La 3e édition de la semaine provençale à Salon-de-Provence met à l’honneur la transhumance ! Une manière de fêter la reconnaissance de l’UNESCO de cette pratique ancestrale en tant que “patrimoine culturel immatériel de l'humanité”. À cette occasion, ce 11 mai, le château de l’Empéri s’est transformé en bergerie et une bétaillère était présente pour sensibiliser sur le sujet.
En décembre dernier, la transhumance a été classée comme “patrimoine culturel immatériel de l'humanité” par l’Unesco. Cette pratique ancestrale a été mise à l’honneur durant la 3ᵉ édition de la semaine provençale à Salon-de-Provence.
Comme le rappel si bien Claire Dallemagne, chargée de mission “La routo” à la Maison de la transhumance, cette pratique est le fait déplacer des troupeaux d’une terre à une autre, sur des longues distances (100 km) pour aller chercher l’herbe. “Nos moutons mangent de l’herbe fraîche, et en Provence, durant l’été, notre herbe est très sèche. Donc, on va en montagne et on y reste l’été. C’est un cycle qui suit la pousse de l’herbe”, explique la jeune femme.
"On est de plus en plus soumis à la pression des animalistes"
Si autrefois la transhumance se faisait à pied, aujourd’hui, elle se modernise et s’effectue en bétaillère. C’est pour cette raison que pour cette 3ᵉ édition, l’une est présente à Salon-de-Provence, “pour montrer au grand public comment c’est, car il y a beaucoup de questionnements autour du transport des animaux en camion”, souligne Claire. Nombreux sont ceux qui pensent que les brebis voyagent dans de mauvaises conditions.
Présente sur place avec sa bétaillère, Émilie Proust Imbert, éleveuse de brebis à Salon et transporteuse, nous raconte ce qu’elle peut subir au quotidien. “Sur les routes, on est de plus en plus soumis à la pression des animalistes”, raconte la jeune femme. Pourtant, pour elle, c’est une bonne chose “Ils ont du mal à comprendre que de nos jours, elles arrivent directement sur les alpages en 4 heures, là où avant, elles devaient marcher pendant 15/17 jours.” Des propos complétés par Claire qui souligne que “ les troupeaux, quand ils marchent sur le goudron, ça fait saigner les onglons. Ce n’est pas agréable quand on marche durant plusieurs jours, tous les jours, sur le goudron. C’est très chaud.”
"Nous transportons le patrimoine des éleveurs"
“Les bétaillères, on est un peu les bêtes noires de l’élevage parce qu’ils pensent que les animaux sont maltraités. Alors que nous transportons le patrimoine des éleveurs, donc forcément, nous faisons très attention au bien-être animal", poursuit la transporteuse.
On ne s’arrête plus sur les autoroutes parce qu’il nous est arrivé qu’ils essaient d’ouvrir les portes pour libérer les animaux, des gens qui nous arrêtent aux péages.
Émilie Proust Imbert, éleveuse de brebis à Salon et transporteuse
Elle ajoute que les semis sont équipés de ventilateurs qui brassent l’air en continu. Et quand arrivent les températures chaudes, ils adaptent leur moyen de transport. “On charge à 2-3h du matin, et on arrive vers midi, avant qu’il ne fasse trop chaud”, précise-t-elle.
Claire Dallemagne soulève un autre problème à garder la transhumance telle qu’elle a toujours existée. “Les brebis ont une manière très particulière de marcher : elles marchent très tôt le matin, ensuite, elles chôment toute la journée, puis elles remarchent le soir. Et pendant la chôme, il faut des espaces avec de l’herbe pour qu’elles puissent manger, se reposer et s’abreuver. Et ça, ce n’est plus possible.”
Chaque année, c’est 600 000 brebis qui partent de notre région pour retrouver les Alpes.
(Propos recueillis par Mariella Coste)