Ils ont entre sept et douze ans. Ils ont répété pendant près de trois ans pour un concert classique qui aura lieu ce jeudi 17 juin à 19h au théatre Sylvain à Marseille, en plein air. Avant ce projet, aucun de ces élèves issus des quartiers prioritaires n'avaient approché un instrument de musique.
"Il ne faut pas partir trop fort, il faut faire un grand grand crescendo", explique Victorien Vanoosten, le chef d'orchestre à ses musiciens en herbe.
Motivés, appliqués comme toujours. Lors de la répétition générale ce mercredi dans la cour d'école rien ne différencie plus ces élèves, d'autres du même âge en répétition également, à quelques réflexions près.
"Avant je n'avais jamais vu un violon", explique un des élèves. "C'est trop cher", reconnait un autre.
Flûtes traversières, trombones ou encore violons, ces instruments complexes à maîtriser ont été mis entre les mains de ces 85 apprentis musiciens âgés de sept à douze ans.
"J'ai choisi le trombone un peu par hasard", avoue un musicien amateur. Il leur a fallu trois ans d'apprentissage pour être en mesure de se produire comme un orchestre classique. Ce jeudi soir, les mesures de L'incroyable épopée de Ferdinand le goéland s'envoleront dans l'anse de la fausse monnaie, Corniche Kennedy, pour cette création de Laurent Elba.
"Ils doivent apprendre les codes de l'orchestre, savoir écouter les autres, le chef d'orchestre, savoir lire une partition, il y a beaucoup d'éléments", indique Victorien Vanoosten le chef d'orchestre.
Amener la musique là où on ne l'attend pas
Cette formation est issue du projet Démos. Ce dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale est l'oeuvre de la Cité de la musique - Philharmonie de Paris. Démos est présent sur le territoire national grâce à des partenariats avec les collectivités territoriales locales/.
L'idée est d'amener la musique là où on ne l'attend pas, dans les quartiers populaires. L’orchestre est composé aussi de musiciens professionnels qui épaulent les élèves.
Le projet Demos existe depuis 11 ans. A Marseille, il est réparti sur les différents territoires de la ville. " On fait le lien avec les centres sociaux pour qu'ils aient une pratique pérenne au bout de ces trois ans, et qu'ils puissent intégrer les conservatoires ou lieux artistiques du territoire", explique Christelle Serre, violoniste professionnelle.
Pour ceux qui souhaitent poursuivre, les instruments leur sont offerts. À Marseille, le chef d'orchestre Victorien Vanoosten assure le relais du projet Démos depuis six ans.
"Pour moi ce concert a une saveur toute particulière. Cette période a été dure pour tout le monde, et particulièrement pour les enfants, et c'est une grande victoire pour eux de se produire ce soir. On n'a pu se retrouver ensemble et nombreux que tardivement à cause des contraintes sanitaires".
Anaïs, trombone en main et sourire aux lèvres, explique ce qu'elle ressent lorsqu'elle joue : "du bonheur, de la joie, de la bonne humeur, tout en fait".
"C'est important dans ma vie et dans l'enseignement de la musique, de ce que peut apporter la musique. C'est important dans le vivre ensemble, dans l'orchestre, jouer ensemble, s'écouter", résume le chef d'orchestre.
La musique adoucit les moeurs et se partage aussi entre grands et petits.
