Le Parc National des Calanques a la réputation d'interdire trop d'activités. Une fausse réputation probablement, puisque le déversement de rejets industriels y est autorisé.
La commission d'enquête publique a rendu un avis favorable à la demande de l'industriel Altéo pour continuer à rejeter, au large de Marseille, en plein coeur du Parc national des Calanques, des résidus issus de la production de bauxite (minerai d'aluminium.) Le préfet devrait rendre une décision "d'ici la fin de l'année" dans ce dossier qui provoque un débat passionné entre scientifiques défenseurs de l'environnement et ceux qui veulent maintenir cette activité industrielle à Gardanne.Reportage Moreau Ludovic, Garat Sylvie, Lorant Gwenhaelle et Vergnault Alexandra :
C'est la réaction logique des pêcheurs à la Ciotat : Ils attendent un rendez-vous avec Ségolène Royal, pour exprimer leur colère : Malgré le traité de Barcelone qui interdit tout rejet polluant dans les parcs naturels nationaux,
l'usine Altéo de Gardanne, a été autorisée fin octobre à prolonger le déversement de ses boues rouges dans la fosse Cassidaine.
Depuis près de 50 ans, cet ancien site de production d'alumine de Péchiney et du géant minier anglo-australien Rio Tinto, racheté en 2012 par le fonds d'investissement américain HIG et renommé Alteo, bénéficie d'un droit à expédier en mer ces résidus, jusque-là des boues rouges, à 7 km au large de Cassis. L'autorisation de rejet prendra fin le 31 décembre. Mais depuis que le conseil d'administration du Parc national des calanques a prolongé en septembre 2014 de 30 ans la dérogation, les esprits s'échauffent. Pêcheurs, riverains, et experts en biologie marine n'ont de cesse de clamer le caractère aberrant d'une telle installation en plein coeur d'un nouveau parc marin.
Le scientifique fait l'inventaire des polluants issus de la production d'alumine : la soude, l'arsenic, les métaux lourds..."C'est aberrant, scandaleux de vouloir continuer des rejets dans un parc national", s'emporte Henri Augier ancien directeur à la retraite du laboratoire de biologie marine de la faculté de Marseille-Luminy.
La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, était immédiatement montée au créneau, rappelant que seul le préfet pouvait délivrer une telle autorisation "au nom de la ministre, au terme d'une instruction menée par les services de l'État". Elle avait demandé des études complémentaires, notamment sur la faune marine.
De son côté, Altéo affirme que son nouveau procédé permettra de débarrasser les rejets des parties solides et par conséquent qu'il ne déverserait plus de "boues rouges" au sens strict mais un effluent liquide. Une solution qui ne satisfait pas les professionnels de la mer et notamment les pêcheurs. Dans un courrier du 9 novembre, ils attirent notamment l'attention sur la vétusté de l'émissaire, ce tuyau qui débouche au large de Cassis, et qui selon eux n'est plus en état de fonctionnement et n'a toujours pas fait l'objet d'une expertise.