Quel avenir pour La Marseillaise, fondé en 1943, Le Ravi créé en 2002, Marsactu lancé en 2010, trois titres emblématiques de la presse marseillaise indépendante, La Marseillaise, Le Ravi et Marsactu confrontés à des difficultés économiques?
Un seul repreneur pour La Marseillaise
Fondée dans la clandestinité par la Résistance communiste en 1943, la Marseillaise lance sa première publication légale en août 1944. Victime de la crise qui frappe la presse papier, la direction se déclare en cessation de paiement fin novembre 2014, enregistrant 1,5 million d'euros de pertes. Dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire, le tribunal de commerce de Marseille doit désigner le 9 février prochain un repreneur. Un seul candidat s'est manifesté à ce jour, les Éditions Fédérés, dirigées par le secrétaire départemental du PC, Pierre Dharréville.Le journal qui, en 2012, a déjà perdu 22 journalistes va devoir encore accepter une réduction d'effectifs, indique la CGT. C'est du côté de l'imprimerie que des économies pourraient être faites avec une externalisation de l'impression.
On n'a pas su prendre le virage numérique",
reconnaît Mireille Roubaud de la CGT. Trois journalistes seulement, sur une rédaction de 93 personnes, fabriquent la version en ligne.
Le crowdfunding à la rescousse
estime pour sa part Pierre Boucaud, le fondateur de Marsactu. "C'était un modèle basé sur un monopole régional de l'information. On livrait le même contenu au cadre marseillais ou au paysan des Hautes-Alpes". Le directeur du pure player marseillais a choisi un positionnement radicalement différent: faire mieux que la PQR sur "les enquêtes, l'environnement, la politique, la vie de la cité". Et laisser le reste à la presse spécialisée.La PQR (presse quotidienne régionale) est condamnée",
L'ancien cadre de Lagardère Active a déjà fait deux tours de table pour faire entrer au capital de Raj Médias des investisseurs (Pierre Boucaud conserve 43% du capital, le reste est détenu par des investisseurs dont Xavier Niel), et un troisième est en cours. A côté du journal "généraliste" Marsactu -qui a enregistré 140.000 euros de pertes-, Raj Médias produit une lettre économique sur abonnement, Marséco. Et pour l'avenir, Pierre Boucaud a été cherché l'inspiration en Malaisie:
Nous envisageons de faire un +Marsactu plus+ avec des enquêtes en exclusivité temporaire (par rapport au gratuit) et les commentaires deviendront payants (réservés aux abonnés)... On va lancer une grande campagne de crowfunding (financement participatif) pour demander à nos lecteurs de s'engager sous forme d'abonnement, de l'ordre de 50 euros par an."
Pour le Ravi, une troisième voie est envisagée. L'association la Tchatche, qui édite le mensuel satirique, est placée en période d'observation jusqu'en mai. Pour pouvoir paraître, une formule de crise a été mise en place: rédaction réduite de 7 à 2 journalistes, pagination diminuée et qualité de papier inférieure... L'avenir passera aussi par des activités complémentaires, notamment des interventions en milieu scolaire.
