C’est l’événement ce soir à Serre-Chevalier, dans le Briançonnais : le retour du héros tant attendu, Arthur Bauchet. Au programme, de nombreuses surprises pour le jeune skieur alpin, avec ses 4 médailles paralympiques dont 3 en or autour du cou.
Au pied de la piste de Montgenèvre, entre deux courses, Stéphanie Bauchet, la mère d’Arthur prend le temps de décrocher son téléphone. "Aujourd’hui, il s’est lancé dans un challenge un peu fou avec Marie, Oscar et toute la bande : réaliser le boadercross en snowboard ! Ce n’est pas leur spécialité mais je crois qu’ils ont besoin de se détendre et de s’amuser" s’enthousiaste-t-elle, la voix légèrement cassée. "Oh ça, c’est sûrement le reste des Jeux, on a beaucoup chanté !" plaisante-t-elle.
Après deux titres en géant et en slalom hier et avant-hier, Arthur Bauchet, en compétition pour les championnats de France Handisport, s’élance donc dans un parcours parsemé d’obstacles, de bosses, de virages et de portes. Sa dernière épreuve avant de redescendre ce soir pour faire la fête à Serre-Chevalier.
Le retour du roi de la glisse, ça se fête
Et pour cause, la station de ski dont il est originaire l’attend de pied ferme. Elle lui a réservé de nombreuses surprises. "Je ne peux pas tout vous dévoiler. Il y a une scène qui a été installée sur la place principale. De nombreuses personnes qui ont compté pour Arthur ont fait le déplacement, notamment son professeur de Marseille, ses proches du collège, ses premiers moniteurs" affirme Stéphanie, le sourire scotché aux lèvres. Le même que celui de son fil, rebaptisé le roi Arthur après son sacre à Pékin : trois médailles d'or (descente, super combiné et slalom) et une en bronze (slalom géant).
Sous un ciel couvert aujourd’hui, la famille Bauchet ne redescend pas de son petit nuage : "On a eu que des retours positifs et très gentils, l’émulation est juste incroyable autour de ces Jeux."
S’ils n’ont pas pu profiter de leurs fils à Paris, ils comptent bien se rattraper ce soir : "On l’a à peine vu car il a enchainé par un petit marathon médiatique. De nombreux allers-retours l’attendent au mois d’avril, il est très heureux. C’est dans sa nature : il ne veut jamais s’arrêter. Mais j’aimerai bien qu’il se repose avant de retourner à la fac début mai" s’inquiète cette maman aux lunettes arrondies et à la chevelure blonde.
Le 13 mars dernier, ils n’avaient pas pu se rendre en Chine pour le soutenir durant ces Jeux Paralympiques. Mais tous leurs réveils étaient programmés pour suivre en pleine nuit la dernière course d’Arthur, depuis la salle des fêtes à Grimaud.
"On est très proches et c’est vrai que ça nous fait bizarre de ne pas être là-bas" confiait son frère. "C’est extraordinaire, je regarde tout le temps, je ne peux pas m’en lasser" racontait son grand-père, les larmes aux yeux. Sa grand-mère, elle, tenait un ourson en peluche entre les mains, une photo à l’effigie de son petit-fils collée sur le museau.
Atteint d’une maladie neurologique rare de la moelle épinière qui fait trembler violemment ses jambes, Arthur Bauchet n'a pas flanché, au contraire. Comme poussé par ses supporters, le skieur haut-alpin, âgé de 21 ans, est devenu l’athlète le plus titré à Pékin. À lui seul, il a gagné un tiers des médailles françaises aux Jeux Paralympiques 2022.
La délégation française a quitté Pékin avec 12 médailles, une quatrième place et son meilleur bilan déjà atteint trois fois (1994, 2006 et 2018).
Ce soir, c'est donc la célébration du héros qui aborde toujours le même sourire. "Il est plus efficace que mes jambes, lui au moins il ne me quitte jamais" plaisante Arthur Bauchet. Avant de conclure : "C’est fou comme le sport de haut niveau nous amène à nous dépasser." Il le sait, il a "carrément changé de statut" en Chine et désormais dans les Hautes-Alpes, à Serre-Chevalier.