Prothèses PIP : Le gel au coeur des questions

Elles contiendraient un mélange de produits commandés à de grands groupes de chimie industrielle

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Prothèses PIP : Le gel au coeur des questions

Des révélations sur le gel des prothèses mammaires PIP, qui aurait contenu un addifif pour carburants, alimentent la psychose sur les implants défectueux, tandis que des avocats de victimes réclamaient de nouvelles analyses à l'Afssaps

Des révélations sur le gel des prothèses mammaires PIP, qui aurait contenu un addifif pour carburants, alimentent la psychose sur les implants défectueux, tandis que des avocats de victimes réclamaient de nouvelles analyses à l'Afssaps.

Selon la radio RTL, les prothèses de l'entreprise varoise Poly Implant Prothèse (PIP) contenaient un mélange de produits commandés à de grands groupes de chimie industrielle, sans que leur éventuelle nocivité sur l'organisme ait fait l'objet de tests cliniques.

Parmi eux, un additif pour carburants, le Baysilone, ainsi que le Silopren et le Rhodorsil, utilisés dans l'industrie du caoutchouc.
Contactée par l'AFP, l'Agence des produits de santé (Afssaps) n'a pas fait de commentaires dans l'immédiat.
L'avocat de Jean-Claude Mas, le fondateur de PIP, a démenti la présence de composants industriels.
 Ces révélations "n'ont pas de sens", a-t-il dit à l'AFP. "Il s'agit de produits alimentaires, utilisés dans la composition des produits de beauté, achetés auprès de Rhône-Poulenc et de ses concurrents".
"D'après l'Afssaps, on savait qu'il s'agissait d'un gel impropre, utilisé dans l'alimentaire et l'informatique", a indiqué de son côté le médecin-conseil d'une association de porteuses d'implants PIP, Dominique-Michel Courtois.
"On ne pouvait pas penser que le gel ait pu contenir un additif pour carburants. C'est pourquoi on réclame des analyses de prothèses directement prélevées sur les patientes", a ajouté l'un des avocats des plaignantes, Me Philippe Courtois.
Des analyses à l'étranger sont aussi nécessaires selon lui, après la révélation d'un taux de rupture des prothèses plus élevé outre-Manche.

Les analyses de l'Afssaps, effectuées sur des prothèses saisies lors d'une perquisition dans les locaux de PIP en mars 2010, ont mis en évidence un gel non conforme, au pouvoir irritant mais non géno-toxique (sans altération de l'ADN des cellules), avec un risque élevé de rupture des enveloppes et de suintement du gel.
Des échanges de courriels et des rapports émis au sein de la société, consultés par l'AFP, indiquent que le problème était connu depuis longtemps.
"Encore une ! Nouvelle rupture d'enveloppe gel implantée en 2003 (...) Toujours pas d'explications ?", "Comment se fait-il qu'en ouvrant une boîte le chirurgien constate un trou, donc une fuite de gel ?", "Si un problème d'enveloppe éclatait, je vous laisse deviner la suite", rapportent des commerciaux en 2005 et 2006.
"Le chiffre d'affaires est plus important que la constitution des enveloppes", leur rétorque alors une responsable du marketing.
La justice soupçonne les dirigeants varois, en proie à des difficultés financières, d'avoir fait des économies sur la fabrication. Denis Boucq, chirurgien niçois qui a utilisé des prothèses PIP sur 240 patientes, a expliqué à l'AFP avoir cessé d'en poser en 2008 "parce que la société ne suivait pas les innovations techniques".

Selon un ancien de PIP, l'enveloppe des prothèses avait aussi été modifiée pour n'utiliser qu'un seul composant, au risque d'accroître le taux de déchirure.
Reste à savoir comment l'entreprise a pu contourner les contrôles.
"D'après ce que nous a dit un employé, le gel pour lequel PIP avait reçu une autorisation était stocké dans des cuves pour les contrôles, tandis qu'un autre, moins cher, lui était substitué dans la fabrication", avait expliqué un avocat à l'AFP en juin 2010.
"On ne connaît pas encore la composition de ce gel et on peut se poser des questions sur sa nocivité", avait-il ajouté.

Une vingtaine de cas de cancers ont depuis été signalés par l'Afssaps chez des porteuses d'implants PIP, sans qu'un lien de causalité soit établi, et le gouvernement a recommandé leur retrait à 30.000 femmes en France.

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