"Misanthrope (s)" est sur la scène du théatre de la Criée de Marseille jusqu'au 5 mars. La pièce de Molière est adaptée par Alexis Moati et Pierre Laneyrie dans une version moderne qui invite le public à s'interroger sur le sens de la vie.
Après "Le Malade imaginaire" et "L'Avare", la compagnie "Vol plané" crée un "Misanthrope" détonant au théâtre national de la Criée à Marseille, coproducteur de la création.
Sur fond de décor dépouillé, du papier argenté, un synthétiseur, une guitare électrique et une table jonchée d'objets hétéroclites et contemporains, dont un ordinateur portable, les deux metteurs en scène, Alexis Moati et Pierre Laneyrie entendent conduire le spectateur à s'interroger sur "le sens de la vie", et s'intéressent à "ce que la pièce nous dit de l'humain d'aujourd'hui, et non pas de la cour de Louis XIV".
Sur scène, cinq acteurs, dont quatre interprètent à tour de rôle Alceste, le misanthrope, alternant alexandrins tirés des scènes de la pièce de Molière avec leurs propres interrogations, dans une langue très contemporaine, sur leur choix de ce rôle, sur la place du théâtre en général et du métier d'acteur ou sur le sens de la vie "dans un monde où tout est programmé, sans risque", où chacun est "attaché à sa machine Nespresso".
Le costume et la perruque d'époque porté par Clitandre sont vite abandonnés, les deux amis Alceste et Philindre sont en pantalon et chemise pour finir par se mettre à nu, au sens propre. Célimène apparaît en cheveux longs et jean étroit, éternelle amoureuse émancipée et collectionneuse d'amants dont elle égrène la liste telle un Don Juan féminin.
Et chacun de se demander "en quoi suis-je Alceste?" "Alceste, c'est l'occasion de dire la vérité", dit l'un de ses interprètes, Alexis Moati, prenant à témoin, lors de moments d'improvisations, les spectateurs.
Alceste c'est l'intégriste,le terroriste de la vérité",
dit un autre. Dans ce Misanthrope très librement adapté, les acteurs chantent et dansent sur du rock, les sonnets originaux sont joués et chantés au piano sur des airs d'Elton John.
Il s'agit "d'inventer les codes de la représentation avec les spectateurs, (...) dans cet unique objectif: réactiver la pièce", justifient les metteurs en scène. Selon eux, "c'est bien la comédie sociale que +Le Misanthrope+ met en scène. Et nous le prendrons au pied de la lettre: la vie et le théâtre sont intimement mêlés sur notre plateau", disent-ils.