Réduction des vacances scolaires : pourquoi cette mesure proposée par Emmanuel Macron à Marseille est si compliquée à mettre en place ?

Lors de son déplacement à Marseille, le président de la République a annoncé vouloir réduire la durée des vacances scolaires l'été. Il espère ainsi réduire les inégalités entre les élèves.

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"C'est un coup de com, du vent pour éviter de parler des autres sujets qui concernent Marseille." Séverine Gil, présidente de fédération des parents d'élèves du 13 en est convaincue. Le projet d'Emmanuel Macron de réduire les vacances scolaires d'été n'aboutira pas.

Le président de la République, en visite de trois jours à Marseille, veut relancer un débat aux allures de serpent de mer. Des ministres de l'Education nationale s'y sont déjà cassé les dents. Luc Chatel, sous Nicolas Sarkozy en 2011 puis Vincent Peillon sous François Hollande en 2013, avaient souhaité les raccourcir de deux semaines... Sans succès. Alors pourquoi est-ce si compliqué de toucher aux vacances scolaires d'été ?

Parce que cela impacterait l'économie

"Les vacances c’est des enjeux économiques importants. Le débat ne peut pas se passer en pointant uniquement du doigt les enseignants qui auraient trop de vacances", estime Caroline Chevet, secrétaire académique SNES-FSU, le principal syndicat des enseignats du secondaire.

Réduire les vacances d'été, cela revient à réduire les périodes de fréquentation des sites touristiques. Dans notre région l'industrie du tourisme pèse 20 milliards d'euros, soit 13% du PIB régional, selon les chiffres du comité régional du tourisme.

Mais tous les professionnels ne seraient pas impactés de la même manière, explique Nicolas Gyot, président des hôteliers à l'Umih 13. "Pour une destination comme Marseille, le tourisme d'affaire peut compenser. Mais les destinations balnéaires risquent de s'opposer à ce projet. Les touristes de villégiature sont ceux qui consomment le plus dans les activités et les restaurants".

Au delà du tourisme, c'est tout le secteur économique qui serait impacté. "Je travaille dans le secteur des transports, et les vacances d'été impliquent une hausse de l'activité", signale Séverine Gil. "Et au delà, toutes nos entreprises sont organisées autour de ces congés. Alors chambouler tout ça pour remettre le rythme des enfants au centre, je dis bravo. Mais je ne pense pas qu'Emmanuel Macron pourra le faire."

Parce que les enseignants défendent leurs conditions de travail

Moins de vacances pour les élèves, c'est aussi moins de congés pour les enseignants... Qui ne sont pas prêts à travailler plus longtemps sans compensation.

"On assiste actuellement à une crise des vocations, sans précédent", alerte Caroline Chevet, membre du Snes, principal syndicat des enseignants des collèges et lycées. Cetta année encore, les concours de l'enseignement n'ont pas fait le plein.

"C'est irresponsable d'annoncer une dégradation des conditions de travail d'un métier qui peine à recruter", pointe Caroline Chevet. Elle rappelle que les enseignants du secondaire travaillent en moyenne 43 heures par semaine.

Elle rejoint néammoins le président sur un point. "Depuis plusieurs années, on perd des heures de cours. Avec la réforme du lycée, les secondes sont passés de 30 à 26 heures hebdomadaires."

Elle pointe surtout 'l'évaporation" des lycéens en fin d'année scolaire, à cause de la nouvelle organisation du baccalauréat. "Occupons-nous déjà de maintenir les élèves pendant les 36 semaines de cours obligatoires. Assurons-nous de leur donner des cours dans de bonnes conditions, avec des enseignants formés et en réduisant les effectifs par classe".

Parce que la mesure n'est pas suffisante pour réduire les inégalités 

Le souhait d'Emmanuel Macron est de réduire les inégalités, et de permettre aux enfants des quartiers populaires de s'occuper pendant les deux mois d'été.

"C'est vrai que le temps hors scolaire accroît les inégalités", accorde Caroline Chevet. "Pendant l'année, on est plutôt favorables à l’accueil des élèves dans les établissements plus tard dans la journée, en donnant les moyens humains supplémentaires. Mais la lutte contre ces inégalités ne se résume pas à l'éducation nationale".

Pour elle, il faut d'abord permettre aux enfants et adolescents des quartiers populaires d'avoir accès à des activités sportives et culturelles pendant l'été. "Les centres sociaux sont dans un état lamentable, les subventions aux associations sont réduites. Et quand on voit l'état des infrastructures sportives à Marseille..."

Dans les quartiers nords, seules deux piscines resteront ouvertes au public cet été, soit un bassin pour plus de 120 000 habitants.

La syndicaliste estime donc qu'il faut d'abord mettre les moyens pour permettre aux plus modestes de profiter de la coupure estivale. "Avec huit semaines de vacances, on n'est pas non plus sur une durée excessive."

La France fait partie des pays européens les moins généreux avec les vacances d'été. Les jeunes Irlandais, Portugais et Lettons se reposent 13 semaines consécutives. Les pays nordiques offrent neuf à onze semaines de repos aux élèves, tout en considérés comme des systèmes éducatifs performants.

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