Au parc Borély, le coup de canon a tonné. Une semonce comme l’appel à la mobilisation générale d’une pacifique guerre bouliste. Parmi les 4160 équipes, 12 480 joueurs, et cette année, les jeux semblent plus que jamais ouverts. Passage en revue des forces en présence.
Soleil, accents de partout, nations de toute la planète pétanque, galeries dans les allées du parc Borély, champions et joueurs du dimanche, son mat des boules qui claque, et le Vieux-Port à l’horizon….Si chaque année, le décor, grandiose, reste le même, le cours du Mondial La Marseillaise connait lui des évolutions différentes. Des révolutions imprévisibles….Des chocs mémorables….Des défaites émouvantes et des victoires flamboyantes…Et cette année 2015 s’annonce comme celle de tous les possibles.
A l'ombre des grands absents
Cette édition se singularise en effet par un long chapelet de noms incontournables : Quintais, Suchaud, Pelloux, Passo, Robineau, Philipson, et l’extra-terrestre Dylan Rocher. Seulement, ils ne figurent pas au catalogue très fermé des grands favoris, mais aux listing des grandes ombres. A Marseille, ils brilleront cette année par leur absence. Du coup, ce Mondial n’a jamais été aussi ouvert. A qui donc profitera cette non-participation des gros calibres ? Des candidats plus que sérieux comptent bien profiter de ces défections…
L’honneur revient en premier lieu aux rois couronnés l’an dernier : Garagnon, Délys et Bauer. Leur qualification pour le championnat de France triplette, les 5 et 6 septembre prochains à Narbonne, confirment leur forme du moment. Portés par la défense de leur titre et par un public local acquis à leur cause, cette formation possède les atouts nécessaires pour se dégager la voie qui mène au Vieux-Port.
Marseillaise reste intimement liée à un nom, un palmarès, une légende : Foyot. Gentleman Marco impose ici sa stature d’homme aux six couronnes, à un sacre près du record du légendaire Albert Pisapia et ses sept titres. Avec son ami le pointeur Toulousain Christian Lapeyre et le bombardier Gino Debard, Marco nourrit une simple ambition : « Je veux avant tout me faire plaisir, et bien sûr aller le plus loin possible. Je rêve surtout de jouer sur le terrain d’honneur en compagnie de mon ami Christian Lapeyre ».
L’armada Malgache
Une formation inédite créera assurément émotion et spectacle : Dubois, Puccinelli et Molinas. Antoine Dubois, dit « Vigo », affiche déjà 4 victoires au compteur, dont un doublé en 2012 et 2013. L’excellent pointeur de Dylan Rocher lors de ce Mondial a monté cette année une équipe irrésistible. Le champion d’Europe et enfant du pays Jean-Michel Puccinelli prouvera toute l’efficacité de son jeu en son poste de milieu, devant son public. Et puis, dans le rôle de bombardier en chef, une pure pépite : Joseph Molinas, dit « Tyson ». A 16 ans, le minot s’est imposé comme un véritable phénomène, éclaboussant de sa puissance de frappe l’ensemble des nationaux qu’il remporte à un rythme infernal, à l’image de l’hyper élitiste tête à tête du mondial à Millau remporté l’an dernier. Un Tyson Molinas qui apparait déjà comme le jeune successeur d’un certain Dylan Rocher….
Seulement, une nation bouleverse actuellement la hiérarchie mondiale, et rouleau-compresse tout sur son passage : Madagascar. Ses deux victoires successives aux deux premières étapes des Masters symbolisent le nuage sur lequel les joueurs Malgaches survolent actuellement les affaires boulistes. L’année dernière, les Malgaches s’inclinaient de peu à l’ultime étape Marseillaise, dans une finale controversée où le manque de fair-play criard d’une partie du public les a forcément déstabilisés. Pas l’ombre d’un doute : ils possèdent l’arsenal nécessaire pour inscrire enfin leurs noms au palmarès du Mondial.
Une autre équipe particulièrement costaud est également capable de tomber n’importe qui : Usaï, Durk et Savin. D’une efficacité redoutable à leur poste respectif, cette triplette ne devrait pas être loin du compte, si tant est qu’elle parvient à jouer ensemble et à dérouler leur jeu agressif et pressurisant.
Le plus français des joueurs Belges ne manquera pas non plus de laisser éclater son grandiose talent sur le sol Marseillais : Claudy Weibel, premier champion tête à tête de l’histoire bouliste, ne jouera évidemment pas les seconds rôles dans cette dramaturgique compétition.
Dans le cercle très fermé des meilleurs joueurs de la planète, l’épatant Henri Lacroix, considéré par beaucoup comme le joueur le plus complet au monde, s’impose déjà comme un client des plus sérieux. Pour épauler son incroyable densité de jeu, il pourra compter sur Simon Cortès en artificier de tête, et sur l’appoint du discret mais efficace Bruno.
Et enfin, impossible de ne pas évoquer le grand Eric Bartoli. Le chouchou du public, trois fois demi-finaliste, emploiera cette année encore son immense talent pour arracher sa place au dernier carré d’honneur. De plus, il s’est monté cette année avec son fils Kévin et le jeune Nicolas Perry. Une motivation sentimentale supplémentaire qui devrait transcender le charismatique Eric.
Sans conteste, cette 54ème édition du Mondial se livre plus que séduisante, avec un horizon dégagé, et des chocs spectaculaires et indécis qui lui donneront une saveur et un piment excitants…