Changement d'heure : une idée lancée par un député des Basses-Alpes

Un Parisien qui n'a pas son bac devient député dans les Basses-Alpes (aujourd'hui Alpes de Haute-Provence.) L'histoire commence bien... En 1916, André Honnorat propose d'instaurer l'heure d'été. En 1917, la loi est votée. Tour de force d'un atypique.

Changer le temps, mode d'emploi. Il suffit de choisir une nuit et de lui enlever une heure. 24 heures moins 1 = 23 heures pour une journée. Qu'à cela ne tienne ! Le député André Honnorat, élu dans les Basses-Alpes (rebaptisées ensuite Alpes de Haute-Provence) parvient à convaincre ses congénères. Et voilà pourquoi vous êtes tout fatigués ce dimanche matin.

Une idée peu populaire

Vous trouvez vos contemporains peu courtois ? Certains de nos aïeux usaient d'un vocabulaire fleuri lorsqu’ils s’adressaient à André Honnorat. "Sale cochon", "député de merde", "on te crèvera la panse", "si seulement on était en Russie, on pourrait te faire ton affaire"... Oh ! Tant de haine pour 60 minutes de soleil en plus.

Et oui, car en 1916, André Honnorat présente son idée : une heure de lumière naturelle supplémentaire. Parisien devenu député des "Basses-Alpes", l’homme est féru d’hygiène. Il veut offrir à ses concitoyens une fin de journée lumineuse pour faire du sport, se détendre et profiter de sa famille. L’initiative est plutôt moderne en fait.

Qui sait ? Il avait peut-être songé aux RTT sans oser le dire, las de se faire injurier.

La Première Guerre Mondiale est un gouffre en électricité, gaz et pétrole. Trop d'énergie dépensée, l’heure d’été convainc finalement les députés. Le 19 mars 1917, le temps est dompté à l’Assemblée nationale. La loi sur le changement d’heure est adoptée.

Tout ça à cause d’un Américain

L’idée n’est pas française. Elle est née dans l'esprit de l’Américain Benjamin Franklin, en 1784. Il ne remporta aucun succès avec cette fantaisie, excepté auprès des Australiens, qui aiment bien faire les choses comme s'ils vivaient à l’autre bout du monde.

Mais qui est André Honnorat ?

Député sans avoir eu son bac, l'homme se démarque ainsi des autres politiques. Sa famille n’ayant plus les moyens de payer ses études, il devient journaliste, comme sa mère. Et puis grimpe rapidement les échelons. La preuve, il a un timbre à son effigie.

En 1907, il est élu conseiller général du canton de Lauzet, dans les Basses-Alpes et le demeurera jusqu'à sa mort, en 1950. En 1910, il est élu député des Basses-Alpes sur les listes de la Gauche radicale démocratique. Il est sénateur des Basses-Alpes de 1921 à 1945. En 1920, il est nommé ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. 

Autodidacte et atypique, il est connu pour avoir fondé la Cité internationale universitaire à Paris.

Dans les Alpes de Haute-Provence, son nom est posé sur des monuments, des établissements scolaires ou encore des rues. Un nom familier à l'oreille des habitants, qui ignorent souvent qui est cet homme.