La lutte contre le harcèlement scolaire, une des priorités du gouvernement. Dans ce sens, un décret a été publié jeudi. Désormais, l'élève harceleur devra changer d'école. Enseignants et responsable associatif de la région donnent leur avis sur cette nouvelle avancée.
Un changement pour le bien-être des élèves à l'école. Le nouveau ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, a annoncé, jeudi, un nouveau décret pour lutter contre le harcèlement scolaire. Les directeurs pourront transférer, si nécessaire, les élèves à l'origine du harcèlement dans une autre école maternelle ou élémentaire.
Le décret prévoit aussi de pouvoir sanctionner un auteur de cyberharcèlement contre un élève d’un autre établissement.
Cette mesure avait déjà été évoquée par Pap Ndiaye, ancien ministre de l'Éducation nationale, au printemps.
Radiation de l'élève
« Lorsque le comportement intentionnel et répété d’un élève fait peser un risque caractérisé sur la sécurité ou la santé d’un autre élève de l’école, le directeur d’école, après avoir réuni l’équipe éducative, met en œuvre, en associant les parents de l’élève dont le comportement est en cause, toute mesure éducative de nature à faire cesser ce comportement », cite le décret.
« Si, malgré la mise en œuvre des mesures mentionnées (…), le comportement de l’élève persiste, le directeur académique des services de l’éducation nationale, saisi par le directeur de l’école, peut demander au maire de procéder à la radiation de cet élève de l’école et à son inscription dans une autre école de la commune », mentionne-t-il.
Une mesure coercitive
Un peu comme l'épée de Damoclès, ce nouveau décret deviendra une réelle sanction pour l'élève harceleur. "Dans les écoles primaires, il n’y a pas de conseil de discipline, et dans le cas où il faut séparer l'élève harceleur de l'élève harcelé, on en arrive à une situation qui n’est pas normale, par laquelle c'est l'élève harcelé qui doit partir", avait résumé Pap Ndiaye sur RTL. en avril.
Pour Christelle Richiardonne, directrice d'école dans les Hautes-Alpes et représentante syndicale au SNE (syndicat national des écoles), cette réforme est nécessaire pour que l'élève problématique change de comportement. "Jusqu'à présent, c'était seulement un avertissement de conduite. Avant, on savait que ce n'était pas suivi d'effet."
Dans les Bouches-du-Rhône, Sophie Gonzalez, syndicaliste au SNE, a comparé les situations qu'elle a pu vivre au sein de son école. "Même si on déplaçait l'élève qui se faisait harceler, l'élève harceleur continuait de se moquer d'autres élèves", affirme-t-elle. Quand c'est l'élève harceleur qui change d'école, "il se calme", selon l'enseignante.
Une avancée "insuffisante"
Julien Cattaneo de l'association Jouons dans la même équipe, félicite l'avancée. Il estime toutefois qu'elle n'est pas suffisante. "Il faudrait qu'on forme tout le personnel à repérer les signaux."
Il soutient l'idée qu'il faudrait "anticiper". "Les sanctions viennent après, alors qu'on aurait pu régler la situation."
Au sein de son association, Julien Cattaneo essaye de parler avec l'enfant bourreau pour régler la situation et comprendre d'où vient le problème. Il aimerait que cela s'applique aussi à l'école. "Tant qu'on n'explique pas à l'enfant pourquoi il est exclu trois jours, il ne va pas comprendre. Il va juste essayer d'être moins visible et de harceler un autre élève", explique-t-il.
Pour l'instant, aucun détail n'a été donné quant à la mise en application de ce décret. Les professeurs d'école mettront en place des protocoles dans leurs établissements à partir de la pré-rentrée, le vendredi 1er septembre.