Mardi 28 avril, le Premier ministre, Edouard Philippe, a confirmé le retour progressif des élèves à l'école à partir du 11 mai. Parents d'élèves, enseignants, personnels d'établissement, collectivités locales, tous se posent beaucoup de questions sur les conditions de reprise des cours.
Mardi 28 avril, devant les députés à l'Assemblée Nationale, le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé le plan de déconfinement du gouvernement. Parmi les mesures, il confirme le retour progressif des élèves à l'école, à partir du 11 mai.
D'abord pour les enfants des classes de maternelles et primaires, puis ceux des collèges. Pour les lycées, la décision a été remise à la fin du mois de mai pour une réouverture, début juin.
La réouverture des écoles
Les écoles dépendent des municipalités. Certains maires ont annoncé ne pas vouloir ouvrir le 11 mai, faute de pouvoir mettre en place les gestes barrières essentiels. A Marseille, Jean-Claude Gaudin a indiqué que sur les 78.000 enfants scolarisés, seuls 33.000 retourneraient sur les bancs de l'école sur la base du volontariat.Un sondage national indiquerait que 70 % des parents d'élèves ne sont pas favorable à un retour de leur enfant à l'école, le 11 mai.
Selon le maire, la ville est en mesure d'accueillir ce nombre d'élèves dans les circonstances sanitaires recomandées : "On est en train d'étudier comment répartir les enfants avec l'académie. 15 élèves par classe, nous y arriverons."
Concernant les conditions sanitaires, il se veut rassurant :
"Les écoles seront toutes désinfectées. Il y aura du savon dans les classes, du papier hygiénique et sûrement du gel. On mettra tout ce qu’il faut."
Il en fait même une affaire personnelle : "Je vais vérifier les toilettes, les lavabos, je vais m'assurer que les agents aient tous les moyens nécéssaires pour se protéger et protéger les élèves."
Du côté des enseignants, "on a bien compris que le gouvernement voulait transformer l'école en garderie pour permettre aux parents de retourner au travail", indique Virginie Akliouat, secrétaire académique du Snuipp-FSU.
Sur les conditions de reprise, elle explique que les seules informations à sa disposition sont celles transmises par les médias : "on a aucune circulaire, aucune prescription, on attend encore des précisions concrètes pour mettre en place des protocoles", précise-t-elle, "une chose est sûre, la règle de distanciation ne pourra pas être respectée avec 15 élèves dans la classe", ce que prévoit le gouvernement.
Si le principe d'accueillir les enfants par petits groupes est adopté, chaque élève aura 9 jours d'école avant les vacances. "Il ne faut pas imaginer que l'on va reprendre les cours comme si rien ne s'était passé et qu'on va finir le programme", indique l'enseignante.
"Les élèves nous manquent, on a besoin de les revoir, mais c'est avant tout pour faire le point avec eux, clôre l'année scolaire pour reprendre en septembre dans de bonnes conditions. Certains enfants ont vécu des troubles psychologiques avec le confinement, la maladie, il faut en parler", conclut-elle.
Par ailleurs, le gouvernement a indiqué que les enfants des crèches, maternelles et primaires ne porteront pas de masques, contrairement aux adultes, pour lesquels, il sera obligatoire. Cependant, l’Éducation nationale pourra mettre à disposition des masques pédiatriques pour des cas particuliers, si un élève présente des symptômes en cours de journée par exemple.
La réouverture des collèges
Selon les prévisions du Premier ministre, les collèges devraient rouvrir le 18 mai prochain, pour les 6e et les 5e uniquement, et si les conditions sanitaires le permettent.Les collèges dépendent du Conseil départemental. Dès hier soir, la présidente du département des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, a confirmé ce qu'elle avait déjà dit :
"Pour moi, la réouverture c'est non, parce qu'on n'a pas assez de réponses pour être sûr que nos enfants, nos agents, les professeurs et les parents soient assez protégés".
Elle ajoute que : "je suis toujours en attente des prescriptions qui vont être données par le ministre de l'Education nationale et nous prendrons une décision définitive, avec le recteur, d'ici la semaine prochaine".
