Marseille, tout aussi polluée que Paris

On n'en parle moins mais Marseille est aussi polluée que la capitale. Les pics de pollution se succèdent à Paris, les mesures de circulation alternée aussi. Dans la cité phocéenne, on respire tout aussi mal mais en silence. Une enquête de nos confrères du Monde.

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Pollution à l'ozone, pollution aux particules fines, dans ces domaines, Marseille n'a rien à envier à Paris. L'air marin et le mistral n'y changent rien. La concentration de particules fines (PM10) atteint 31,8 microgrammes par m3 en moyenne chaque année dans la cité phocéenne selon une étude de l'Institut de Veille Sanitaire, relayée par nos confrères du Monde. Paris n'est qu'à 27,5 microgrammes par m3. Des mesures qui dépassent les normes fixées par l'Organisation Mondiale de la Santé

L'an dernier, Marseille a connu 17 dépassements du seuil d'information (c'est-à-dire à plus de 50 microgrammes par m3). Paris n'en a connu "que" 15 (dont 4, toutefois, dépassaient également le seuil d’alerte, atteint à partir d’une concentration de particules de 80 µg/m3 d’air).


La proximité de la mer n'y change rien, le souffle du mistral non plus. Comme pour d'autres grandes villes, c'est le trafic routier qui provoque cette pollution, d'autant plus que 3 voitures sur 4 qui circulent dans Marseille roulent au diesel. 

Le taux de motorisation reste dans l’agglomération bien supérieur à celui de Paris ou même de Lyon. Et le parc de voitures n’est pas des plus modernes"


souligne Dominique Robin, directeur d’Air PACA, l’observatoire de la qualité de l’air de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. (Propos recueillis par Le Monde)

La proximité de l'Etang de Berre

Aux portes de Marseille, le pôle industriel de l'Etang de Berre n'arrange pas les choses. Les émissions de particules sont poussées par le vent jusque sur le Vieux-Port. Le chauffage au bois développé dans la vallée de l’Huveaune est une autre source de pollution. Le brûlage des déchets verts également, très pratiqué dans notre région. Et Nicolas Marchand, du Laboratoire chimie environnement (LCE) de l’université d’Aix-Marseille de souligner à nos confrères du Monde :

Depuis la mi-octobre jusqu’au milieu de l’hiver notamment, le brûlage des déchets verts a un impact important. Lors des pics de pollution en automne, cette pratique peut générer plus de 50 % de la masse de PM2,5 [particules d’un diamètre inférieur à 2,5 microns]"


L'effet du soleil

A Marseille, la pollution reste élevée toute l'année. Dans d'autres villes comme Paris, les écarts de température entre les saisons sont marqués et la concentration de particules fines baisse en été. Dans la cité phocéenne, l'été, le rayonnement ultraviolet solaire et la température élevée engendrent des processus photochimiques qui transforment en particules des gaz précurseurs (oxydes d’azote, ammoniac, composés organiques volatils…) produits par les transports, l’industrie, l’agriculture.
La majorité des particules fines empoisonnant l’air marseillais lors de la saison estivale sont ainsi des particules dites "secondaires", non émises directement, mais formées dans l’atmosphère, sous l’effet du soleil.

Si, en hiver, les particules fines sont émises directement par le diesel et par le chauffage, en été, jusqu’à 75% des particules sont issues de l’action du soleil sur les polluants primaires produits par des sources multiples"


observe Dominique Robin, qui rappelle que ces mêmes processus photochimiques sont à l’origine de la formation de l’ozone. Les Bouches-du-Rhône sont en effet le département le plus soumis à des pics d’ozone, avec entre 20 et 40 épisodes de pollution chaque été.
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