Migrants : des élus épaulent des associations lors de maraudes à Montgenèvre

Depuis le vendredi 29 janvier, des élus de gauche du Parlement européen et du Sénat se relaient auprès des bénévoles pour effectuer des maraudes solidaires à Montgenèvre. Ils alertent sur une situation critique à la frontière franco-italienne.

 

"Depuis plusieurs semaines, la situation à Montgenèvre est de plus en plus tendue", s'inquètent ces parlementaires. Située à 1800 mètres d’altitude, à quelques kilomètres de Briançon, cette commune des Hautes-Alpes est le point de passage des migrants en France depuis près de cinq ans.

Depuis l'ouverture du Refuge solidaire de Briançon en 2017, 11.500 personnes y ont été accueillies. On y propose notamment un hébergement d'urgence et de premiers soins.

Or, "depuis le 16 novembre dernier, les effectifs de la Police de l’air et des frontières (PAF) ont été renforcés", constate Guillaume Gontard, sénateur de l'Isère, et avec eux le nombre de contrôles entre la France et l'Italie.

Les conséquences, selon lui, sont une "multiplication des atteintes aux droits humains, le refoulements des exilés et, depuis quelques semaines, des pressions policières et judiciaires sur les bénévoles".

Des contrôles renforcés

Une première visite des élus a eu lieu le 11 décembre dernier à Montgenèvre.

"Le constat est tel que les élus ont décidé de venir en renfort des associations qui oeuvrent depuis des années dans cette zone, comme "Tous Migrants" et "Médecins du Monde"", explique Guillaume Gontard, élu écologiste.

Les élus, principalement des eurodéputés et des sénateurs écologistes, de la France Insoumise et du PCF, se relayent suivant leurs disponibilités pour épauler les associations. "L'idée est de pouvoir constater, observer et le cas échéant dénoncer les manquements au droit", ajoute le sénateur de l'Isère. 

"Ces maraudes sont effectuées avec des attestations sur l'honneur qui donnent lieu à des rapports et probablement des suites judiciaires", précisent les élus. 

Alerte auprès d'Emmanuel Macron

Un courrier a été envoyé au Président de la République pour alerter sur le durcissement des contrôles envers les maraudeurs.

"Dans la nuit du lundi 1er février, pas moins de douze amendes ont ainsi été délivrées aux maraudeurs pour non-respect du couvre-feu, alors qu’ils disposaient des attestations nécessaires en bonne et due forme" souligne ce courrier.

Soupçonnés d'avoir aidé des migrants à passer la frontière, deux maraudeurs âgés de 28 et 31 ans, seront jugés le 22 avril à Gap. L'aide à l'entrée d'un étranger en situation irrégulière reste passible de cinq ans de prison et de 30.000 euros d'amende.

Guillaume Gontard et Gwendoline Delbos-Corfield, députée écologiste européenne, se rendront une nouvelle fois à la frontière franco-italienne ce week-end des 19 et 20 février, afin de soutenir les bénévoles sur place et de rencontrer les acteurs locaux et italiens.

Ces dernières semaines, un femme enceinte a passé la frontière et a failli accoucher dans la neige. Un jeune homme s'est aussi retrouvé hospitalisé avec la perte de plusieurs doigts à cause de gelures. La question se pose au sujet l'assistance médicale, car pour le moment les situations dramatiques sont évitées. Mais pour combien de temps ?"  s'interrogent les élus dans ce courrier. 

Par ces actions solidaires, ils entendent "dénoncer quelque part l'absurdité et l'inefficacité de la politique migratoire Française (...) en moyenne, ce sont près de 30 personnes qui sont arrêtées par jour et renvoyées en Italie", au terme d'un périple depuis les Balkans ou encore l'Iran.  

"C'est absurde de dire et de croire que c'est l'italie qui doit assurer la prise en charge des personnes exilées", poursuit Guillaume Gontard. La situation devenant de plus en plus ingérable selon eux, les élus ont prévu de traverser la frontière pour échanger avec les associations italiennes.

L'an dernier, 78 passeurs ont été interpellés dans les Hautes-Alpes, contre 30 en 2019, 31 en 2018, 34 en 2017 et 6 en 2016.

Depuis la loi asile et immigration de 2018, l'aide à la circulation n'est plus un délit si cette aide est réalisée dans un but exclusivement humanitaire, comme c'était déjà le cas pour l'aide au séjour depuis 2012.

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