Dans une tribune au JDD dimanche, la sénatrice PS des Bouches-du-Rhône Samia Ghali s’inquiète d'une "crise sociale brutale et violente", notamment en ce qui concerne le retour à l'école, alors que le conseil scientifique reconnaît avoir dû s'adapter à une "décision politique".
La sénatrice et ex-maire du 8e secteur de Marseille, les fameux 15e et 16e arrondissements des quartiers Nord, réputés précarisés de la ville, alerte sur le risque d'une crise sociale "brutale et violente" à l'issue du confinement.
Dans une tribune au Journal du dimanche, Samia Ghali pointe du doigt les inégalités sociales mises en avant par la crise sanitaire et les carences nationales, tant sur le plan de l'aide alimentaire que du logement pour des familles, "dont le gros des ressources provient des prestations sociales, du «système D » et de l’économie informelle".
Mais en plein débat sur un retour à l'école à partir du 11 mai, la sénatrice s'inquiète aussi de "l’échec scolaire", de "la fracture numérique" et réclame "un accompagnement spécifique pour les élèves "sortis des radars".
Pour l’école, "de nombreuses familles n’ont pas eu la capacité d’accompagner et d’encadrer leurs enfants durant le confinement", dit-elle.#COVID19 «la deuxième vague que les spécialistes annoncent n’est pas celle que l’on croit, elle sera sociale»
— Samia GHALI (@SamiaGhali) April 25, 2020
École, logement, aide alimentaire: mes propositions pour que la misère ne fasse pas plus de ravage que le virus
A lire dans le @leJDD ma tribune https://t.co/22PhtiQbVW
"J’ai constaté, dans certains quartiers, 50% de décrochage. Si l’école reprend sur la base du volontariat, alors je crains que l’"école de la rue" prenne le pas sur l’école de la République", s'alarme la sénatrice des quartiers Nord de Marseille. "Si c'est sur la base du volontariat, plein d’enfants ne vont pas aller à l’école, c'est certain, surtout pour les familles dans la précarité".
Elle même hésite à remettre à l'école son fils de 12 ans. Pour Samia Ghali, il faudrait prolonger l'accompagnement à domicile, peut-être même pendant l'été, en faisant appel par exemple à des professeurs volontaires.
"On a vu l'appel pour aider les agriculteurs, pourquoi on ne ferait pas la même chose pour l’accompagnement scolaire ? De nombreux professeurs à la retraite ou des étudiants pourraient être des accompagnateurs scolaires, des guides pour parrainer et motiver les élèves".
Elle réclame un système de "banque éducative". Un peu comme la banque alimentaire, pour "permettre un accès à internet pour tous, mais aussi aux organismes de soutien en ligne, avec un accompagnement derrière".
La sénatrice se défend d'une prise de parole politique en ce moment délicat. Elle dit vouloir pousser "un cri d'alarme" au vu de la situation dans les quartiers. "La sur-occupation des logements, les bagarres, la tension est réelle. Et pour l'école je suis très inquiète, tout est fait pour que les enfants n'y aillent pas dans ces conditions !"
Retour à l'école en mai, le désaveu du Conseil scientifique
Alors que le Premier ministre doit présenter mardi la stratégie du gouvernement, le Conseil scientifique a livré samedi 25 avril, ses recommandations.Et là surprise. L'instance présidée par le professeur Jean-François Delfraissy précise qu'il était favorable plutôt à ce que crèches et établissements scolaires restent fermés jusqu'en septembre.
Du coup, le Conseil scientifique indique avoir pris "acte de la décision politique" du gouvernement de les rouvrir progressivement dès mai, en "prenant en compte les enjeux sanitaires mais aussi sociétaux et économiques".
Il préconise dès lors le port d'un masque "systématiquement" dans les lieux publics (pas seulement dans les transports et les lycées et les collèges) pendant les mois suivants la levée du confinement.Réouverture des écoles : "Ce n'est pas ce qu'on a recommandé", explique le professeur Pierre-Louis Druais, membre du Conseil scientifique pic.twitter.com/CSjmBwsEbx
— franceinfo (@franceinfo) April 26, 2020
Le Conseil recommande également "une multiplication de l'offre" de transports scolaires pour que les élèves soient moins serrés.
Il considère en revanche le port du masque "impossible" en maternelle et adaptable en fonction de l'âge en primaire. Les règles de distanciation sociale en vigueur de façon générale dans la société devraient être adoptées dans tout l'établissement, les tables étant notamment écartées d'un mètre en classe.
Les établissements devraient également faire en sorte que les élèves d'une classe ne croisent pas les élèves d'une autre classe ou que les élèves d'un même niveau ne croisent pas les élèves d'un autre niveau, pour repérer les élèves à risque en cas de contamination. Et "si c'est possible", qu'ils déjeunent tous en classe, à leur table.Si c'est possible, qu'ils déjeunent tous en classe, à leur table
Les parents sont invités à prendre la température des enfants chaque jour avant le départ pour l'école. En cas de symptômes, l'enfant ne devrait pas s'y rendre et les parents devraient prendre avis auprès de leur médecin traitant.