Le réalisateur marseillais Robert Guédiguian a présenté ce mercredi son dernier film "Une histoire de fou" au festival de Cannes. Un long métrage présenté en séance spéciale hors compétition. Le film est consacré au génocide arménien.
Des enfants de la diaspora arménienne qui se tournent vers la violence dans les années 80 pour faire entendre la voix de leurs parents meurtris par l'histoire douloureuse de leurs ancêtres. Robert Guédiguian a consacré son dernier long métrage "Une histoire de fou" au génocide arménien perpétré par l'Etat turc en 1915. Un film présenté mercredi à Cannes en séance spéciale, hors compétition. Dans le rôle principal, son actrice fétiche Ariane Ascaride.
La diaspora arménienne
Une oeuvre que Robert Guédiguian se sentait "l'obligation" de faire en cette année de centenaire. "Une histoire de fou" commence par un prologue, qui raconte l'assassinat en 1921 à Berlin de Talaat Pacha, principal organisateur du génocide arménien, par Soghoman Tehlirian, survivant du génocide.L'histoire se poursuit soixante ans plus tard, dans les années 80. Aram (Syrus Shahidi), fils de Hovannès (Simon Abkarian) et Anouch (Ariane Ascaride), jeune marseillais d'origine arménienne, fait sauter la voiture de l'ambassadeur de Turquie à Paris. Un cycliste qui passait par là, Gilles(Grégoire Leprince-Ringuet) est gravement blessé aux jambes. Aram part ensuite rejoindre l'Asala (Armée secrète arménienne de libération de l'Arménie) à Beyrouth, groupe armé qui commet des attentats et veut forcer le gouvernement turc à reconnaître le génocide. Pendant ce temps, sa mère va se rapprocher de Gilles.
Je me sentais comme une obligation, comme une responsabilité à faire ce film-là. Je crois que les cinéastes, les intellectuels, les chanteurs, les leaders d'opinion ont des responsabilités"
a expliqué le réalisateur d'origine arménienne.
Il me semblait essentiel de faire ce film-là à ce moment-là"
car "non seulement c'est le centenaire du génocide arménien, mais c'est aussi le centenaire de la non-reconnaissance, de la négation donc du génocide arménien par l'Etat turc", a-t-il poursuivi.
Le point de vue d'un jeune homme
Il a été inspiré par "l'histoire d'un Espagnol" accidentellement blessé à Madrid au début des années 80 par une bombe des activistes arméniens. "Le point de vue du spectateur est celui de ce jeune homme", ajoute-t-il, disant avoir voulu "faire une histoire qui soit à la fois tout à fait documentée et juste du point de vue historique, et en même temps un film de fiction". "On a des témoignages sur le génocide. On a des photos, on a des archives, des musées, on a beaucoup d'éléments. Moi je pense que ce qui m'intéressait le plus dans ce film-là, alors que ça fait 100 ans, c'était de raconter toute l'histoire de la mémoire arménienne", souligne-t-il encore.
A tous les spectateurs du monde, je veux dire qu'il faut bien qu'ils mesurent que tout acte commis aujourd'hui a forcément des conséquences sur trois, quatre, cinq, dix générations, que l'histoire ne s'arrête pas à la première victoire"
a-t-il conclu.