Contre le harcèlement scolaire, des "copains bienveillants" mis en place dans les établissements des Alpes-Maritimes

Ce dispositif, créé en 2016 dans les collèges, s'étend aux écoles élémentaires. Exemple à Peymeinade, où une conseillère pédagogique sensibilise les enfants au harcèlement dont ils peuvent être témoins ou victimes.

Leurs regards sont attentifs, il n'y a pas un bruit dans la salle de classe. Ce jour-là, ces écoliers de Peymeinade (Alpes-Maritimes) visionnent un petit film d'animation sur le harcèlement à l'école.

Sur le tableau blanc, on voit un enfant lancer à un de ses camarade "Salut Le Bœuf, tu portes mon sac ?" en lui jetant l'objet dans les bras. Trois autres écoliers font de même "Et le mien ? Le mien aussi ?".

Comment une brimade devient harcèlement

Dans la salle, c'est une conseillère pédagogique qui mène la séance. "Au départ, tous ces enfants sont amis", précise Camille Bouissou, qui intervient dans le Val de Siagne.

D'autres scénettes apparaissent. "Eh le Gros Bœuf, fais voir tes cornes !", rigole un élève en lui enlevant le bonnet de la tête.

Objectifs de cette séance : mettre des mots sur des situations et des comportements anormaux, sensibiliser au respect de l'autre et désigner des camarades de classe "référents", appelés "copains vigilants".

Parmi les écoliers de Peymeinade, rien de la démonstration ne semble leur avoir échappé, notamment comment une brimade devient harcèlement quand elle est répétée. "À la fin, il en a marre d'être l'esclave du garçon blond et il lui dit d'arrêter."

Prévenir un adulte

Après un an de travail, le dispositif des "copains bienveillants" a vu le jour en 2016. La Brigade de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ) de Cagnes-sur-Mer était alors intervenue au sein du collège Yves-Klein de La Colle sur Loup. L'élève désigné "copain bienveillant" a pour rôle de prévenir un adulte dès qu'il détecte une situation anormale.

Je ne vais pas chercher à avoir des agents de renseignement, des délateurs, des dénonciateurs... Moi, je vais chercher des enfants, des adolescents qui sentent que quelqu'un a besoin d'aide, de secours, d'assistance, d'être écouté...

Christophe Olivier, enquêteur BPDJ (en 2016)

Aujourd'hui, de nombreux établissements scolaires des Alpes-Maritimes ont adopté ce dispositif, comme à Mougins ou encore Biot.

Car le harcèlement peut se produire autant dans la vie réelle (récréation, cours de sport, en dans les couloirs...) que dans la vie virtuelle (notamment les réseaux sociaux s'ils ne sont pas surveillés par un adulte). Et il peut avoir des conséquences dramatiques : échecs scolaires, troubles du comportement, dépression, voire suicide.

Près d'un million de victimes

Après les collèges, c'est au tour des écoles élémentaires d'adopter le "copain vigilent". À Peymeinade, cela se passe dans une classe de CE2/CM1. Les enfants ont entre 8 et 10 ans. Et ce n'est pas trop tôt pour aborder un sujet aussi grave.

Quand on les reçoit dans un deuxième temps pour discuter avec la psychologue de l'Éducation Nationale, les enfants nous font part de situations qu'ils ont vécus, parfois même à la maternelle, sans dire que c'était du harcèlement. Mais il y a toutes les caractéristiques de la situation du harcèlement.

Camille Bouissou, conseillère pédagogique

Face à une situation de harcèlement, avoir de l'aide est important.

Ma meilleure amie m'a beaucoup aidé. C'est grâce à elle que ça s'est stoppé. Elle est venue et a dit 'Stop, t'arrête', et on ne m'a plus jamais embêtée.

Maddie (CM1)

Ces ateliers de sensibilisation et de prévention seront menés dans tous les établissements de la commune maralpine.

Selon l'Éducation nationale, en France, "2,6 % élèves de CM1/CM2 subissent [ce] qui peut être apparenté à du harcèlement ; au collège, 5,6 % ; au lycée, 1,3 %". Au total, "800 000 à 1 million d’enfants seraient victimes" de harcèlement au cours de leur scolarité, indique un rapport du Sénat de 2022.

Si vous êtes témoin ou victime d'une situation de harcèlement scolaire, plusieurs numéros gratuits ont été mis en place : 3020 (harcèlement) et 3018 (cyberharcèlement). Dans les Alpes-Maritimes, le référent départemental est joignable au 04 93 53 72 51.

(Avec Véronique Varin et Éric Jacquet, à Peymeinade)

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