En reprenant les titres du sud du Groupe Hersant Médias (GHM) Bernard Tapie revient à Marseille. Une arrivée qui peut inquiéter les journalistes de La Provence. Un retour qui peut aussi annoncer une éventuelle candidature à la mairie de Marseille.
Bernard Tapie revient à Marseille. Après une nouvelle manoeuvre dont il a le secret, l'homme d'affaire a mis la main sur plusieurs journaux: la Provence, Var Matin, Nice Matin et Corse Matin. Hier, jeudi, il s'est rendu dans les locaux de Nice Matin, puis de La Provence, pour rencontrer les directions de ces quotidiens. Il était accompagné de Philippe Hersant. Les rédactions ont eu ensuite un compte-rendu des projets de leur nouveau patron.
"Il nous a expliqué avec ses mots, sa passion, son envie et son amour de Marseille. Il nous a dit avec humour qu'il ne connaissait pas trop la presse, qu'il n'aimait pas forcément ça, mais qu'il était content d'être à Marseille", a raconté Philippe Minard, directeur des rédactions de La Provence, après leur entrevue.
Selon Philippe Minard, M. Tapie va prendre la direction du conseil de surveillance de GHM. Il compte développer un grand groupe de presse dans le sud, en gardant tous les titres. Il souhaiterait aussi diversifier ce groupe: dans l'audiovisuel et aurait d'ailleurs déjà rencontré le patron de LCM, la chaîne télé marseillaise; sur internet et dans l'évènementiel. un investissement de 40 à 50 millions d'euros serait envisagé.
Prévoyant l'arrivée d'un repreneur, la Société des journalistes, un groupe représentant tous les journalistes de la rédaction, a rédigé une charte qu'elle compte soumettre au nouvel actionnaire. M. Minard espère que les reporters pourront travailler "dans des conditions normales", notamment sur les affaires en cours.
Dans la rédaction, une "grosse inquiétude" serait le terme qualifiant le mieux l'arrivée du nouveau repreneur. "On a une impression de flou terrible ce soir", précisait à l'AFP Serge Mercier, élu du Syndicat national des journalistes (SNJ). Certains journalistes pourrait faire valoir leur clause de cession et quitter le journal. Le SNJ-CGT et la CFDT, au niveau national, ont réclamé des explications au gouvernement.
Dans une lettre adressée au conciliateur de la reprise de GHM, révélée par Libération jeudi, l'homme d'affaires indique s'être engagé en ce sens auprès de Philippe Hersant, ou, en cas de candidature, à céder ses parts au profit d'une association caritative.
A Marseille, l'ancien ministre de la Ville (1992-1993), élu député en 1989 sous les couleurs de la gauche, est attendu de pied ferme par la classe politique.
Pour le député PS Patrick Mennucci, qui fait partie des personnalités politiques pouvant briguer le poste de maire de la cité phocéenne, "Tapie ne cache plus sa stratégie: reprendre pied à Marseille et se replacer au centre du jeu, puis en profiter pour se lancer dans des manoeuvres électorales".
Pour Jean-Claude Gaudin, le maire UMP, "en politique, quand on dit jamais, ça veut dire "pas pour l'instant",
alors je m'attends à tout".
Le porte-parole local des Verts, Sébastien Barles, a lui estimé que l'alliance Hersant-Tapie "nous rapproche un peu plus de l'Italie berlusconiste où affairisme, contrôle de la presse, ambition personnelle et argent-roi se mélangent dans un cocktail mettant en péril notre démocratie".