"On considère qu'il y a un problème de méthode", affirme Laurent Tramoni, secrétaire académique du SNES-FSU, "on nous annonce des dates, mais pas de protocoles qui garantissent la sécurité sanitaire".
Après consultation des différentes instances, "nous attendons un cahier des charges national contraignant avec un volet sanitaire et un volet organisationnel", insiste le délégué syndical.
"A partir de ce cahier des charges, nous serons en mesure de constater, dans chaque établissement, si oui ou non les conditions sont remplies pour permettre la réouverture", précise-t-il.
"On ne comprend pas pourquoi le gouvernement interdit les réunions de plus de dix personnes dans l'espace public et souhaite des groupes de 15 élèves par classe, par exemple", ajoute Laurent Tramoni.
Le gouvernement n'a pas précisé si le retour des collégiens était sur la base du volontariat. "si c'est le cas, ça me semble très compliqué d'envisager des cours à la fois en présentiel et à la fois à distance", conclut-il.
Sur le port du masque, le gouvernement suit les recommandations du Conseil scientifique. Le masque sera obligatoire pour les collégiens et les lycéens et fourni par l'établissement.
La réouverture des lycées
Lors de son intervention devant les députés, Edouard Philippe envisage une réouverture des lycées début juin, mais une décision sera prise fin mai, en fonction de la situation. Les lycées professionnels devraient rouvrir avant les lycées généraux.Les lycées dépendent de la Région. Invité du journal de France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, ce mercredi 29 avril, le président de la région Sud, Renaud Muselier, a annoncé :
"Comme la plupart des présidents de régions, nous sommes favorables à la réouverture des lycées" avant de préciser que "nous étions déjà prêts pour le 18 mai", comme initialement prévu.
Au niveau organisation dans les établissements, ce n'était quand même pas si simple. "Globalement, on est soulagé du report de la réouverture des lycées", indique Philippe Vincent, secrétaire général du SNDPEN, le principal syndicat des principaux de collèges et lycées, "la raison l'a emporté".
Si les conditions sanitaires sont réunies, les lycéens devraient reprendre progressivement les cours début juin.
"Le bouclage du programme est hypothétique", explique Philippe Vincent, "l'objectif est une reprise de contact plus qu'une reprise pédagogique".
"Ca a un sens social", ajoute Sylvie Pénicaut, secrétaire académique SNDPEN à Nice. "Il y a des élèves qui ont besoin de revenir à l'école, certains ont décroché pendant le confinement".
La proviseure du lycée Apollinaire explique qu'il faut vérifier les acquis et en juin, "il faut préparer les orientations des élèves et plus généralement il faut les préparer pour une reprise des cours en septembre dans de bonnes conditions".
Retour à l'école :
— LCP (@LCP) April 28, 2020
- #11mai2020 : réouverture des maternelles et élémentaires sur la base du volontariat
- À partir du 18 mai, seulement dans les départements avec faible circulation du #COVID19, ouverture progressive des collèges
- Lycées : décision fin mai#DirectAN pic.twitter.com/Hqp1lQnvBe
Faut-il maintenir l'oral du bac de Français ?
L'examen oral du bac de Français pour les élèves de première était prévu fin juin, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, confirme, "à ce stade", le maintien de cette épreuve. Il considère qu'il n'y a pas de note de contrôle continu pour cet oral de Français et que "c'est bon pour les élèves de se préparer pour cet oral"."On voulait que cet oral soit dilué dans le contrôle continu", indique, en revanche, Philippe Vincent. Il s'interroge également sur l'utilité de maintenir une épreuve qui, en plus, a connu une réforme cette année.
"On voit mal comment les élèves vont pouvoir se préparer efficacement pour cette épreuve", ajoute Laurent Tramoni, "ça ressemble plus à une punition", conclut-il.
Le ministre de l'Education nationale précise que si les conditions sanitaires ne sont pas réunies, l'épreuve d'oral de Français serait annulé et c'est la moyenne du contrôle continu de Français qui serait enregistrée pour le bac.