Procès à Aix-en-Provence d'un maçon qui aurait tué un jeune des quartiers nord

Ce mercredi débute aux assises des Bouches-du-Rhône le procès de Jean Grabo. Cet homme de 59 ans est accusé d'avoir tiré avec sa carabine, depuis sa cuisine, sur des jeunes dans les quartiers nord de Marseille en 2011. Un adolescent de 15 ans était mort des suites de ses blessures.

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Tir de semonce ou tir pour tuer, les jurés des assises des Bouches-du-Rhône vont juger de mercredi à vendredi, le geste de Jean Grabo, maçon au chômage, soupçonné d'avoir tué dans les quartiers nord de Marseille en 2011 un adolescent depuis sa cuisine. Aujourd'hui âgé de 59 ans, l'homme qui comparaît pour meurtre et détention d'arme, assure avoir seulement voulu faire fuir les adolescents qui cambriolaient un local voisin de son logement quand il a tiré dans leur direction. Mais Antoine, dit "Tolcio", 15 ans, est mort des suites de ses blessures.

Des tirs à trois reprises

Il est 19h, le 2 mai 2011, lorsque Jean Gabro, armé d'une carabine 22 LR, tire à trois reprises depuis son appartement au premier étage d'un petit immeuble du 15e arrondissement de Marseille. Selon l'accusation, il n'appelle ni la police, ni les secours. Un témoin l'aperçoit au contraire, vociférant, en pleine rue : "ça commence à bien faire", ajoutant à l'adresse du médecin du quartier : "heureusement que je suis intervenu, ils allaient s'occuper de votre voiture."
Antoine, un adolescent bien connu dans le quartier, git au sol. Les secours, appelés par une passante, font face à l'effervescence qui se crée autour du blessé. L'ambiance se tend. L'adolescent décéde malgré les soins qui lui sont prodigués.

Il dit avoir voulu intimider les jeunes

Rapidement, les policiers de la brigade criminelle de la sûreté départementale établissent que le maçon est l'auteur des tirs. Ce dernier reconnaît avoir fait feu pour intimider deux jeunes, qu'il dit avoir mis en fuite à deux reprises. Selon l'enquête, Jean Grabo, défendu par Me Dominique Mattei et Me Eric Dupont-Moretti, a affirmé, qu'il avait déjà, un peu plus tôt dans la journée, interpellé deux jeunes hommes qui rodaient autour du local d'une société de sécurité visible depuis sa cuisine. Lorsque les jeunes étaient revenus, il avait alors brandi un fusil par la fenêtre, les mettant une deuxième fois en fuite. Mais, lors de leur troisième visite, après qu'ils eurent découpé un grillage pour s'introduire dans le local et y dérober un maigre butin -un ordinateur portable-
le quinquagénaire s'était mis à tirer. Vers le sol, selon ses dires. L'expertise médicolégale révélera que l'un des projectiles 22 LR avait perforé un poumon de la victime, endommageant irrémédiablement le coeur et le foie de l'adolescent. L'autre adolescent, âgé de 17 ans, avait pris la fuite avant de se livrer à la police.

Un véritable arsenal chez lui

Outre l'arme utilisée pour le meurtre, une carabine de marque Erma-Werke que M. Grabo a expliqué avoir acheté en grande surface dans les années 80, le maçon avait accumulé dans son petit appartement un véritable arsenal: deux carabines, plusieurs fusils, dont un fusil à pompe, des munitions en nombre, des cartouchières, des chargeurs approvisionnés. Il est décrit par son frère aîné, Joseph, qui habitait à l'époque des faits le même immeuble, comme quelqu'un de "solitaire, impulsif, pas méchant mais capable de réactions violentes" dès qu'il se sent attaqué. Un voisin a confirmé qu'il avait beaucoup changé après avoir subi une agression. Un vol avec violences dont les auteurs n'avaient pas été retrouvés malgré le dépôt d'une plainte.

Des obsèques sous tension

Les obsèques du jeune Antoine, quelques jours après le drame, avaient été émaillées d'incidents dans le quartier du Verduron, notamment a proximité du domicile de M. Grabo. Un an après les faits, la reconstitution du meurtre organisée par le magistrat instructeur, avait également généré des tensions. La douleur de la mort de "Tolcio", décrit par ses proches comme "gentil et sociable", était encore vive. Le verdict est attendu vendredi soir.
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