Malgré un passé prestigieux, Tarascon vit depuis des décennies sous la contrainte de plusieurs risques, naturels et technologiques. Comment vit-on au quotidien cette surexposition ? C'est la question que soulève le film de Sandrine Bagarry et voici pourquoi il ne faut pas le louper.
Parce qu’il donne la parole aux Tarasconnais
Quand on devient propriétaire à Tarascon, la signature chez le notaire réserve une surprise : la ville est exposée à pas moins de six risques ! Inondation, incendie, sismicité, mais aussi risque industriel, transports de matières dangereuses et rupture de barrage…
Le film questionne plus particulièrement la relation des Tarasconnais au risque inondation et au risque industriel : quasiment inconstructible en raison des crues du Rhône, sous le vent d’une usine odorante et inquiétante, la ville semble cernée.
Entre préparation, déni ou combat, comment vivent-ils au quotidien ces contraintes ? Comment la commune est-elle protégée ?
La réalisatrice est allée à la rencontre des habitants, des associatifs, mais aussi des élus municipaux, autorités préfectorales et pompiers. Jalonné d'interviews et de séquences en immersion, le film détaille également les dispositifs de prévention existants et les travaux d’aménagement entrepris ces dernières années.
Au fil du documentaire, on comprend combien les Tarasconnais, très attachés à leur ville, ont appris à vivre avec le risque. Certains l’oublient ou l’occultent, d’autres y font face, en tentant de mieux le connaître, de le mesurer et de s’y préparer.
Parce qu’il relate un feuilleton toujours d'actualité
Au premier abord, le risque le plus évident à Tarascon est celui du fleuve. Construite au bord du Rhône, la cité a toujours été sujette à des inondations. La dernière remonte à 2003 et a marqué les esprits.
Mais une autre source de risque, plus polémique, est nichée au bord du fleuve sous la forme de l’usine de pâte à papier Fibre Excellence. Cette installation industrielle classée Seveso est au coeur d’un véritable feuilleton économique et judiciaire depuis 2016.
En effet, c’est à ce moment-là que certains habitants, alertés par des odeurs et des dépôts, vont se mobiliser et saisir la justice, accusant Fibre Excellence d’émettre des substances polluantes dangereuses pour la santé et l’environnement. Comme le raconte le film, leurs revendications se heurtent à des considérations économiques, le site étant aussi une source d’emplois directs et indirects.
Après des années de bataille, le dossier est loin d'être clos. L’association "Les Flamants roses" ne baisse pas les bras et a demandé la fermeture de l'usine auprès du tribunal de Tarascon. Ce dernier l’a déboutée sur la fermeture mais s’est déclaré compétent sur les troubles et les nuisances.
De son côté, l’usine demande des délais pour se mettre aux normes, requête qui fait l’objet d’une consultation publique.
Parce qu’il met en perspective le patrimoine de la ville
A Tarascon, impossible de ne pas évoquer la Tarasque, dont la légende reste associée à la ville. Tapi dans les eaux du Rhône, ce monstre mythique, mélange de dragon et de fauve, aurait terrorisé la population avant d’être apprivoisé par Sainte-Marthe.
Au-delà du simple folklore, il faut y voir l’incarnation des dangers du fleuve. "Quand nous mettons en avant la figure de la Tarasque, nous évoquons toujours à travers elle la blessure que le Rhône peut infliger. Cette bête avec son corps vert couvert de limon est à l’image de cet aspect monstrueux, elle peut être très sage, domptée par Marthe, mais en réalité c’est un monstre. Et quand le Rhône est en crue, il est vraiment monstrueux" raconte Aldo Bastié, directeur du patrimoine de Tarascon.
Et parce que les hommes ont de tous temps exorcisé leurs peurs par la fête, à Tarascon la tradition est restée : chaque mois de juin, on relâche dans les rues la Tarasque, comme un rappel vivant des risques que fait courir la proximité du fleuve…
Tarascon, une ville face aux risques
Un film de 52 mn de Sandrine Bagarry.
Une coproduction Comic Strip Production /France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Diffusion jeudi 25 mai à 22h45 sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur dans le cadre de la collection documentaire "Catastrophes, qu'avons-nous appris ?"