Le site de Médiapart révèle ce jeudi que le tribunal de Marseille a censuré un reportage de France Culture en raison de dérapages au cours d'une audience de comparution immédiate enregistrée par une journaliste.
La journaliste Culture Pascale Pascariello avait obtenu d'enregistrer des audiences du tribunal de grande instance de Marseille pour l’émission de France Culture « Les pieds sur terre ». La convention passée avec les autorités judiciaires l'autorisait à suivre des procès pendant plusieurs mois et d’en diffuser des passages, après avoir fait valider par leurs soins ses montages.
Mais, le 20 février, raconte Médiapart, France Culture diffuse des extraits qui "font fait résonner une justice inhumaine, brutale, déloyale". Le TGI de Marseille rompt immédiatement l'accord accusant la journaliste d'un montage "biaisé, non contextualisé".
Médiapart, qui a pu récupérer l’intégralité de l’enregistrement de 10 minutes, invite chacun à se faire une opinion. Au terme de 48 minutes d'une audience que le site d'nformation décrit comme un "condensé de ce qui se fait de pire en matière de justice d’urgence", le prévenu, renommé Ahmed, âgé de 18 ans, sans casier, est condamné à 5 ans de prison ferme pour avoir volé à trois reprises des téléphones portables à des jeunes filles, en es blessant légèrement.
Médiapart précise que ni la présidente de l’audience, ni la présidente du tribunal de grande instance de Marseille, Isabelle Gorce, n’ont donné suite à ses sollicitations, mais un magistrat interrogé s'étonne de la sévérité de la condamnation : "un jeune homme qui n’a pas d’antécédents judiciaires ne peut pas être condamné pour de tels faits à plus de deux ans de prison, dont un an avec sursis. Et encore : ce serait déjà très ferme."
Caricatural mais pas exceptionnel
Marie-Blanche Régnier, déléguée régionale du syndicat de la magistrature cité par Médiapart commentet :"le cadre des comparutions immédiates porte les germes d’un tel dérapage. Mais cette audience est un cas d’école de ce qu’on peut faire de pire".
Brice Grazzini, avocat membre de la commission pénale du barreau de Marseille (formation des confrères, relation avec les tribunaux, gestion des incidents),note pour sa part que "les juridictions où ça se passe sont connues. C’est une audience caricaturale. Mais attention : ce n’est pas une situation exceptionnelle. Et le problème est que la défense pénale d’urgence est souvent assurée par de jeunes avocats qui ne savent pas comment réagir, qui craignent d’être ensuite mal vus par les magistrats qu’ils retrouveront lors de nouvelles audiences".
Médiapart indique que Brice Grazzini a décidé d'apporter son soutien au jeune Ahmed, qui a fait appel de sa condamnation.