Covid 19 : ce que l'on sait (et ce que l'on ne sait pas encore) sur l'ouverture des stations de ski cet hiver

L'ouverture des stations de sports d'hiver sera annoncée "dans les dix jours" a précisé Matignon, lundi, où se tenait une réunion en visioconférence entre le Premier ministre et les professionnels et élus du secteur. 

Les stations de montagne ouvriront-elles ou resteront-elles fermées en raison de l'épidémie de Covid-19 ? Le gouvernement a affiché sa prudence face aux données sanitaires préoccupantes constatées dans les Alpes-du-Nord, et dans les Hautes-Alpes, lundi 23 novembre. Lors d'une viso-conférence organisée en présence de Jean Castex entouré notamment des ministres de l'Economie, Bruno Le Maire et du Travail, Elisabeth Borne, les professionnels du secteur ont appris que la question d'une ouverture des stations de ski cet hiver n'était pas encore tranchée.

Matignon a suspendu cette décision à l'évolution de l'épidémie de coronavirus. Voici ce que l'on sait (et ce que l'on ignore encore) sur l'ouverture des stations de ski cet hiver

• Ce que l'on sait

• Une réponse attendue dans les dix jours. La question d'ouvrir ou de laisser fermées les stations "n'est à ce jour pas tranchée, les deux options étant encore envisagées compte tenu des incertitudes sur l'évolution de la situation sanitaire", a indiqué lundi Matignon dans un communiqué. Les Alpes du Nord ont encore le taux d'incidence le plus élevé de France, et dans les Hautes-Alpes, le taux d'incidence de 344 reste très haut. Les autorités craignent l'afflux de touristes qui surchargeraient les hôpitaux.

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Compte tenu des temps de préparation nécessaires, la décision ne sera prise que dans les dix prochains jours, en coordination avec les pays voisins, a précisé Matignon.

• Un protocole sanitaire renforcé en cas d'ouverture. Le protocole est en cours de discussion, sous l'égide du préfet de la Savoie. Les stations de montagne ont déjà été confrontées aux règles sanitaires l'été dernier. Elles ont pu accueillir du public en respectant les règles sanitaires élaborées pour les remontées mécaniques : masques pour tout le monde, gel hydroalcoolique, même sur les gants, distanciation pour respecter la mesure barrière, au départ, et à l'arrivée des remontées.

"Tout est sécurisé, a expliqué à franceinfo Alexandre Maullin, président de Domaines skiables de France. On a même prévu des tests pour nos collaborateurs ou pour les clients qui viendraient en station, qui pourraient en avoir besoin. On a essayé de faire de la station un cocon dans lequel la préservation sanitaire était notre priorité unique."

• Des centres de dépistage installés. Pour optimiser les conditions sanitaires, des centres de dépistage seront en effet installés "dans chaque station avec les maires et sous le contrôle de l'Agence régionale de santé", a déclaré en marge de la réunion, le président de la Savoie, Hervé Gaymard. L'élu a annoncé l'achat de 250000 tests antigéniques pour la Savoie. Le station de Risoul dans les Hautes-Alpes, avait anticipé cette décision en accord avec la pharmacie locale. "Nous avons prévu la réalisation de tests antigéniques, qui seront réalisés dans une tente à l'extérieur pour ne pas impacter le fonctionnement de la pharmacie dans ses locaux", précise à France 3 Christian André, directeur de la société des gestions des activités touristiques de Risoul.

La station des Alpes Maritimes avait anticipé la réservation de logements pour les travailleurs positifs. Cette idée a été justement reprise et avancée cet après-midi durant la réunion des professionnels du secteur avec le Premier ministre. "Nous allons mettre en place avec les maires et les hébergeurs des centres pour héberger les travailleurs qui seraient déclarés positifs de façon à ce qu'ils puissent être en quarantaine le temps qu'il faudra avant de reprendre leur travail", a expliqué Hervé Gaymard à franceinfo.

• Des réservations plus tardives. Les Français attendent les directives gouvernementales, et retardent leurs réservations. A Risoul, la station enregistre 15% de moins de réservations par rapport à l'an dernier. "Cela reste rassurant, estime Christian André. En moyenne, dans les Alpes du Sud, le taux de remplissage à Noël avoisine les 70%. C'est un peu mieux pour le nouvel an."

• Un personnel prêt. La ministre du Travail Elisabeth Borne avait, le 16 novembre, enjoint les employeurs des stations de ski à embaucher des saisonniers malgré un début de saison très incertain. Quitte à les mettre au chômage partiel si l'activité ne démarre pas. 
 
"J'ai embauché sept personnes, le quota minimum pour ouvrir mes magasins", expliquait alors Martine, la propriétaire d'un magasin à la station des 2 Alpes. La saison risque d'être très mauvaise : sans les étrangers, la station ne se remplit pas. Alors j'ai déjà déposé un dossier de demande de chômage partiel".

• Ce que l'on ne sait pas encore

Si les stations vont ouvrir. Le secteur de l'or blanc représente 350 stations en France et 10 milliards de retombées économiques. Les directeurs de stations et les élus se sont montrés prudent à la sortie de cette réunion à l'image d'Hervé Gaymard. Annoncer aujourd'hui une ouverture "serait prématurée, parce que la situation est évolutive sur le plan sanitaire, notamment du point de vue du taux d'occupation des hôpitaux et des lits de réanimation". D'autant que d'autres questions restent à trancher. Quelles seront les mesures appliquées par exemple par les syndics d'immeubles ? Quelles décisions seront prises en assemblée générale pour faire adopter les règles sanitaires dans les parties communes ?

• Quelle sera la décision pour les bars et restaurants. Pour l'heure, aucun établissement de restauration ne doit ouvrir avant le 15 janvier. Une situation problématique pour certains professionnels en station de montagne. Didier Chenet, président du GNI, le syndicat patronal des indépendants du secteur, a ainsi souligné qu'en montagne, où la "quasi-totalité des hôtels sont des hôtels-restaurants", si "l'on ferme administrativement les restaurants, il faut fermer aussi les hôtels". 

La principale organisation de l'hôtellerie restauration, l'Umih, a également souhaité que "les restaurants puissent accueillir leurs clients sur place" et rappelé que les protocoles sanitaires constituent "des barrières efficaces contre la propagation du virus".

Comment seront aidées les stations si elles doivent rester fermées. La réponse n'a pas encore été donnée par Matignon. Mais les professionnels du secteur s'inquiètent déjà d'une telle éventualité et ont sorti la machine à calculer. La par des vacances de fin d'année, "c’est entre 18 et 25% [du chiffre d'affaires]. C'est considérable et en termes d'emplois c'est très important, souligne Alexandre Maulin. Ça peut être le personnel qui vous loue vos skis, celui du bureau de tabac ou de la boutique de souvenirs... C'est 120 000 emplois la saison d'hiver à l'échelle de nos territoires et c'est encore bien plus si on prend les emplois indirects dans les vallées."

Didier Chenet a appelé auprès de l'AFP à davantage d'aides en cas de fermeture, évoquant le "problème des loyers" des exploitants, qui doivent régler les leurs et ceux des saisonniers, ce qui "peut représenter des sommes considérables". Le président patronal des indépendants de ce secteur a estimé qu'hôtels et restaurant pourraient "être dans le périmètre des établissements aidés, ce qui n'est pas le cas actuellement", en demandant "une aide proportionnelle au chiffre d'affaires".
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