Une plainte collective pour réunir les victimes de la pollution des navires dans le port de Marseille : le collectif Stop Croisières, associations et riverains s'allient pour dénoncer l'inertie face à une "mise en danger" des populations et un "préjudice écologique".
Après la pétition lancée à l'été 2022 par le maire de Marseille Benoît Payan contre les navires polluants, voici une nouvelle action qui va faire couler de l'encre. Le collectif Stop Croisières invite les victimes de nuisances à se rejoindre dans une plainte collective en justice.
A leur coté, l'association Cap au Nord, qui se décide à durcir le ton : "C'est l'aboutissement d'un combat que nous menons depuis 30 ans", explique sa présidente Marie Prost-Colletta, et à présent "il faut oser aller sur le champ pénal pour que les plaignants soient entendus." La porte-parole de l'association a conscience des enjeux économiques qui pèsent de tout leur poids face à la mobilisation citoyenne, mais elle estime qu'il est temps pour la ville de renouer la confiance entre les habitants et leur port.
"Autrefois, le port faisait vivre Marseille. Aujourd'hui, il tue ses habitants en dégradant leur santé."
Marie Prost-Colletta, présidente de l'association Cap au Nord
Par cette action en justice, Cap au Nord souhaiterait faire bouger les lignes en matière de législation et de contrôles de l'Etat, en rassemblant dans son sillage, pourquoi pas, d'autres ports de France concernés par la pollution maritime.
Un recours pour rassembler les riverains victimes
La maison de Michèle Rosier perchée sur la falaise de Mourepiane surplombe le Grand Port Maritime de Marseille. Victime en 2021 de problèmes cardiovasculaires qu'elle impute à la "pollution permanente des ferries, cargos et paquebots" croisant au large de ses fenêtres, elle a décidé de rejoindre la plainte collective.
Cette riveraine affirme que des particules noires se déposent partout dans son jardin et que "ces poussières, quand on sort, on les retrouve dans l'air !"
"Il nous est arrivé de quitter la maison parce qu'on ne pouvait plus respirer. Je n'en peux plus, j'ai peur."
Michèle Rosier, riveraine du port et plaignante
Michèle Rosier figure parmi les 25 plaignants qui ont rejoint à ce jour les associations Cap au Nord et Alternatiba Marseille dans cette action collective.
Tous dans le même bateau contre "un écocide"
Une plainte contre X a ainsi été déposée mardi 28 février pour mise en danger d'autrui et préjudice écologique. L'objectif étant de contraindre la justice à ouvrir une enquête, à entendre les riverains, pour faire reconnaitre les dommages causés sur leur santé. Mais il s'agit aussi, in fine, d'obtenir la condamnation des auteurs de cette pollution qualifiée "d'écocide" par les plaignants. En se constituant partie civile, les victimes pourront également prétendre à une indemnisation.
Selon Me Nicolas Chambardon, l'un des avocats de cette action collective, "il faut mettre en place des outils pour contrôler la pollution maritime. A ce jour, il n'existe pas de mesures ni d'échantillonnages spécifiques autour du port et pourtant, on sait qu'un paquebot consomme des carburants 3500 fois plus polluants que du gasoil ou de l'essence."
Né en mai 2022, Stop Croisières porte ainsi en justice ses revendications. Selon le collectif, crises d’asthme, toux, cancers ou qualité de vie dégradée sont le quotidien des riverains du port qui subissent la pollution de l’air des navires. Sans compter la pollution maritime engendrée par les bateaux qui accostent.
Si les croisiéristes ont fini par s'ancrer dans le décor, les militants du collectif brandissent plus que jamais leur slogan "Notre air, nos mers et notre santé ne sont pas à négocier."