Depuis le rapport accablant de Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation, paru en décembre,qui a considéré des conditions de détention aux Baumettes, à Marseille, comme "des violations graves des droits fondamentaux", des travaux ont débuté dans la prison.
Voici l'état dans lequel se trouvait la prison en décembre dernier, avecdes photos publiées sur les réseaux sociaux:
Les premiers coups de pinceaux ont débuté à la mi-décembre, avant une visite début janvier de la garde des Sceaux Christiane Taubira. Cette enceinte des années 30 est dans un état de délabrement avancé. Dans les coursives, l'eau des pluies charrie des détritus. Les allées longeant la cour servent de dépotoir géant: des chaussures usées, des plateaux repas qui viennent d'être projetés des fenêtres et d'autres objets.
C'est au bâtiment A, le plus important des quatre de l'établissement, que se concentrent les travaux. Billy, une vingtaine d'années, partage avec un autre détenu une cellule rénovée. "Avant c'était vraiment pitoyable, alors quand j'ai vu la cellule rénovée et propre, j'étais content. Ça sentait encore la peinture quand je suis arrivé", raconte le jeune homme. 314 cellules sur les 848 du secteur des hommes vont faire elles aussi l'objet d'une telle réhabilitation.
Le directeur-adjoint de la prison, Jean-Luc Ruffenach, fait visiter une autre cellule réhabilitée qui fait partie d'un "projet-école" dans lequel 12 détenus, encadrés par un personnel technique, sont chargés de la rénovation, chacun apprenant
ainsi aussi peu à peu un métier. Les trois détenus qui vivent dans cette cellule s'accordent pour dire que "leur moral s'est amélioré".
"On a vécu dans des cellules abominables", explique l'un d'eux, Julien. "Les conditions de vie ont changé (aujourd'hui). On peut nettoyer notre cellule comme si on était à la maison. Le sol et les fenêtres sont neufs, on a une belle vue. En plus, on a l'avantage d'avoir des toilettes fermés, c'est important", dit-il. Les travaux ont apporté un double vitrage, de nouvelles prises électriques, une plomberie aux normes et un écran plat. Les toilettes ne disposent cependant pas de cloison comme exigé par l'observatoire international des prisons (OIP), mais d'un "mur d'intimité".
Toutes les cellules ne pourront pas être entièrement rénovées dans le cadre du projet-école car il faut "6 semaines pour faire 4 cellules. C'est beaucoup plus long (qu'une rénovation classique), je ne peux pas rénover l'ensemble du bâtiment avec un tel rythme. Je mène une action rapide pour proposer un bâtiment rénové d'ici la fin de l'année", explique le directeur de l'établissement.
En parallèle, un plan de dératisation a été mis en place, et la pose de caillebotis aux fenêtres devrait faire cesser les projections extérieures. "On voit moins de rats dans les coursives", constate un surveillant. Le cahier des charges diligenté par direction technique inter-régionale de la région PACA prévoit la modernisation de 250 cellules d'ici la fin de l'année avec comme contrainte de gérer une population carcérale atteignant un taux d'occupation de 141 % (1.594 détenus pour 1.370 places). En moyenne, une cellule par semaine est rénovée par une équipe constituée de 5 ouvriers qualifiés et de 4 détenus.
L'un des détenus du chantier espère que son "travail sera respecté" par les autres détenus.
En attendant, à défaut d'une cellule restaurée, trois-quarts des incarcérés "patientent" et s'en remettent au système D. Et en ce jour de fort mistral, un détenu a utilisé des serviettes pour boucher les trous de sa fenêtre et allumé sa plaque-chauffante pour éloigner le froid.