Témoignage.  "C'est le sommet de ma vie" : ce pompier va gravir un sommet de 6 962 mètres pour les orphelins

Publié le Écrit par Annie Vergnenegre

A 52 ans, Grégory Allione s'apprête à faire l'ascension du "colosse de l'Amérique", point culminant de la Cordillère des Andes, au profit de l'œuvre des pupilles.

Douze jours d'ascension pour atteindre le plus haut sommet d'Amérique, l'Aconcagua, à 6 962 mètres d'altitude. Grégory Allione s'y prépare depuis un an. L'ancien patron des pompiers des Bouches-du-Rhône, aujourd'hui directeur de l'école nationale des officiers sapeurs-pompiers (Ensosp) à Aix-en-Provence, s'envolera vers la Cordillère des Andes le 14 décembre pour relever ce défi qu'il s'est lancé au profit de l'œuvre des pupilles (ODP).

"Je l'ai choisi parce que l'Aconcagua, c'est mythique pour les alpinistes, il fait partie du "challenge des seven summits", les sept sommets à faire dans le monde, et c'est l'avant-dernier avant l'Everest", explique-t-il.

Randonnées dans la Vallée de Saint-Pons jusqu'à la Sainte-Baume et dans la Sainte-Victoire à 1200 mètres de dénivelé, quatre semi-marathons, alpinisme à 4000 mètres dans le massif des Ecrins... La Provence a offert un extraordinaire terrain de jeu à Grégory Allione pour mettre à l'épreuve son corps et son mental ces derniers mois. 

Un dépassement de soi

Engagé volontaire à 17 ans, l'homme a le goût de l'effort inscrit dans son ADN. Gravir l'Aconcagua, c'est pour le quinquagénaire une façon de porter les valeurs qui ont été les siennes tout au long de sa carrière de pompier : le dépassement de soi, l'esprit d'équipe, le combat contre les éléments naturels.  "L'Aconcagua, c'est le sommet de ma vie !", résume-t-il. "C'est aussi montrer que quand on prend soin de soi, on est capable de faire plein de choses". Le pompier de 52 ans se sent prêt. "Mais physiologiquement, il y a toujours des contraintes qu'on ne peut pas mesurer", confie-t-il. Ce que ce sportif aguerri redoute le plus, c'est le mal aigu des montagnes, lié à la raréfaction de l'oxygène en altitude. 

Bien s'hydrater, marcher doucement, tenter de bien dormir et de se reposer. Grégory Allione connaît les trois règles à respecter en montagne pour atteindre son but. Parmi les voies possibles, Grégory Allione a opté pour "un 360" de l'Aconcagua. La montée se fait par le glacier des Polonais et la redescente par la Plaza de Mulas. Une route moins technique que l'ascension de l'Albaron à 3637m, dans les Alpes, selon Grégory Allione, mais d'une grande exigence physique et mentale à cause de la faible concentration en oxygène. "C'est un des derniers sommets où on ne prend pas d'oxygène et pourtant on flirte avec 7000 m et comme il est près du pôle Sud, il est apparenté à un 8000". 

Même si la météo s'annonce plutôt clémente, Grégory Allione se prépare à des conditions extrêmes. "La Cordillère des Andes et l'Aconcagua en particulier, c'est une arête positionnée entre deux façades océaniques, et c'est la concentration de tous les courants d'air, c'est très venté et c'est quelque chose que l'on redoute". 

Grégory Allionne démarrera l'ascension le 16 décembre. Il fêtera réveillon de Noël en peine montée et celui du nouvel An à la fin de son périple, à Mendoza, au pied des Andes. Retour à Aix-en-Provence prévu début janvier. 

Des dons pour les pupilles et orphelins des pompiers

Avec ce défi sportif, Grégory Allione veut rappeler la réalité des pompiers qui donnent leur vie pour leur métier. Il se fait le porte-voix de l'œuvre qui soutient 1588 pupilles et orphelins. Cette expédition doit permettre de collecter des dons. "J'ai reçu hier un message d'un pupille qui me disait 'merci de parler de nous', je lui ai répondu 'merci à toi, et quand il le faudra, je penserai au courage que tu déploies au quotidien pour me donner celui qu'il me faudra pour gravir l'Aconcagua".

L'Oeuvre des Pupilles des sapeurs-pompiers de France (ODP) rendra compte des avancées de l'expédition sur les réseaux sociaux.

L'argent récolté permet à l'ODP d'accompagner les pupilles dans les différentes étapes ou difficultés de leur vie : études, permis de conduire, vacances, soutien psychologique ou encore installation professionnelle, etc. 

C'est leur dire que le monde pompier pense à eux au quotidien. C'est 250 000 pompiers qui ne font qu'un avec les 1588 pupilles. 

Grégory Allione

France 3 Provence-Alpes

"Cela ne compense pas le parent disparu, mais ça accompagne au même titre qu'un parent aux côtés de nos pupilles". 

Une reprise des vocations

Chaque année, les pompiers paient un lourd tribut dans la lutte contre les incendies. Six des leurs sont décédés en service en 2022. Même si c'est trois fois moins qu'il y a 20 ans, le métier reste à hauts risques et les interventions de secours sont toujours plus nombreuses.

Après une grave crise de vocation chez les volontaires qui représentent 80% des effectifs en France, 2023 est l'une des premières années, où l'on a enregistré une augmentation des recrues, souligne Grégory Allione, avec mille volontaires supplémentaires. Le directeur de l'Ensop, qui forme 28 000 sapeurs-pompiers civils professionnels et volontaires, note également une autre évolution dans les profils des jeunes cadres qui rejoignent leurs rangs : "On a de jeunes cadres dynamiques qui sont des pépites pour la sécurité civile, des anciens traders, ingénieurs, professeurs agrégés de math, médecins, etc". Une évolution porteuse d'espoir pour l'avenir de la profession.

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