Face au plan de sobriété énergétique demandé par le gouvernement, la commune de Briançon illuminera partiellement ses remparts. Une décision controversée à la vue du coût des éclairages quasi neufs.
À 1321 mètres d'altitude, dans son écrin de montagnes, celle qu'on surnomme "ville la plus haute d'Europe" avait envie qu'on la voit sous un autre jour. Le maire, Arnaud Murgia en avait fait la promesse, aussitôt exécutée après son élection : la cité Vauban sera illuminée de mille feux.
L'enceinte fortifiée, classée au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco, a donc vu ses remparts éclairés au printemps 2021, après un investissement de la ville de 165.000 euros voté quelques mois plus tôt, le 1er octobre 2020. Le but : renforcer son attractivité.
Un habit de lumière trop gourmand face à la hausse du prix de l'énergie
Une pénurie énergétique plane sur les Français cet hiver en raison des difficultés d'approvisionnement. La guerre en Ukraine a entrainé l'augmentation du prix du CO2, la Russie coupant totalement le gaz. Or, les producteurs d'énergie comme les centrales doivent acheter des droits d'émission en carbone. Plus ils sont élevés, plus l'électricité fournie sera chère.
L'augmentation du prix du CO2 est passé en un an de 55 euros la tonne à 85 euros.
Ce qui a des conséquences directes sur le prix de l'électricité.
De 50 euros/MWh en début d'année 2021, le prix de gros est passé à 222 euros/MWh en décembre 2021, atteignant même 700 euros au cours de l'été 2022, selon le site du gouvernement.
Les illuminations font donc désormais courir un risque économique à Briançon et la municipale a décidé d'y renoncer. Elles qui lui ont pourtant coûté 165.000 euros.
On a un hiver difficile à passer, les collectivités locales doivent être exemplaires de la même manière que l'Etat et son plan de sobriété
Arnaud Murgia, maire (LR) de Briançon
"Il n'y a pas de gaspillage d'argent public car tout le monde fait des efforts. Je ne suis pas en train de sacrifier quoi que ce soit. Je ne vais pas éteindre l'éclairage dans toute la ville, pour des questions de sécurité, mais uniquement sur les monuments symboliques pour montrer l'exemple" poursuit le maire (LR) au micro de Mariella Coste et Loïc Hebbache, journalistes à France 3.
Dans cette course aux économies d'énergie, pas question cependant de toucher aux chauffages des écoles. "On aura deux mètres de neige dehors, je ne veux pas que les enfants aient froid" explique l'édile (LR) qui souhaite que la ville prenne toute sa part au plan de sobriété énergétique du gouvernement. Ce dernier promet ainsi d'atteindre un objectif de 10% d'économie d'énergie.
Comment ? Moins chauffer les bâtiments publics, en rénover certains, éteindre à minuit les six hameaux qui entourent Briançon et n'éclairer les remparts de la cité Vauban qu'en haute saison touristique. Autrement dit, faire des priorités.
L'opposition monte au créneau
"Il faut que le président parle de sobriété pour que le maire agisse" s'indigne Aurélie Poyau, conseillère municipale du groupe d'opposition Briançon citoyenne.
Lors de la délibération, ces derniers avaient voté contre le projet d'éclairage : "Pour nous, c'était un retour en arrière. D'investir cette somme pour illuminer les remparts était une aberration. C'est un maire qui, malgré sa jeunesse, est assez old school. Sa vision en matière d'écologie et d'urbanisme date des années 80" critique l'élue, précisant que l'arrêt seul de l'éclairage de la cité Vauban ne suffira pas à faire baisser la facture d'énergie de 10%.
"On a toujours été écologistes en montagne. Beaucoup d'habitants se chauffent au granulé ou au bois et on a beaucoup de panneaux photovoltaïques car on sait qu'en altitude, ça marche mieux. Et surtout, nous sommes un territoire qui auto-produit 50% de son énergie grâce à une société privée d'électricité implantée dans la ville. C'est inédit en France et ça nous encourage à innover", rétorque le maire.