Un faux QR code payant pour éviter la vaccination, c'est la proposition qu'a reçue Alexandra, sur Instagram. Comme elle, de nombreuses personnes seraient la cible de ces messages incitant à la fraude sur les réseaux sociaux.
"Pas d'injection, mais une vaccination certifiée officiellement". C'est ainsi que commence le message, sans les fautes d'orthographe. Alexandra, étudiante en école de commerce à Montpellier, a reçu cette proposition en privé sur Instagram, lundi. C'est sa mère résidant à Marseille qui a alerté notre rédaction.
L'expéditeur n'a aucune publication, aucun abonné, rien. "C'est un faux compte", comprend tout de suite la jeune femme déjà vaccinée.
"Nous proposons des QR originaux sous votre propre nom ! Tout vaccin de votre choix est disponible. Commandé aujourd'hui signifie qu'ils seront dans l'application Coronacheck demain ! Vous bénéficiez de tous les avantages comme toute autre personne "vaccinée"", promet "kobu0826", l'expéditeur, avant de donner une adresse Telegram ou Instagram pour le contacter.
Ce qu'Alexandra n'a pas fait. "Ca se voit tout de suite que c'est un faux compte. Ca m'a un peu choquée de voir qu'on en arrive là", explique-t-elle.
Elle n'est pas la seule parmi ses amis à avoir reçu une telle proposition, provenant de comptes différents. Que ce soit sur Instagram ou Snapchat, "ça tourne beaucoup en ce moment. On est la tranche d'âge la plus concernée". Dans son cercle d'amis, personne n'a donné suite. "Je ne sais même pas si ça marcherait vraiment...", doute l'étudiante.
100 euros le QR code
Il faut croire que oui, mais pas très longtemps. Mi-novembre, un couple de trafiquants roubaisiens a été interpellé, rapporte France Bleu. Ils vendaient de faux pass sanitaires pour 100 euros pièce sur Snapchat. Une escroquerie qui se chiffre à 5.000 euros.
Une trentaine de personnes leur ont versé de l'argent. Parmi eux, trois clients qui ont utilisé ce faux QR code vont être convoqués en vue d'une reconnaissance de culpabilité au début de l'année prochaine.
Plus récemment, une médecin au Plan-de-la-Tour dans le Var a été placée en garde à vue pour une suspicion de délivrance de fausses attestations de vaccination.
200 euros le QR code sur Snapchat, c'est ce que proposait cette employée d'un vaccidrive condamnée à un an de prison ferme en juillet dernier.
Des histoires qui se multiplient partout en France. Comme dans le Val-de-Marne où un médecin est soupçonné d'avoir vendu au moins 220 faux pass sanitaires.
Les clients placés en garde à vue auraient évoqué la période comme motivation pour recourir aux faux papiers. "Certains pays demandaient un schéma vaccinal complet et ils ont payé des prix exorbitants pour partir en vacances ", glisse une source policière.
L'arrivée des vacances de Noël, les prochains voyages en train et le durcissement des mesures sanitaires face à la 5e vague favorisent-ils la circulation de messages comme celui reçu par Alexandra ? Quoiqu'il en soit, le gouvernement serre la vis.
Durcissement des sanctions
Le 5 novembre, le projet de loi de vigilance sanitaire a été adopté définitivement par l'Assemblée nationale. L'un des volets étant de lutter contre ces fraudes, et donc de durcir les peines.
Désormais, l’utilisation d’un faux QR code pourra être punie de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende. Partager son passe sanitaire à une autre personne, en vue de son utilisation frauduleuse, sera quant à elle passible d’une amende de 750 euros.
Fin septembre, l'Assurance maladie a affirmé que 36.000 assurés étaient soupçonnés d'avoir bénéficié de faux pass sanitaires, rapporte Le Parisien. Le QR code a pourtant été présenté comme inviolable par le gouvernement.
Au 21 septembre, l’organisme a reçu de nombreuses alertes émises par la police. 138 professionnels de santé seraient impliqués ainsi que 14 centres de vaccination. 48 départements seraient concernés.