LGV: la ligne Marseille-Nice remise en cause
La construction de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Marseille-Nice remise en cause par le gouvernement pour cause de rigueur budgétaire.
La remise en cause par le gouvernement de futures lignes à grande vitesse, pour cause de rigueur budgétaire, inquiète certains élus régionaux mais conforte les anti-LGV qui avancent depuis longtemps des arguments économiques et environnementaux.
"Nous sommes conscients que les finances publiques sont contraintes, mais la 4e ville de France ne peut pas être tenue à l'écart du réseau européen de la grande vitesse", a déclaré le maire socialiste de Toulouse, Pierre Cohen réagissant aux propos tenus par le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac.
Ce dernier, aussi député du Lot-et-Garonne, a prévenu mercredi sur France 2 que "le gouvernement n'aura pas d'autre choix que d'abandonner certains projets". "Il faudra élaguer", a-t-il précisé.
"On peut se demander si prolonger telle ou telle ligne TGV pour un gain de temps marginal est préférable à l'entretien du réseau secondaire de transport ferroviaire, indispensable car utilisé par beaucoup", a ensuite ajouté le ministre, en reprenant les conclusions de la cour des comptes.
Or, le Grenelle de l'environnement, qui vise à favoriser le rail sur la route, a prévu la construction de 14 LGV supplémentaires (2.000 km), d'ici à 2020. 2.500 km sont également à l'étude pour le plus long terme.
Seules quatre nouvelles lignes sont aujourd'hui financées et assurées d'être réalisées : la phase 2 du TGV-Est entre Metz et Strasbourg, Le Mans-Rennes, Tours-Bordeaux et le contournement Nîmes-Montpellier.
L'incertitude plane notamment sur les deux prolongements au-delà de Bordeaux (vers Toulouse et Hendaye), la ligne Paris-Orléans-Clermont-Lyon (POCL), Marseille-Nice ou Lyon-Turin. Dans le Pays Basque, des élus ont demandé l'arrêt des études de la nouvelle ligne vers l'Espagne qu'il juge injustifiée.
Mettre de l'ordre
Dans son récent rapport sur l'état des finances publiques, la Cour des comptes relève que le volet "Transports" dans le Schéma national des infrastructures de transports (Snit) "aurait un coût total estimé à 260 milliards d'euros, dont les deux tiers consacrés au ferroviaire.
L'institution s'interroge notamment sur la création de nouvelles LGV "qui ne sont pas budgétairement soutenables et dont, ni la rentabilité financière, ni la rentabilité socio-économique, ni l'intérêt environnemental ne sont établis".
Faisant écho au ministre du Budget, elle rappelle qu'il est "nécessaire d'accorder la priorité à la modernisation et à l'entretien du réseau ferroviaire existant".
Le nouveau ministre délégué aux Transports, Frédéric Cuvillier, a affirmé vouloir "mettre de l'ordre dans le Snit". Ce sera la tâche d'une commission prochainement désignée et chargée de "hiérarchiser les projets, de définir un mode d'emploi ainsi que sa faisabilité financière", a-t-il annoncé.
"Sans avoir les financements, il est aberrant de parler d'un projet de huit milliards entre Toulouse et Bordeaux pour seulement une élite qui se déplace de métropole en métropole", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la coordination anti-LGV dans le Lot-et-Garonne, Charles d'Huyvetter.
"Mais différer pour longtemps certaines LGV impose que l'on prenne en compte les personnes qui se trouvent sur les tracés et dont les biens seront dévalorisés, parfois impossible à vendre", prévient le député socialiste de Gironde, Gilles Savary, spécialiste des questions de transports. "Il faut être durable et responsable",
conclut-il.