Après s'être entraînés tout l'hiver dans le ciel de Salon-de-Provence, la patrouille de France est présente au Salon de l'aéronautique du Bourget. Et elle y fait figure de star Un juste retour pour les huit pilotes d'élite qui bravent le danger à chaque voltige.
Star incontestée du Salon du Bourget, entre avions de chasse et gros porteurs, la Patrouille de France offre une chorégraphie réglée au millimètre et ponctuée par les célèbres lâchers de fumigènes bleu-blanc-rouge de ses Alphajet.
Ses huit pilotes tout droit sortis de l'élite de l'aviation de combat se sont entraînés tout l'hiver à Salon-de-Provence, près de Marseille, pour atteindre cette quintessence du "team spirit" (esprit d'équipe) où chacun tient la vie de l'autre au bout de son gouvernail.
Pour ces missions pas comme les autres, les Alphajet au fuselage bleu-blanc-rouge évoluent à très basse altitude, entre 30 et 1.500 mètres, et jusqu'à deux mètres de distance seulement les uns des autres. D'où l'impression vertigineuse laissée au public qui les suit du sol.
"On commence les figures à entre 300 et 340 noeuds (soit deux fois plus en km/h). Pour le facteur de charge, on peut aller jusqu'à 7 G, soit sept fois le poids de son corps. C'est le pic pour certains virages. Mais en moyenne, on est entre 4 et 5 G"
relève le capitaine Bertrand Tardif, 37 ans, membre de la Patrouille depuis un an.
Les beaux jours venus, les huit équipiers partent en tournée à travers la France et l'Europe pour une série de meetings aériens et le traditionnel défilé militaire du 14 juillet sur les Champs-Elysées. Au Bourget, qui se tient tous les deux ans, ils sont les vedettes des journées grand public jusqu'à dimanche.
Le spectacle repose sur un rite immuable: les Alphajet volent d'abord en "ruban", ou formation serrée, puis se séparent en deux "box" de quatre appareils qui virevoltent dans le ciel, se croisent et se frôlent jusqu'à donner l'impression de se percuter.
"Mentaliser le vol"
La clé de cette performance visuelle et technique repose avant tout sur une parfaite synchronisation entre les pilotes, emmenés par leur leader."On pilote à la voix du leader donc il faut beaucoup d'attention (..) Il annonce tous les virages. Dès qu'il incline, on incline à imitation pour donner un rendu visuel", explique Bertrand Tardif.
"La musique" ensemble
Une heure avant le vol, les huit "chevaliers du ciel" identifiables à leur combinaison bleu ciel se prêtent à une étrange partition, surnommée la "musique". Assis autour d'une table, ils miment avec les mains, les yeux fermés, les figures que le leader dictera en vol et les gestes qu'ils feront alors sur le manche ou la manette des gaz."On a une spécificité à la Patrouille de France, c'est de mentaliser le vol. En escadron de combat, les pilotes déployés en opérations extérieures font la même chose sur des parties plus réduites"
(..) Nous c'est sur la globalité du vol", décrypte le nouveau leader de la Patrouille, le commandant Romain Bethoux, 37 ans.
Le risque est maîtrisé au plus près grâce à l'intense travail de concentration et de coordination des pilotes. Ils sont aussi en partie recrutés par cooptation, ce qui renforce la cohésion du groupe.
Les accidents sont rarissimes mais en 2002, un pilote qui avait actionné son siège éjectable s'était tué à l'entraînement, son parachute ne s'étant pas complètement ouvert. En 1967, le commandant en second de la Patrouille s'était écrasé aux commandes de son Fouga Magister au Bourget.
58 ans d'existence
La Patrouille de France est née en 1953 lors d'une démonstration devant 50.000 spectacteurs à Alger. Ses pilotes ont volé successivement sur F-84 G Thunderjet, Ouragan, Mystère IVA et Fouga Magister. L'Alphajet, un petit biréacteur utilisé pour la formation des pilotes de chasse, s'est imposé en 1981.La Patrouille de France rivalise à l'international avec les Frecce Tricolori (Italie), les Read Arrows (Grande-Bretagne) ainsi que les Blue Angels de l'US Navy et les Thunderbirds de l'US Air Force.