Avec Ma France 2022, vous êtes nombreux à nous interroger sur les circuits courts et l'environnement. Comment soutenir une agriculture locale, plutôt que des filières industrielles ? Un défi qui se pose chaque jour dans les Hautes-Alpes, territoire agricole que nous avons choisi d'explorer pour répondre à vos questions.
Avec 25 habitants au kilomètre carré, le département des Hautes-Alpes est l'un des moins dense de France. Entre chaîne des Alpes et vallée de la Durance, l'agriculture a toujours été un pilier majeur de l'économie locale.
Même si le tourisme occupe aujourd'hui la première marche des activités économiques du département, 8% des actifs travaillent encore dans l'agriculture, bien au-delà de la moyenne nationale.
Historiquement, les montagnes sont des lieux d'estive pour l'élevage. Aujourd'hui plus de 800 exploitations élèvent pour leur viande ovins, bovins, caprins, porcs.
En plaine, l'arboriculture est le secteur roi. La production fruitière, majoritairement pommes et poires, représente 40% des produits agricoles des Hautes-Alpes.
Si le secteur a connu une crise de rentabilité, comme ailleurs en France, plusieurs signes sont aujourd'hui encourageants.
Tout d'abord, il y a des candidats à la reprise. Alors que 100.000 exploitations françaises ont disparu en dix ans, dans les Hautes-Alpes, leur nombre est stable.
Chaque départ à la retraite est aujourd'hui compensé par une nouvelle installation. Avec près de 141.000 habitants le département compte 1.860 exploitations agricoles.
Ce qui rend le secteur attractif, c'est notamment le regain d'intérêt pour les productions locales. Conseillère valorisation à la Chambre d'Agriculture des Hautes-Alpes, Amandine Long note "une grosse croissance des circuits courts".
Parmi les nouveaux adhérents de la Chambre, les trois quarts disent cibler une vente locale.
En 1991, une marque a notamment été créée pour mettre en valeur ces produits locaux, et surtout leur permettre d'être vendus avec de meilleures marges pour les producteurs.
Aujourd'hui, 97 producteurs et restaurateurs sont ainsi estampillés "Hautes-Alpes Naturellement".
"Avec les drive et la vente digitale, de nombreuses initiatives ont vu le jour pendant le confinement, et elles perdurent", note Amandine Long.
Pour améliorer ses marges, l'agriculture haut-alpine a aussi du monter en qualité. Moins de pesticides d'abord: 38,8% de la superficie agricole utile est aujourd'hui en agriculture biologique.
Les producteurs tentent également de faire reconnaître leurs spécificités. Le département compte trois IGP: "Pomme des Alpes de Haute-Durance", "Agneau des Alpes du Sud" et "IGP Hautes-Alpes" pour le vin.
Deux demandes d'AOP sont en cours pour les formages Bleu du Queyras et Tomme du Champsaur.
Un territoire qui attire
Malgré des conditions de vie parfois rudes en altitude, le territoire haut-alpin reste attractif. La population n'a cessé de croître depuis 50 ans, et la crise sanitaire donne un nouvel attrait à la ruralité.
Seulement c'est souvent à la retraite que l'on vient s'installer dans les Hautes-Alpes, et la population vieillit. Les jeunes actifs restent une denrée rare, beaucoup d'entreprises peinent à recruter.
À tel point qu'une plateforme internet a été mise en place par Pôle Emploi et l'Agence de Développement des Hautes-Alpes pour faciliter le recrutement en altitude.
2.400 postes seraient à pourvoir. Le département n'est pas le plus riche, 24.153 euros de revenu annuel moyen, contre 27.637 euros pour les Français.
Côté politique, les électeurs haut-alpins avaient voté en majorité pour Emmanuel Macron au deuxième tour de la présidentielle de 2017, avec 64% des suffrages contre 36% pour Marine Le Pen.
Au premier tour, le département s’était illustré par le bon score de l’insoumis Jean-Luc Mélenchon qui n’était arrivé qu’à 150 voix du candidat En Marche, avec 21,62%. Marine Le Pen était juste derrière à 21,25%.