain". M. Zeroual a affirmé devant la cour d'appel qu'il maintenait ses déclarations, expliquant aux magistrats que c'est à cause "de menaces" qui pesaient sur lui qu'il s'était rétracté en première instance.
"Un procès en sorcellerie"
En face, la députée a tenté à nouveau de convaincre qu'elle n'avait aucune responsabilité dans l'attribution des subventions publiques indues, rejetant la faute sur son proche collaborateur, Rolland Balalas. Ce dernier, victime d'un AVC en 2010 -condamné en 2013 à 30 mois avec sursis même peine requise en appel-, est venu témoigner avec difficulté, réitérant à la barre que "c'est Mme Andrieux qui faisait les arbitrages". Mais pour Me Grégoire Ladouari, l'un des avocats de la femme politique, cette seconde audience constituait "un procès en sorcellerie", l'avocat rejetant plus ou moins explicitement la responsabilité du système sur le président socialiste du Conseil régional Michel Vauzelle ,qui n'a pas témoigné en appel, contrairement au procès de première instance.Vers une législative partielle
L'enquête avait été ouverte à la mi-2007, après le signalement à la justice, par la cellule Tracfin, de flux financiers suspects sur les comptes d'associationscensées oeuvrer à la réhabilitation des quartiers. Elles s'étaient révélées être des coquilles vides, l'argent servant à assurer un train de vie confortable à leurs dirigeants qui aidaient en retour Mme Andrieux à se faire élire. Si l'inéligibilité de Mme Andrieux - qui s'est mise en congé du PS pour siéger chez les non-inscrits à l'Assemblée nationale - devait être confirmée, tous recours épuisés, elle déboucherait sur une législative partielle dans un secteur où le FN a ravi la mairie au PS lors des dernières municipales. A l'issue de son procès en appel, Mme Andrieux a affirmé qu'elle avait agi en son "âme et conscience", ajoutant
je fais confiance à la cour parce que mon destin est entre ses mains".